(Société Civile Média) – Regroupés en une synergie dénommée « Réseau Watch », des défenseurs de droits de l’Homme issus des 5 régions du Togo bénéficient régulièrement de séances de formations et de renforcement de capacités de la part du CDFDH pour une meilleure promotion et protection des droits de l’Homme au Togo. Juste NIMNORA, juriste de formation et l’un des défenseurs du Réseau Watch, est chargé de projet et assistant juridique à l’ONG CREUSET TOGO. Il accepte de partager, avec nous, ses expériences dans le domaine de la défense des droits de l’Homme. Lisez !
Comment est née en vous cette vocation ?
Défendre les droits humains est né en moi lorsque j’étais en classe de terminal. Pour des relations intimes qu’un magistrat avait avec une fille, ce dernier a fait mettre en prison une dame, pourtant victime de vol de la part de la fille. Une histoire d’une victime qui devient auteur ! Et par quelle alchimie ? L’affaire avait fait grand bruit dans la communauté, mais personne ne pouvait se lever contre et encore moins dénoncer. J’ai alors pensé après mon baccalauréat, à faire des études en droit pour mieux maîtriser la matière juridique et œuvrer au mieux pour la protection et la défense des personnes dont les droits sont bafoués.
Quelques actions que vous avez mené pour les droits de l’Homme, qui vous donnent personnellement satisfaction ?
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L’introduction de plainte avec constitution de partie civile au profit de 06 enfants dont une mineure âgée de 08 ans victime de viol. Le dossier a abouti à la condamnation de l’auteur à 08 ans d’emprisonnement à la suite d’une audience de la Cour d’ Assise de Kara. J’ai prodigué des conseils juridiques aux victimes de traite conduisant à la condamnation de l’auteur de traite d’enfant et le payement des dommages et intérêt à la victime. La formation des acteurs communautaires et ceux de la société civile sur les systèmes de dénonciation et les voies de recours en cas de violation des droits humains. Ce qui aboutit à la dénonciation d’un cas de viol par un acteur bénéficiaire de notre formation sur les systèmes de dénonciation.
Quels sont les impacts de ces actions ?
Grâces à ces actions que nous menons en collaboration avec bien d’autres acteurs, plusieurs victimes ont pu avoir réparation des préjudices qu’elles ont subis. Certains auteurs sont poursuivis sur le plan judiciaire et condamnés à des peines d’emprisonnement allant de 02 mois à 08 ans suivant les cas. Ce qui a permis de décourager certains éventuels candidats à ces actes criminels. Notons également la prise de conscience progressive aux seins des communautés où la culture de dénonciation n’était pas de mise. On assiste alors progressivement à des dénonciations de cas d’abus d’enfants et les victimes sont accompagnées.
Quel regard portez-vous sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme au Togo ?
Les actions des défenseurs des droits de l’homme au Togo sont éparses. Il y’a insuffisance dans la synergie d’action et certains manquent d’impartialité et d’objectivité dans leurs démarche. Ce qui jette parfois du discrédit ou sape les efforts d’autres défenseurs des droits de l’Homme bien engagés
Quels sont les types de défis que rencontrent les défenseurs qui, comme vous, s’engagent pour la défense d’une cause dans leurs communautés ?
Nous sommes confrontés des fois l’ingérence du politique qui menace et également la non-collaboration de certains acteurs de la justice juvénile.
Si vous aviez un plaidoyer à faire auprès de l’État pour créer un environnement favorable à l’émergence des droits de l’Homme, quelles seraient vos recommandations.
La mise sur pied d’un dispositif de sécurisation des défenseurs des droits humains et le renforcement ou la consolidation du respect des libertés fondamentales.
Quelles sont brièvement vos perspectives pour la défense des droits de l’Homme
En terme de perspective, je compte poursuivre mes actions personnelles mais aussi collectives ou en synergie avec d’autres acteurs pour venir en aide aux victimes ou aux opprimés. Mais aussi, travailler à réduire la violation des droits humains à travers des actions de sensibilisation, de plaidoyer et de recours aux mécanismes internationaux au besoin pour faire cesser ou prévenir les violations des droits humains.
Un conseil aux plus jeunes ?
S’engager pour la protection et la défense des droits humains est une tache qui n’est pas facile. Un parcours souvent semé d’embûches. Mais seul l’engagement, l’impartialité, l’objectivité sont les boucliers d’un Défenseur des Droits humains.
Propos recueillis par Jean de Dieu SOVON