(Société Civile Médias) – Elu Délégué Pays du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE) pour l’Espagne en 2019, Koudjo Mawuli Klevo boucle trois ans à la tête de cette instance. Un premier mandat « expérimental », certes perturbé par la Covid-19, mais riche en expérience et essentiellement marqué par la professionnalisation des associations de Togolais vivant en Espagne. Candidat à sa propre succession, M. Klevo se veut très ambitieux. Dans cette interview accordée à Société Civile Médias, il dresse son bilan et se confie sur son alléchant programme pour les trois prochaines années au cas où il est réélu.
M. Mawuli Klevo, vous avez été élu Délégué Pays du HTCE Espagne il y a trois ans. Vous venez ainsi de terminer votre premier mandat. D’abord dites-nous comment vous trouvez cette initiative du gouvernement togolais ?
Il y a trois ans, 77 délégués pays togolaises et Togolais de la diaspora prenaient le rôle de Délégués du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur. Et ça a donné naissance, de façon visible, a ce que nous appelons le HTCE. Cette initiative est louable dans la mesure où le HCTE permet de fédérer non seulement des associations ou des personnes vivant dans la diaspora, mais aussi des idées, des connaissances, des talents et des projets. La diaspora togolaise est pleine de talents. Lorsque vous échangez avec des jeunes filles et des jeunes hommes togolais, vous vous rendez compte de la richesse que nous avons dans cette diaspora parce qu’ils ont des idées qui émerveillent. La mise en place du HTCE est donc une initiative louable. Le début de toute chose est difficile mais le gouvernement, notamment le chef de l’Etat, a la volonté de rendre ce travail plus facile aux Délégués. Avec le temps, tout ira bien.
Comment s’est passé votre premier mandat dans son ensemble ?
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Le premier mandat a été un mandat expérimental. Il fallait commencer par représenter les Togolais de l’extérieur, il fallait également discuter avec les autorités et les institutions des pays et communautés d’accueil. Il fallait commencer par mettre en place des structures et des équipes de coordination des bureaux nationaux et commencer par créer des commissions sur différents terrain etc. Ce premier mandat nous a beaucoup appris. Il a été bouleversé par la pandémie du Covid-19, ce qui n’a pas permis de faire tout ce que nous aurions dû faire et de mener à bien nos projets et programmes. Mais dans l’ensemble, le mandat s’est bien passé parce qu’il nous a permis de tisser des relations avec d’autres Délégués avec qui nous sommes en train de mettre en place des projets pour le Togo.
De façon globale, quel est le bilan à mettre à l’actif de ce premier mandat et quel a été son impact ?
Je l’avais souligné avant. Notre premier mandat de Délégué Pays HCTE Espagne a été perturbé par la pandémie de la Covid-19. Toutefois, au cours de ce mandat, nous avons travaillé à la professionnalisation des associations de Togolais vivant en Espagne. Ces associations sont souvent créées juste pour nous permettre de nous réunir, de nous rencontrer parfois et d’être solidaires les uns avec les autres parce que nous venons d’un même pays. Mais nous avons estimé qu’il faut aller au-delà de nos rencontres qui se tiennent les 27 avril (lors de la célébration de l’indépendance du Togo) et professionnaliser ces associations. Et ce que nous avons fait c’est d’apporter aux associations qui sont les plus actives notre expertise pour qu’elles puissent bénéficier de formations sur la rédaction et la gestion des projets, la création de contenus de programmes de formations à l’endroit des jeunes. Voici, de façon ramassée, le bilan à mettre à notre actif.
Vous êtes à la quête d’un nouveau mandat à la tête du HCTE Espagne. Vous avez sans nul doute un programme à proposer aux électeurs alors que se déroule actuellement la campagne. Pouvez-vous nous en parler ?
Pour le deuxième mandat, nous comptons poursuivre avec ce que nous avons commencé. Pour pouvoir contribuer au développement du Togo, les personnes de la diaspora togolaise doivent être bien là où ils sont. Autrement dit, un Togolais, pour vraiment contribuer au développement du Togo, doit être intégré dans la société où il vit. Sinon c’est impossible pour cette personne d’avoir un impact positif et visible sur le développement de son village au Togo ou du pays dans son ensemble.
