Cancer du sein / Bella Attisso : « La période post-traitement est un nouveau chapitre de la vie »

Société Civile Médias
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(Société civile Médias) – Traiter le cancer est très éprouvant. Et si on en guéri, l’après-maladie se révèle parfois plus difficile à vivre que la période des traitements. Survivante du cancer du sein, stade III, Bella Attisso (photo) raconte, dans cette interview, comment elle a géré sa période post-traitement. Une façon pour la fondatrice de l’association “Nutifafa Shelter” (qui apporte un soutien moral et matériel aux patients atteint de cancer) d’encourager celles qui traversent ce moment difficile, en ce mois d’octobre dédié à la lutte contre le cancer du sein. Lecture !

Société Civile Médias : Madame, vous avez été victime, il y a quelques années, du cancer du sein. Un cancer de stade 3. Comment on se sent quand n vous annonce que vous êtes atteint de cette effroyable maladie, surtout à un niveau très avancé ?

Bella Attisso : Comment on se sent ? Quel que soit le type de cancer ou son niveau, le nom de la maladie suffit à lui seul à vous faire peur, puisqu’il n y a vraiment pas de cure et les moyens disponibles pour son traitement coûtent extrêmement chers.

Comment êtes-vous parvenue, psychologiquement, à surmonter le choc d’une telle nouvelle ?

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D’après une étude, le stress chronique favorise le développement des cellules tumorales. Donc une des causes de cette maladie serait le stress. Dans mon cas, je crois que ma famille et mon entourage ont compris cet aspect de la chose et ont été d’un grand soutien pour moi. Ma famille était mon psychologue, elle ne s’est jamais fatiguée de m’encourager et de me donner de l’espoir. L’espoir fait vivre dit-on. De mon coté, je me suis habituée à écouter les musiques chrétiennes (le Gospel, la médiation et la lecture. Mais, c’est par la Grâce de Dieu que je suis comptée parmi les vivants aujourd’hui. Tout ce dont je viens de parler était des choses que Dieu a utilisé pour me faire grâce.

Vous avez suivi 8 séances de chimiothérapie, la chirurgie et cinq semaines de radiothérapie. Racontez-nous brièvement cette amère expérience.

C’était vraiment une expérience très amère comme vous le dites. Mais aujourd’hui, je dirai que ce fut plutôt intéressant, parce que c’est grâce à cette expérience que certaines de nos sœurs ou mamans comprennent aujourd’hui l’importance de l’auto-examen, l’importance de se faire consulter très tôt et de croire que le miracle existe encore tant qu’on y croit. Mes 8 séances de chimiothérapie se sont bien achevées, je dirai même que chaque séance représentait une partie de mon histoire.

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Bella Attisso, lors de ses séances de chimiothérapie


Parlons-de la période post-traitement. Comment se sent-on après tous ces traitements que beaucoup décrivent comme très éprouvantes ?

Entendre les mots « Vous avez le cancer » peut tout changer, mais cela ne devrait pas changer qui nous sommes. Parce que la vie est plus grande que le diagnostic, que la chimio, que les chirurgies et les cicatrices. La vie n’est pas ce que nous avons, elle est ce qu’on en fait et avec qui on le fait. Nous croyons que la vie ne doit pas s’arrêter lorsqu’on a reçu un diagnostic du cancer. Nous croyons que la vie est plus grande que le cancer.

Le cancer n’est pas la seule maladie dont le traitement est éprouvant. Je pense plutôt qu’il est l’une des maladies les plus éprouvantes. Vu que le traitement est souvent étalé sur une longue période, je dirai que c’est éprouvant et le plus souvent sans espoir quand le niveau est avancé.

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Selon une étude, 63 % des patients qui ont souffert d’un cancer estiment l’après-maladie comme « plus difficile à vivre que la période des traitements ». Est-ce vrai ?

