Togo: Les étudiants de l’IFORDD outillés sur la notion de “travail”

luzdelsol668
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(Société Civile Média) – Permettre à ses étudiants de cerner un certain nombre de notions par le biais de rencontres d’échanges périodiques, tel est l’objectif de l’Institut de Formation et de Recherche pour le Développement Durable (IFORDD). Cet établissement, basé à Lomé, a organisé ce jeudi 14 décembre à l’intention de ses apprenants une conférence-débat sur l’importance du travail dans nos sociétés. Animé par Cyriaque Kodjo Noussouglo, professeur de philosophie, directeur de la culture Région Maritime et expert en diversité culturelle, la rencontre avait pour thème « le travail libère l’homme ». Elle a permis aux étudiants de l’IFORDD d’avoir une idée de la notion de travail et de cerner ses différents aspects. Qu’est-ce que le travail ? Quelle est son importance réelle dans la vie de l’homme ? Libère-t-il vraiment l’homme comme on le pense généralement ? Voilà quelques uns des points abordés par le principal communicateur dans sa présentation.

Parti de la définition du travail qui, selon lui, désigne étymologiquement l’effort physique ou intellectuel accompli pour faire quelque chose ou obtenir un résultat recherché, le conférencier fera comprendre que le travail renvoyait, à l’origine, à l’idée de souffrance et de douleur. Et d’aborder les différentes conceptions du travail à savoir la conception judéo-chrétienne, la conception grecque et la conception latine.

D’après M. Noussouglo, la conception judéo-chrétienne ne considère pas le travail comme un fardeau ou une peine, mais plutôt comme un mandat de Dieu pour l’homme et un moyen qui lui permettra de s’en sortir. « C’est dans la bible qu’il est écrit que nous devons manger à la sueur de notre front. Et c’est la même bible qui dit que celui qui ne travaille pas ne doit pas manger non plus. La preuve que dans le christianisme, on encourage les gens à travailler », explique le conférencier qui ajoute que contrairement à ce courant, la conception grecque, elle, considère le travail comme une souffrance.

« Chez les Grecs, ce sont les esclaves qui travaillaient. Ce sont eux qu’on retrouvait dans les champs et partout où il y a des choses à faire. Les autres citoyens, qui sont les citoyens libres, ne faisaient rien et ne touchaient à rien », a-t-il fait comprendre. Une conception pas très éloignée de celle des latins dont la notion de travail renvoie à la peine.

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Le Travail comme facteur de Libération 

L’un des problèmes auxquels la jeunesse africaine est confrontée de nos jours est celui du chômage. Aussi bien au Togo que dans d’autres pays africains, trouver un emploi après ses études devient de plus en plus difficile. Et lorsqu’on y parvient, on ne peut qu’être soulagé. La preuve que le travail est donc devenu indispensable à l’homme parce qu’il lui permet de survivre et d’assurer son confort. Aujourd’hui, l’obtention d’un emploi rémunéré est une condition fondamentale d’indépendance et d’autonomie des individus, puisqu’il garantit la possibilité de satisfaire par soi-même ses besoins fondamentaux et donc de se libérer de la dépendance vis-à-vis des autres. Une libération abordée par Kodjo Noussouglo dans son exposé. A en croire le professeur de philosophie, on ne devient véritablement indépendant qu’à partir du moment où on commence à gagner sa vie. « N’être à la charge de personne, telle doit être notre devise. Et on ne peut cesser d’être à la charge des autres qu’à partir du moment où on commence à travailler, à percevoir un salaire pouvant nous permettre de ne plus tendre la main aux autres », fera-t-il observer, avant d’évoquer la dialectique du maître et de l’esclave.

« L’histoire du maître et de son esclave illustre parfaitement la façon dont on peut obtenir sa libération par le travail. Il s’agit d’un maître qui laissait son esclave tout faire, absolument tout, et qui finira par ne rien savoir faire du tout. Il est devenu si dépendant de son esclave qu’il ne peut rien faire sans lui. L’esclave a donc profité de cette occasion pour obtenir sa libération. Et cette libération, il l’a obtenu grâce à son travail, à tous les efforts déployés », explique  le conférencier qui fera comprendre que c’est grâce au travail que l’homme a pu dominer la nature qui, au début, lui était hostile. Il en est finalement devenu le maître absolu.

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Problème de l’aliénation du travail

S’il est vrai que le travail libère l’homme, il n’en demeure pas moins que tout travail n’est pas susceptible de jouer ce rôle libérateur. C’est le cas par exemple, explique le conférencier, de ceux qui arrivent difficilement à joindre les deux bouts en dépit du fait qu’ils soient employés et gagnent un salaire à la fin du mois   « Lorsque malgré le fait que vous ayez un emploi, vous ne pouvez pas vous réaliser et réaliser vos ambitions, votre travail devient une aliénation », explique Kodjo Noussouglo.

Mais il n’y a pas que quand on gagne peu que le travaille devient une activité aliénante. C’est aussi le cas quand on n’est pas épanoui à son lieu de travail en dépit d’un très bon salaire. « Je connais quelqu’un qui gagnait plus de 500 000 Fcfa  dans une entreprise mais qui travaillait sous un stress permanent. Il n’était donc pas content de cette situation et a préféré quitter cet emploi pour un autre rémunéré à 200 000 Fcfa mais qui était plus susceptible de lui apporter la joie et l’épanouissement », raconte le directeur de la culture région Maritime tout en faisant comprendre qu’il existe plusieurs autres formes d’aliénation du travail.

Malgré tout, Cyriaque Kodjo Noussouglo estime que tout le monde est appelé à travailler. Et d’adresser un message particulier aux étudiants de l’IFORDD. « Les jeunes, vous ne devez pas attendre l’Etat une fois vos diplômes en main. Réfléchissez et battez-vous à développer vos compétences afin de vous en sortir autrement. Il n’y a que comme cela que vous réussirez », leur a-t-il lancé.

Situé au quartier Novissi à Lomé,  l’Institut de Formation et de Recherche pour le Développement Durable forme en Droit public, Droit privé, administration et gestion fiscales, administration économique et sociale, finance, économie et gestion, décentralisation et gouvernance locale, pour ne citer que ces filières.