(Société Civile Médias) – Solidarité Mondiale pour les Personnes Démunies et les Détenus (SMPDD) travaille à consolider les actions visant à prévenir la corruption dans le système judiciaire togolais. L’organisation, qui estime que pour bien faire son travail, ce secteur doit agir avec intégrité et impartialité, est en quête de stratégies pour éliminer ce phénomène en son sein. En collaboration avec la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), elle organise depuis ce mardi 07 mai à Lomé, une rencontre de deux jours en vue d’une réflexion approfondies sur le sujet.
Une vingtaine d’acteurs issus de la CNDH, de la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Haplucia), de l’ordre des avocats, de la magistrature et de la société civile participent à cette rencontre dont l’objectif général est de consolider le cadre de collaboration entre le Mécanisme National de Prévention de la torture (MNP), la HAPLUCIA et les autorités judiciaires dans la stratégie de lutte contre la corruption et la torture au Togo.
En effet, la SMPDD a fait de la lutte contre la torture dans les lieux de détention une de ses priorités. Or, il est clairement établi aujourd’hui le lien de causalité entre la corruption, la torture et les droits de l’Homme.
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« La corruption est le principal facteur des pratiques de torture et autres violations des droits de l’Homme dans les lieux de détention puisqu’il a été suffisamment démontré que des décisions corrompues peuvent aboutir à des violations des droits fondamentaux et de l’égalité devant la loi. Les individus ayant des ressources financières peuvent être en mesure d’acheter des faveurs, tandis que ceux qui sont moins fortunés peuvent être désavantagés », indique Joel Kessouagni, directeur des programmes de la SMPDD.
En plus de l’aspect susmentionné, il est à signaler que l’un des effets non négligeables du lien entre torture et corruption est l’impunité et le développement de la criminalité organisée qui en résulte. En effet, la corruption judiciaire peut favoriser la criminalité organisée en permettant à des auteurs d’actes de torture ou de mauvais traitements d’échapper aux poursuites.
Ainsi donc, lutter contre la corruption dans le système judiciaire nécessite de mettre en place des réformes profondes, notamment l’amélioration de la transparence, la mise en œuvre de mécanismes de responsabilité, la formation des professionnels du droit aux normes éthiques et la création de canaux de signalement pour les comportements suspects.
« Aussi bien au Togo qu’ailleurs, le phénomène de corruption existe dans les systèmes judiciaires. Nous avons souvent tendance à penser qu’il s’agit forcément de gros sous quand on parle de corruption, mais ce n’est pas le cas. Il y a corruption lorsqu’il s’agit de un franc ou de l’obligation ou devoir de rendre service à son prochain. Nous avons donc estimé qu’il est important d’échanger sur cette thématique ensemble avec les acteurs impliqués pour voir comment faire pour limiter les dégâts liés à ce fléau », explique Kodjo Gnambi Garba, membre de la CNDH.
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L’atelier de réflexion vise donc trois objectifs majeurs. Il s’agira, d’une part, d’identifier précisément les causes et les effets négatifs de la corruption dans le système judiciaire et son impact sur la torture. D’autre part, la rencontre sera l’occasion d’outiller les participants dans l’identification, la prévention et la sanction des actes de corruption à travers un partage de bonnes pratiques. Elle entend également favoriser une collaboration des acteurs majeurs de la lutte contre la corruption et la torture dans la prise de résolutions sur l’éthique professionnelle dans le système judiciaire.
« Il s’agit de mûrir des réflexions avec toutes les parties prenantes pour adopter une ligne commune qui nous servira à lutter efficacement contre ce phénomène qui gangrène le système judiciaire malgré les avancées constatées ces dernières années », fait savoir le directeur des programmes de la SMPDD.
Le premier jour de l’atelier a été axé sur deux communications. La première s’est focalisée sur la présentation générale sur la corruption et la torture en milieu judiciaire, le cadre normatif et institutionnel ainsi que les facteurs de risques et conséquences de la corruption sur le système judiciaire. Quant à la deuxième, elle a permis d’outiller les participants sur les techniques d’identification des facteurs de corruption dans le système judiciaire et l’évaluation des risques associés, de même que les stratégies pour renforcer la prévention de la corruption
Le deuxième jour sera l’occasion d’outiller les autorités judiciaires dans les stratégies d’enquêtes et de poursuites des actes de corruption.