Chaque patient traité est un cas, et nous ne pouvons pas généraliser tous les cas traités. Même si la fin du traitement est souvent très attendu par le patient, il faut reconnaître qu’on pourrait encore ressentir des émotions intenses et même contradictoires. On est probablement heureux et soulagé que le traitement soit terminé, mais on peut ressentir après des sentiments comme de la morosité, de la tristesse, de la colère ou le sentiment d’avoir perdu quelque chose. On peut être surpris d’éprouver ce genre d’émotions et de voir à quel point celles-ci sont intenses et peuvent changer rapidement.

D’après une étude de la Société Canadienne du Cancer, ce n’est pas tout le monde qui vit des moments difficiles après le traitement. Mais si c’est le cas, ces émotions intenses s’estompent souvent à mesure que les forces et l’énergie reviennent.

Bella Attisso, ici en activité avec son association “Nutifafa Shelter”


Alors comment faire pour avoir de nouveau cette énergie ?

D’après mon expérience, la période post-traitement est un nouveau chapitre de la vie, un temps d’apprentissage pour se réinsérer et se faire une place dans la société. J’ai donc commencé à me fixer des objectifs à atteindre . Par exemple, j’ai repris les cours, les études supérieures pour ma certification en comptabilité quelques semaines après ma chirurgie, car c’est une opportunité que je ne voulais pas manquer de saisir. J’estimais qu’elle pourrait m’aider à tourner la page. Cette même année, j’ai eu la chance d’être certifiée conférencier par IAP Career Canada. La nature a horreur du vide, dit-on. Rester sans aucune occupation peut-être aussi une source de stress.

Par ailleurs, je fais l’effort d’avoir un bon régime alimentaire, vu que la science a démontré que notre alimentation est aussi une des causes de ce mal. La médecine encourage donc une alimentation saine.


Personnellement, vous sentez-vous en pleine forme aujourd’hui ? Plus aucun signe de la maladie ?

Je me porte bien par la grâce de Dieu. Je peux faire mes activités journalières, conduire, prendre soin de moi. Je joue correctement mes rôles de mère et épouse. Sauf que je continue mes suivis médicaux et tout va bien. Et tout ira toujours bien pour la gloire de Jésus Christ.

En ce mois d’octobre rose, consacré à la lutte contre le cancer du sein, quels conseils avez-vous à l’endroit de toutes ces femmes qui souffrent de la maladie, notamment du cancer de sein.

Les conseils aux femmes qui souffrent de ce mal peuvent être différents selon l’experience de chacune. Les encourager, c’est bien, les soutenir, c’est encore mieux. Mais savez-vous quoi ? Il y a un verset biblique qui dit que “si l’Eternel ne garde pas la ville, celui qui fait la garde fait le guet en vain”. Je voudrais donc encourager toutes les femmes à associer Dieu à leur traitement. Les médecins font ce qu’ils peuvent , la famille aussi, mais le dernier mot appartient à Dieu.

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Pour celles qui croient en Dieu et en Jésus-Christ, je voudrais les encourager à être smart avec le diable. Pourquoi ? Parce que nous savons tous que la guerre entre Dieu et le Diable est une guerre d’âmes. Et si on est atteint d’une maladie plus ou moins incurable, il n’y a que deux options : celle de rejoindre Dieu ou celle de survivre. Souffrir d’un mal n’est pas un souhait , non ! Même à son pire ennemi, on ne peut le souhaiter. Mais on peut toujours voir le bon côté de la situation et la comprendre comme une opportunité de se repentir, réparer les torts commis et se remettre à Dieu, vu que grâce à la science, on peut probablement savoir si l’on s’en sortira ou pas. Imaginez ceux qui finissent leur vie dans des crash d’avion ou des accidents de circulation et qui n’ont même pas eu la chance de se préparer. Cette analyse peut sembler difficile à accepter ou à comprendre, mais c’est mon point de vue.

Je pense aussi à ses femmes qui ne sont pas atteintes de la maladie. Je suis très contente pour elles, mais je les encourage à s’auto-examiner de temps en temps et à se faire dépister. Je vous remercie.