(Société Civile Médias) – Auparavant très peu prisé pour un certain nombre de raisons, le journalisme d’investigation se fait désormais une place dans le monde médiatique togolais et enregistre des distinctions à l’international. La dynamique est portée entre autres par Togo Reporting Post (TRP), un regroupement de journalistes qui encourage ce genre journalistique et qui a récemment organisé, avec le soutien de Reporters Sans Frontières (RSF), un atelier à l’intention d’une trentaine de journalistes sur la cybersécurité et la protection physique en journalisme d’investigation.
Présent à cette rencontre qui s’est tenue du 26 au 28 juin dernier à Atakpamé, Arnaud OUEDRAOGO, Coordonnateur de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO), a salué cette dynamique positive.
« Je pense qu’il y a une bonne dynamique en termes de pratique du journalisme d’investigation au Togo », a-t-il indiqué.
Selon M. OUEDRAOGO, même s’il y a encore beaucoup d’efforts à faire comparativement à d’autres pays africains et de la sous-région, les choses semblent bouger en la matière au Togo.
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« Il existe des journalistes d’investigation togolais connus hors du Togo. Cela veut dire qu’il y a une certaine dynamique qui est menée aujourd’hui par l’organisation Togo Reporting Post, qui tente de mobiliser les confrères autour de ce genre journalistes dont le but est de pouvoir révéler les anomalies au sein de la société afin que qui de droit puissent y remédier », ajoute le coordonnateur de la CENOZO.
Formateur lors de l’atelier sur le module “la sécurité physique des journalistes d’investigation : préparation et protection sur le terrain ; stratégies et conseils pratiques”, Arnaud OUEDRAOGO a insisté sur l’importance de la protection des journalistes. Selon lui, protéger les hommes de média, c’est aussi protéger leurs sources, et la protection des sources revient à la préservation de la liberté de la presse.
« C’est pour cela qu’il est très important que les journalistes travaillent dans des conditions sûres, qu’ils puissent collecter et traiter l’information conformément à l’éthique et à la déontologie », a-t-il fait savoir en mettant un accent sur l’importance du professionnalisme qui, d’après lui, ne peut être acquis que lorsque les journalistes se sentent en sécurité.
« C’est ce que nous avons essayé de partager avec les participants à l’atelier durant ces trois jours, à savoir la conscience des dangers auxquels ils peuvent être exposés. Nous leur avons rappelé l’importance de faire leur devoir, à savoir le respect des règles d’éthique et de déontologie, et de respecter la loi et leur avons donné les outils nécessaires pour se prémunir de certains dangers et certaines menaces, afin d’être encore plus professionnels au service de l’opinion publique et de l’intérêt général », a martelé le journaliste burkinabé.
Souvent ciblés en raison de la nature de leurs reportages, les journalistes, notamment ceux passionnés par l’investigation, font l’objet de cyberattaques, cyberespionnage et cyberharcèlement, avec une implication importante sur leur propre sécurité et celle de leurs sources. On estime à au moins 180 le nombre de journalistes ciblés par Pegasus en 2021.
A l’atelier d’Atakpamé, les journalistes invités ont donc été entretenus sur le sujet et ont été outillés pour ne pas être des cibles faciles. Des communications données par Jean-Marc Bourguignon, expert en numérique et formateur de Nothing2Hide et qui portaient sur les bases de la sécurité numérique ; la protection de son surf de ses investigations en ligne ; les réseaux sociaux et la lutte contre le cyberharcèlement ; la protection et la sauvegarde des données ; la communication sécurisée.