Alors nous avons aujourd’hui un programme de formation à l’endroit des associations de personnes togolaises. Déjà, au cours de notre premier mandat et comme je l’avais indiqué, il y a des associations qui ont bénéficié de notre expertise, qui ont sollicité et reçu l’appui du Fonds européen pour la jeunesse, du programme Erasmus plus, du Programme européen des citoyens. Ces initiatives leur ont permis d’avoir leur projet et de mettre en place ce que nous appelons la professionnalisation.
Seconde chose, il y a une génération de Togolais qui sont née ici en Espagne, dans un pays où il y a plus d’opportunités. Il faut que ces jeunes togolais de la deuxième, troisième ou quatrième génération sachent qu’au-delà de leur quartier de résidence, il y a autres choses. Il y a des programmes, des opportunités de formations, des opportunités de réseautage, des opportunités d’entrepreneuriat. Nous allons donc présenter ces opportunités aux Togolais de la diaspora. Mais avant tout, dans les premiers mois de notre second mandat, nous allons mettre en place des fédérations des associations des Togolais et Togolaises en Espagne. Au cours du premier mandat, nous avons eu des discussions sur le sujet avec des leaders et présidents d’associations. Les choses ont vraiment évolué mais la Covid ne nous a pas permis de les finir. Ce que nous allons faire dans les premiers mois est de reprendre ces dossiers sur lesquels nous sommes en train de travailler et de mettre en place la fédération des Togolais. C’est quelque chose que nous allons faire dans les tous premiers mois de notre second mandat. Nous allons les former en rédaction de projet, sur les mécanismes européens de subventions.
Par ailleurs, nous sommes en train de travailler aussi avec une université espagnole en collaboration avec des collègues de la Tunisie, de la France, du Portugal sur un programme de convention qui permettra aux étudiants et professeurs togolais de venir ici en Espagne pour ce que nous appelons un programme de perfectionnement. C’est un programme Erasmus que nous appelons ‘‘Staff mobillity’’, c’est-à-dire un programme de mobilité des professeurs qui travaillent dans nos universités pour leur permettre de se perfectionner, se former encore plus dans leurs domaines d’activité. Et puis, des étudiants aussi ont la chance et pourront aussi y participer. Nous sommes déjà en train de travailler sur ça. Il y a des universités à qui nous avons déjà envoyé une copie de la convention pour qu’elles lisent, signent et nous fassent des retours pour que nous commencions par travailler.
La première réunion avec ces universités aura lieu en novembre où nous allons recevoir le premier groupe de professeurs, pas seulement du Togo mais aussi du Nigéria, du Ghana, du Gabon, de la Côte d’ivoire et du Mali. Nous avons vraiment un programme en place que nous allons exécuter.
Aussi, vous n’êtes pas sans savoir qu’en août dernier, entre le 12 et le 14, nous avons reçu des leaders des associations de Togolais d’ici et des experts avec qui nous avons travaillé sur la problématique de la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent. Au cours de cette réunion, l’initiative de la diaspora pour la paix et contre la radicalisation est née. C’est une initiative avec laquelle nous avons des projets à court, moyen et à long terme. Il y a une équipe qui est en train de travailler présentement sur un plan qui va durer trois ans.
Donc déjà en novembre, nous avons une première réunion et une première formation à l’endroit des leaders et présidents d’associations des Togolais en Espagne. Nous organisons cette rencontre grâce à un soutien que nous recevrons des autorités basques qui nous appuient pour pouvoir organiser cette formation ici. Tout est pris en charge pour les participants qui viendront ici.
Nous sommes aussi en train de travailler sur un programme qui permettra de faire venir ici, dès l’année prochaine, des journalistes togolais qui viendront passer un mois avec nous, qui vont aussi apprendre dans le journalisme mais aussi d’autres problématiques qui sont liés à la fonction du journalisme et protection de l’environnement, journalisme et inclusion sociale, journalisme et droits des personnes. Il y a un programme en marche et tout est presque prêt pour que cela puisse tenir dès l’année prochaine.
Pour résumer, les actions à venir seront diverses. Il y aura donc un programme de formation des Togolais résidant en Espagne ; un programme d’accompagnement à nos jeunes frères et sœurs dans le cadre des programmes Erasmus et solidarité européenne ; un programme de volontariat où nous pouvons envoyer des jeunes togolais à l’extérieur pour qu’ils passent six mois ou un an afin qu’ils apprennent beaucoup de choses là-bas et qu’ils reviennent créer ce que nous appelons effet multiplicateur à l’endroit de leurs associations et à l’endroit de leurs communautés.