(Société Civile Média) – Juriste de formation, Fabienne L. DONTEMA s’engage désormais dans une bataille contre les pratiques traditionnelles néfastes en général et contre l’excision en particulier. Pour cette jeune défenseure des droits de l’Homme, ces pratiques n’ont plus de raison d’exister dans nos communautés. Et sa participation, du 13 au 20 août 2018 au Burkina Faso, à l’atelier sur « l’engagement des jeunes dans la lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes et préjudiciables aux femmes et aux filles en Afrique de l’Ouest », a sans nul doute contribué à renforcer son engagement. Organisée par le CODAP et le CIFDHA, cette rencontre a permis à Mlle DONTEMA et à d’autres jeunes de cerner les stratégies pouvant permettre de mettre un terme à ces pratiques qui détruisent et avilissent les femmes. Une expérience qu’elle a partagée avec les jeunes engagés dans l’initiative « BeXL and Show it on the web » en vue entre autres de les enrôler dans cette lutte dont elle nous parle dans cette interview. Lecture !
Ce samedi 20 octobre, vous venez de partager avec les jeunes engagés dans l’initiative « BeXL and Show it on the web » les acquis d’un atelier auquel vous avez participé il y a quelques semaines au Burkina Faso. Pourquoi avoir choisi de leur parler de cette formation ?
En fait, les ateliers d’écriture « BeXL and Show it on the web » sont une initiative que nous avons prise des jeunes leaders et moi même parce que nous avons participé à différentes rencontres qui nous ont mis au cœur de notre responsabilité dans nos différentes communautés. Et une fois de retour, nous nous sommes dit que notre premier devoir est de rassembler d’autres jeunes pour que nous puissions mutualiser nos efforts et donner le meilleur pour obtenir des résultats plus efficients.
Parler de la formation de Ouagadougou à mes collègues jeunes leaders vise donc à obtenir plus d’engagement de leur part pour que la thématique des violences contre les femmes sur laquelle je travaille soit mieux défendue aussi bien sur le terrain par des actions concrètes menées par les jeunes, qu’à travers les outils numériques ; d’où le recours à « BeXL and Show it on the web ».
Dans quel contexte se situait la formation de Ouagadougou ?
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Vous savez que dans plusieurs pays d’Afrique, dont le Togo, des milliers de filles et femmes sont continuellement victimes de pratiques traditionnelles néfastes telles que : les mutilations génitales féminines, le mariage d’enfant ou mariage précoce, le mariage forcé, la polygamie, les crimes d’honneur, les violences liées à la dot, écrasement des seins, violation du droit à l’héritage, confession obligatoire en temps d’accouchement, lévirat, gavage etc.
Ces pratiques ont plusieurs conséquences sur la vie, la santé physique, psycho-sexuelles et sur les relations sociales de la victime. Ainsi, les pratiques traditionnelles néfastes peuvent constituer des entraves à l’épanouissement socioculturel au Togo.
Au Togo, à la suite de la promulgation de la loi N° 98-016 du 17 novembre 1998 interdisant les mutilations génitales féminines, le taux de pratique des mutilations génitales féminines a baissé mais n’a pas cessé pour autant. Selon l’étude de la Direction Générale de la protection féminine du Togo en 2008 sur les MGF, d’aucuns, (62,2%), se basent toujours sur la tradition et la coutume et d’autres (17,2%) sur la maîtrise de la sexualité de la femme pour faire perdurer, de façon clandestine, ces pratiques préjudiciables à la femme. Alors qu’avant, les MGF se pratiquaient sur les filles au cours de leur adolescence, de nos jours, dans un souci d’échapper à la loi, les MGF se pratiquent sur les nourrissons de moins d’un an.
C’est dans le cadre de la coordination des actions de lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes au plan régional que le Centre d’Information et de Formation en matière de Droits Humains en Afrique (CIFDHA) en collaboration avec le Centre de conseil et d’appui pour les jeunes en matière de droits de l’homme (CODAP) ont choisi d’enrôler les jeunes défenseurs des Droits de l’Homme dans la lutte contre ces pratiques. Une formation a été organisée dans ce sens à l’endroit de 18 jeunes de l’Afrique de l’Ouest francophone (Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Mali, Niger, Sénégal et Togo).
Sur quoi a porté cette formation ?
Je dois d’abord rappeler que cette formation était la 8e édition des Universités d’Eté des Droits Humains. La session de cette année a porté sur «L’engagement des jeunes dans la lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes et préjudiciables aux femmes et aux filles en Afrique de l’Ouest». Elle s’est tenue du 13 au 20 Août 2018 à Ouagadougou au BURKINA-FASO. Le CODAP (Suisse) et le CIFDHA (Burkina Faso), organisateurs de cette UEDH, se sont donc donnés pour mission d’amener les jeunes participants à d’abord échanger d’une part sur la réalité et l’ampleur des pratiques traditionnelles néfastes dans leur pays et d’autre part sur les stratégies de lutte. Ensuite, à élaborer un projet sur la thématique à mettre en œuvre dans leur différent pays.
Qu’est ce que cette semaine vous a apporté concrètement ?
Cette semaine passée a permis de nous outiller et de nous confirmer que nous jeunes sommes des agents de changements positifs au sein de nos communautés. Personnellement, j’y ai présenté un projet relatif à la diminution du phénomène de l’excision au Togo. Il vise à sensibiliser les citoyens et particulièrement les jeunes étudiants sur le phénomène afin d’en faire non seulement des relais de prévention et d’éducation de leurs pairs, mais aussi des parents et leaders d’opinion dans leurs communautés. Plusieurs activités ont été prévues dans mon projet et, avec les ateliers « BeXL and Show it on the web », nous lançons la sensibilisation des jeunes à travers les réseaux sociaux.
Etiez-vous seule à représenter le Togo à Ouagadougou ?
Non, nous étions trois ; j’ai eu le privilège de faire le déplacement avec deux autres jeunes dynamiques notamment Philippe PLAGBE de l’association Alternative Leadership Group (ALG) qui a présenté un projet sur la lutte contre les mariages d’enfants et les grossesses précoces et Emefa AKPALU de l’Union Chrétienne des Jeunes Gens (UCJG) qui a présenté une initiative relative à la lutte contre l’immigration des jeunes.
Un mot de fin ?
Eduquer une femme, c’est éduquer une nation, se taire sur la souffrance des femmes devrait être considéré comme un crime contre l’humanité. Engageons nous donc. Faisons la différence par des actions excellentes and Let’s Show it on the web.
Entretien réalisé par Charlotte GUEZERE, pour Société Civile Média et le site web du CDFDH