(Société Civile Média) – Alors qu’elles manifestaient pacifiquement contre les conclusions du Conseil préfectoral relatives à la méthode de désignation de la chefferie traditionnelle de leur localité, les populations de Pagouda (500 Km au Nord-Est de Lomé) ont été violemment dispersées par des militaires venus du Camp Militaire Général Améyi de Kara. C’est ce qu’indique ce lundi l’Association des victimes de la torture au Togo (ASVITTO) dans un communiqué dont l’Agence Société Civile Média a obtenu copie. Tout en condamnant cette action qu’elle qualifie de « répression sanglante », cette organisation de la société civile demande à l’Etat l’ouverture d’une enquête en vue des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces actes qui ont occasionné quatre blessés graves et plusieurs arrestations. Lire ci-dessous la déclaration de l’ASVITTO.
DECLARATION RELATIVE A LA REPRESSION SANGLANTE D’UNE MANIFESTATION PACIFIQUE DANS LE CANTON DE PAGOUDA, PREFECTURE DE LA BINAH : LES VIOLENCES MILITAIRES ONT FAIT PLUSIEURS VICTIMES : QUATRE (4) BLESSES GRAVES DONT UNE MINEURE ET SEPT (7) PERSONNES ARRETEES DONT UNE FEMME.
- L’ASVITTO dénonce avec fermeté la privation de nourriture et d’autres formes de mauvais traitements inadmissibles sur les personnes arrêtées
La Constitution Togolaise déclare en son article 10 : «Tout être humain porte en lui des droits inaliénables et imprescriptibles. L’Etat a l’obligation de les respecter, de les garantir et de les protéger», et c’est conformément à cette disposition que les populations du canton de Pagouda (chef-lieu de la préfecture de la Binah située à 500km au Nord-Est de Lomé) ont voulu exprimer pacifiquement le jeudi 13 avril 2017 un sentiment de protestation vis-à-vis des conclusions du Conseil préfectoral relatives à la méthode de désignation de la chefferie traditionnelle de la localité. La manifestation qui a démarré avec une allure pacifique a vu quelques instants après l’arrivée des militaires qui proviendraient vraisemblablement du Camp Militaire Général Améyi de Kara situé à une cinquantaine de kilomètre de la Binah.
Le bilan fait état de quatre (4) blessés graves dont une mineure actuellement hospitalisés à l’hôpital préfectoral de la Binah et sept (7) personnes arrêtées dont une femme qui ont été soumises à une privation de nourriture et qui sont présentement détenues à la prison civile de Kara dans des conditions inacceptables. Les blessées graves sont les sieurs:
KARABALO Kodjo 50ans,
KODJOBOU Komlan 50ans,
AHOUMA Massamesso 27ans,
et la mineure Marceline BAWILA âgée de 10ans ;
quant aux personnes arrêtées il s’agit de : Madame ABALODO Salomé 35ans,
M. AGNIKOMA Patrimpatè 41ans,
M. HALADJOLO Piham 31ans,
M. KANAKAGNITOU Akontom 30ans,
M. KPORO Koloka 54ans, et PRETCHAO Massama 38ans.
L’on constate avec désolation qu’en plus de cette répression aux conséquences douloureuses, les Forces de sécurité et de défense continuent la chasse à l’homme, les menaces et intimidations sur plusieurs manifestants qui sont contraints à une vie de maquis depuis quelques jours.
L’ASVITTO condamne ces violences inouïes des militaires sur les populations civiles à l’occasion d’une manifestation pacifique et dénonce les conditions de détention des personnes arrêtées. Elle interpelle le Ministre de la Justice et des Relations avec les Institutions de La République chargé des Droits de l’Homme à veiller au respect des droits de toutes ces personnes tel que le recommandent les lois du pays et les différentes conventions sur le respect des droits humains auxquelles le Togo est partie.
Elle invite le Ministre de la Défense Nationale et le Ministre de la sécurité à prendre des mesures pour le respect de la liberté d’expression et des règles du maintien d’ordre conformément à la Constitution Togolaise et aux Normes des Nations Unies relatives aux droits humains et leur application pratique, en vue d’amener les Forces de l’ordre, de sécurité et de défense à exercer dans les limites de leurs prérogatives pour éviter les bavures répétitives qui causent des dommages inestimables sur les populations civiles.
Elle exhorte le gouvernement à mettre fin à la terreur qui s’est emparée actuellement du canton de Pagouda par le fait de l’intervention excessive des militaires, et de faire privilégier les méthodes légales et pacifiques d’interpellations qui sont conformes à l’Etat de droit.
Elle demande l’ouverture d’une enquête en vue des poursuites judiciaires contre les auteurs d’acte de torture ; une prise en charge médicale de tous les blessés de même que la libération de toutes les personnes arrêtées lors de cette manifestation.
Enfin, l’Association des Victimes de Torture au Togo (ASVITTO) implore la publication du rapport de visite de la mission du Sous Comité de Prévention de la torture (SPT), la mise en œuvre du Mécanisme National de Prévention (MNP) et le respect des engagements pris à l’Examen Périodique Universel (EPU) pour une protection efficace des populations Togolaises.
Fait à Lomé, le 18 avril 2017
Pour l’ASVITTO
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Le Président
M. ATCHOLI KAO