(Société Civile Média) – Comment aider et amener les communes du Togo à consacrer 5% de leurs budgets à la planification familiale telle qu’elles se sont engagées à le faire ? Voilà l’objectif du Réseau des champions en plaidoyer pour le financement adéquat de la santé (RCPFAS) qui forme depuis ce lundi une quarantaine d’acteurs des communes en technique de plaidoyer AFP SMART pour mobiliser les ressources en faveur de la planification familiale. Dans cette interview accordée à l’Agence Société Civile Média, le Docteur Kossi Ahadji, spécialiste en santé de la reproduction et consultant/formateur auprès du RCPFAS, nous explique les objectifs de cette rencontre. Il en profite pour donner la situation générale de la planification familiale au Togo. Lecture !
Qu’est-ce qui explique l’organisation de cet atelier ?
Aujourd’hui, la population togolaise est de plus de 7 millions d’habitants, et constat est fait que le taux de fécondité et l’indice synthétique de fécondité sont très élevés. Ainsi donc, les femmes ont grand besoin de planification familiale mais n’ont malheureusement pas accès à ce service. Ce qui leur cause des dommages et augmente les décès chez nos mamans. Les enfants sont également touchés. Depuis un certains temps, le Togo développe le Programme de santé de la reproduction. Mais les ressources nécessaires qu’il faut consacrer à ce programme pour rendre les services disponibles au niveau de la population ne sont pas investies. Voilà qui explique l’organisation de cette rencontre.
Pourquoi avoir ciblé les communes ?
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Nous avons ciblé les communes pour cet atelier parce qu’elles sont des entités territoriales qui sont appelées à répondre aux besoins des populations sur plusieurs plans dont la santé de la reproduction. La stratégie que nous développons aujourd’hui constitue ce qu’on appelle la mobilisation des ressources locales, puisque depuis longtemps le programme de santé de la reproduction, particulièrement la planification familiale est financée par des partenaires. Et même si l’Etat fait des efforts que nous reconnaissons tous, force est de constater qu’il y a une dépendance de l’extérieur en matière de financement. Mais à l’heure actuelle, il y a un tarissement des ressources au niveau international et donc au niveau des partenaires qui sont en train de se retirer en développant ce qu’on appelle le protectionnisme. Il y a donc de moins en moins de ressources extérieures pour financer les programmes nationaux. Il appartient à nos gouvernements de prendre la situation en main. Et quand on parle de gouvernement, on ne parle pas que de nos autorités. On parle aussi des entités que nous constituons et les communes y font partie. Et comme les communes sont plus proches des populations, nous avons donc décidé de les impliquer dans la mobilisation des ressources locales pour le financement de la planification familiale.
De quoi est-ce qu’il s’agira exactement et sur quelle thématique allez-vous outiller les participants ?
L’implication des communes dans la mobilisation des ressources pour la planification familiale a été un long processus qui a d’abord consisté à faire un plaidoyer. Le RCPFAS est une organisation de la société civile qui a conduit une série d’actions de plaidoyer à l’endroit des délégations spéciales pour que ces dernières puissent s’engager à consentir un pourcentage de leurs budgets à la planification familiale. Nous nous félicitons aujourd’hui de l’engagement pris par les communes, notamment 17 d’entre elles qui ont décidé de dégager 5% de leurs budgets pour la planification familiale. Maintenant, comment faire en sorte que les engagements se concrétisent ? Comment aider ces communes à atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés ? Voilà qui justifie cet atelier de mobilisation des ressources qui, nous le rappelons, est basé sur le plaidoyer. Les participants à cette rencontre doivent pouvoir identifier au sein de leurs communes les potentiels donateurs capables de les aider afin qu’ils puissent tenir leurs engagements. C’est ce ça qu’il s’agit. Il s’agit aussi de voir comment est-ce que les communes doivent renforcer la perception de leurs taxes et les gérer de façon efficace pour pouvoir y dégager les 5% qu’elles veulent consacrer à la planification familiale.
Quelle est aujourd’hui la situation générale de la planification familiale au Togo ?
Aujourd’hui, le Togo est en train de faire des efforts dans le domaine, vu que la planification familiale était très faiblement observée il y a quelques années. Dans un passé récent, nous étions à 10% du taux de prévalence contraceptive. Quelques temps après le niveau a atteint 13 puis 17%. A l’heure actuelle, le Togo est à près de 24% selon le rapport de partenariat de Ouagadougou, un programme qui fait la promotion de la planification familiale dans les pays francophones de l’Afrique de l’ouest. Ce programme a mis en place des outils pour mesurer périodiquement le taux de prévalence contraceptive. C’est ce qui a permis de savoir que le Togo est à près de 24%. Mais au même moment, il y a des besoins non satisfaits. Parce que s’il n’y a seulement que 24 femmes sur 100 en âge de procréer qui bénéficient de la planification familiale, ça veut dire qu’il y a encore une très grande marge. Et les besoins non satisfaits sont à 34% selon l’enquête démographique et de santé. Ce qui est très important, parce que ça voudra dire que 34 femmes qui ont besoin de bénéficier d’une méthode de planification familiale n’y ont pas accès. Voilà de façon ramassée la situation de la planification familiale au Togo.