(Société Civile Médias) – Au Togo, des organisations de la société civile et des organisations syndicales ne cachent pas leurs préoccupations face au rétrécissement constaté de l’espace civique et se mobilisent activement pour lutter contre cette tendance, en vue de préserver et renforcer les libertés fondamentales et la participation citoyenne. Un colloque de trois jours tenu à Lomé à l’initiative de l’ACAT-Togo (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) leur a permis de créer un espace citoyen d’échanges et de réflexion, tout en renforçant leurs capacités pour défendre un espace civique ouvert.
Au Togo, la liberté d’association, de réunion, d’expression et syndicale sont protégés par des instruments internationaux et la Constitution. Le pays est d’ailleurs signataire de nombreux instruments internationaux garantissant ces libertés. Il s’agit entre autres du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui consacre la liberté d’association et de réunion comme des droits fondamentaux ; de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, un pilier juridique et moral pour la promotion et la protection des droits humains en Afrique et les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), notamment les conventions n°87 et n°98, qui protègent la liberté syndicale et le droit à la négociation collective.
Cependant, selon les organisations de la société civile, l’espace civique togolais fait face à de nombreux défis ces dernières années.
« Ces défis sont complexes où, souvent, la sécurité et l’ordre public sont invoqués pour justifier des restrictions sur les libertés fondamentales », déplore Bruno HADEN, Secrétaire général de l’ACAT-Togo, lors de ce colloque tenu du 18 au 20 décembre 2024 à Lomé.
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Face à la situation, la société civile togolaise ne veut pas rester les bras croisés et s’engage résolument à défendre ses droits et à œuvrer pour un environnement où les libertés fondamentales sont respectées. Elle multiplie les initiatives de plaidoyer et de sensibilisation, afin de créer un espace de dialogue constructif avec les autorités et d’œuvrer pour une révision des pratiques restrictives.
Le colloque sur l’espace civique au Togo, tenu les 18, 19 et 20 décembre, se situe dans ce sens. Organisé avec l’appui financier de WSM et de l’UE, la rencontre a permis à environ 70 participants issus d’une quarantaine d’associations et organisations syndicales ainsi que des cadres étatiques d’échanger sur la problématique de la liberté d’association et de réunion au Togo. Les participants ont travaillé ensemble pour identifier les défis actuels auxquels fait face l’espace civique au Togo et explorer des solutions pour garantir la liberté d’association et de réunion.
Le colloque a également été l’occasion d’outiller les organisations de la société civile et les syndicats pour des actions citoyennes visant à promouvoir la paix sociale, notamment à travers un dialogue constructif avec les autorités étatiques.
Un autre point essentiel abordé lors des échanges a été la nécessité de consolider les synergies d’action entre les différentes organisations participantes. L’objectif est de renforcer les efforts de plaidoyer en direction des instances nationales telles que l’Assemblée Nationale, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), le Ministère en charge de l’administration territoriale, la Primature et la Présidence, pour garantir une implication forte de ces institutions dans la revalorisation juridique de l’espace civique.
Les discussions ont également porté sur l’implication des organisations de la société civile dans la mise en œuvre des politiques publiques. Enfin, le colloque a insisté sur l’importance d’engager les OSC dans un dialogue permanent avec l’État, afin de renforcer la résilience face aux défis sécuritaires actuels.
« Un espace civique ouvert n’est pas une menace pour l’État ; c’est un levier de progrès pour toute la société », indique Bruno HADEN, tout en se disant convaincu que les efforts conjoints initiés lors du colloque porteront des fruits dans les mois et années à venir.
« Le Togo a tout à gagner à garantir un espace civique inclusif et respectueux des libertés fondamentales. Car, comme le dit si bien un proverbe africain : ‘Si tu veux aller vite, marche seul. Mais si tu veux aller loin, marchons ensemble’. Nous devons marcher ensemble, en État, en société civile, en citoyens, pour bâtir un Togo où chacun a sa place, sa voix, et sa dignité », a-t-il conclu.