(Société Civile Médias) – Au Togo, les échanges entre les coopérations européennes et les Organisations de la société civile se feront désormais dans un cadre beaucoup plus organisé. Longtemps réclamé par les OSC, la première session de dialogue structuré entre l’Union Européenne (UE) et ses Etats membres avec les organisations de la société civile s’est tenue ce mercredi 14 juin à Lomé. Cette rencontre se veut le début d’une collaboration plus fructueuse entre l’UE et la société civile togolaise.
Ce dialogue structuré, il faut le rappeler, est organisé sur demande des acteurs de la société civile togolaise. En effet, consultés au cours du processus de mise à jour de la Feuille de Route pour la société civile (FdR) en 2021, ces derniers ont déploré particulièrement l’absence de cadre structuré d’échanges entre les coopérations européennes et les OSC. Ils ont également regretté que les échanges ne soient organisés qu’au moment de la formulation de la Feuille de route ou du Document conjoint de programmation (DCP) et qu’il n’y ait plus, passée cette étape, de rencontre entre l’UE et les OSC pour faire le suivi du plan d’action arrêté. Le DCP, il faut le préciser, définit la base du travail collaboratif dans le cadre de l’initiative « Team Europe » au Togo pour la période 2021-2027.
Par ailleurs, lors des consultations en 2021, les OSC togolaises ont également fait part de leur impression que les projets de coopération sont mis en œuvre de manière cloisonnée, sans concertation entre partenaires européens, avec des occasions manquées de développer des synergies et des complémentarités. Des situations que l’UE et ses Etats membres veulent corriger.
Par le dialogue structuré organisé ce mercredi, l’institution européenne entend désormais s’engager avec les OSC togolaises dans des échanges de manière planifiée, régulière, opportune, prévisible et transparente, contrairement aux consultations ponctuelles qui se faisaient avant. Il s’agit d’un dialogue où les parties prenantes ont été invitées à apporter leur contribution dans une configuration bien planifiée.
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« Ce dialogue se veut régulier sur la base d’un ordre du jour établi de façon conjointe et avec la plus grande participation des réseaux et faitières, ainsi que de toutes les organisations représentatives de la société civile togolaise », explique Joaquín Tasso Vilallonga, ambassadeur de l’UE auprès de la République togolaise.
La rencontre a connu la participation d’une quarantaine de personnes notamment des représentants de faîtières nationales, de réseaux régionaux d’OSC, d’ONG étrangères et internationales, de réseaux thématiques. Des représentants d’organisations féminines et de jeunes et d’organisations de personnes vivant avec un handicap étaient également présents. Elle a permis aux participants d’avoir une idée des actions de l’UE au Togo en lien avec la société civile, d’échanger sur les difficultés et challenges auxquels font face les OSC et comment elles pourront mieux s’organiser pour plaider auprès de l’autorité afin de mieux contribuer au développement du pays.
Les échanges ont notamment porté sur l’environnement d’évolution des OSC et les initiatives entreprises par la société civile et les organisations internationales, avec un focus sur le décret n° 2022-002/PR fixant les conditions de coopération entre les ONG et le gouvernement et les répercussions que cette mesure pourrait avoir sur le fonctionnement des OSC. Elle a également été pour l’UE l’occasion de présenter l’état de mise en œuvre des actions de la Feuille de route pour la société civile et de la Programmation conjointe de l’Equipe Europe (DCP), ainsi que les étapes à venir.
Coordinatrice nationale de WANEP-Togo, Da-do Nora Noviékou-Amedzenu salue l’initiative.
« Cette rencontre vient à point nommé. Et elle nous permet d’aller, de façon synergique, vers un avenir meilleur en ce qui concerne l’amélioration de l’espace civique notamment. On ne peut que se réjouir de cette initiative et espérer qu’il y ait une suite et des résultats concrets qui viennent rendre plus favorable l’environnement de la société civile togolaise », indique-t-elle.
Même son de cloche chez Francis Akpa, président du comité de réflexion de la Plateforme Nationale Espace Civique et Efficacité du Développement (PNECED), d’après qui ce dialogue structuré avec l’UE est une bonne chose dans la mesure où tout ce qui se passe en matière de politique de développement doit impliquer les OSC.
« L’UE et ses Etats membres ont une feuille de route. Et en tant qu’acteurs de la société civile œuvrant pour le développement, il est de bon ton qu’on puisse échanger avec cette institution pour être mieux informés des actions qui sont menées et aussi des opportunités que cela représente pour les OSC », a-t-il fait savoir.
Conformément aux principes du traité de Lisbonne, l’UE a attribué des rôles de plus en plus importants aux organisations de la société civile. Un engagement plus stratégique avec les OSC constitue un pilier essentiel de ces approches et l’engagement de l’UE en faveur d’un dialogue renforcé avec les OSC est inscrit dans plusieurs documents politiques pertinents.