(Société Civile Média) – Après s’être penché sur le management des prisons dans sa précédente sortie, Bruno Haden, dans sa nouvelle chronique des droits humains, a choisi d’aborder le cas particulier des prisons togolaises. Quelle est la situation actuelle des prisons du pays et qu’est-ce qui s’y passe réellement ? Notre consultant répond à ces interrogations dans les lignes à suivre. Rappelons que Bruno Haden est le secrétaire général de la branche togolaise de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-Togo). Lecture !
LE TOGO FACE A SES 13 PRISONS
A quoi ressemblent les 13 prisons togolaises aujourd’hui ? Quels moyens existent-ils pour réinsérer et préparer la sortie des personnes détenues ? Les détenus ont-ils le droit de voter ?
D’abord, est-il vrai que les prisons du Togo ne disposent pas de règlement intérieur ? Qu’en est-il du budget alloué à l’administration pénitentiaire ?
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Il s’agit de questionner les droits fondamentaux des personnes détenues dans les prisons togolaises, le régime de détention, l’alimentation, la santé, la sécurité, l’inspection et le contrôle desdites prisons.
Le Togo compte actuellement plus de 4 500 détenus répartis dans les 13 prisons civiles et la Brigade pour Mineurs basée à Lomé. A la date du 02 mai 2017, les statistiques donnaient 33,34% de condamnés contre 66,65% de détenus en attente de jugement. La plupart des prisons togolaises ne sont pas clôturées et surpeuplées.
En ce qui concerne la surpopulation carcérale, le Togo doit donner priorité aux mesures alternatives à l’emprisonnement et aux services pénitentiaires de réinsertion.
Les bâtiments abritant les prisons du Togo datent pour la plupart de la période coloniale et sont dans un état de délabrement avancé. L’inadaptabilité des fosses septiques et puisards pose la problématique d’assainissement desdites prisons.
Au titre de l’alimentation, la règle 22 des Règles Nelson Mandela stipule : « 1. Tout détenu doit recevoir de l’administration pénitentiaire aux heures habituelles une alimentation de bonne qualité, bien préparée et servie, ayant une valeur nutritive suffisant au maintien de sa santé et de ses forces. 2. Chaque détenu doit pouvoir disposer d’eau potable lorsqu’il en a besoin. ».
La ration alimentaire est de un repas par jour. Les détenus des 13 prisons déplorent la quantité et la qualité des repas servis.
Au titre de la santé, la surpopulation carcérale en elle-même est source de plusieurs maladies. L’hygiène est mise à rude épreuve. Le manque de produits pharmaceutiques pour la prise en charge des détenus malades sont parmi les points à améliorer.
Les détenus ont-ils le droit de voter ?
Le détenu ou le prisonnier ne perd qu’un seul droit : la liberté d’aller et de venir. Que ce soit l’ancien code pénal et le nouveau code pénal en son article 80 dispose : « Le juge peut à titre de peine complémentaire, prononcer contre l’auteur du délit l’interdiction temporaire de l’exercice de certains de ses droits civils, civiques ou professionnels. Sauf dispositions particulières, cette interdiction ne peut excéder cinq(05) ans à compter du jour où la peine est devenue exécutoire. ».
La peine complémentaire peut porter sur le droit de voter dans les scrutins politiques. Tant que le juge n’a pas prononcé cette peine, les détenus ont le droit de voter.
Pourquoi alors aucun parti politique n’a jamais réclamé jusqu’à ce jour le droit de vote des détenus ? Est-ce un oubli ? Est-ce une négligence ?
L’embellissement de l’image du Togo dans son propre miroir et dans le rétroviseur des défenseurs des droits de l’homme passe par le développement du budget réinsertion de l’administration pénitentiaire, l’engagement de travaux urgents contre l’insalubrité de cadre de vie, la dégradation des sanitaires et l’application des Règles Nelson Mandela.
Par Bruno Germain HADEN
Consultant en surveillance, documentation et rapportage des violations des droits de l’homme