(Société Civile Médias) – Commerçante de perles de profession au marché d’Agbadahonou, Aflimba JOHNSON-COMLAN CATARIA est une femme passionnée du social. Le développement des activités génératrices de revenus ainsi que le bien-être de ses paires sont des choses qui lui tiennent à cœur. Bientôt 5 ans qu’elle a ouvert les yeux sur des enjeux qui fondent aujourd’hui son engagement au sein de la société civile togolaise.
Présidente de l’association Solidarité pour l’Epanouissement des Femmes Commerçantes du Togo (SEFECTO) qu’elle fonde avec d’autres femmes commerçantes, dame Aflimba a su se démarquer et fédérer plus d’uns.
Tirer le meilleur du malheur
Savoir tirer le meilleur parti des malheurs et le transformer en éléments transformateur de notre personnalité, c’est ce qui peut résumer le réveil pour l’engagement associatif de la présidente de SEFECTO. Suite à l’incendie du grand marché de Lomé dans la nuit du 11 au 12 janvier 2013, Aflimba faisait parti des victimes relogées par les autorités à Agbadahonou qui devint depuis ce jour, leur marché.
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« Les autorités nous avaient trouvé place à Agbadahonou des jours après l’incendie et depuis ce jour, nous sommes restées dans ce marché pour faire nos activités », indique-t-elle.
Quelques années plus tard, une formation de la Banque mondiale en septembre 2017, tenue à Kara et à Lomé, à l’endroit des commerçants sur leurs droits et devoirs, la tenue des cahiers de compte ainsi que la gestion des entreprises viendra changer le parcours des femmes commerçantes d’Agbadahonou. Cette formation qui a été faite avec la bénédiction des autorités a permis aux participantes d’apprendre et de découvrir de nouvelles opportunités liés au secteur du commerce.
« Je m’étais rendu compte que je venais de franchir un pallier en ouvrant les yeux sur beaucoup de choses. Habituellement, nous les femmes, surtout commerçantes, nous ne prenions au sérieux que ce qui concerne notre commerce. Les autres choses, on n’y accorde aucune importance », raconte-t-elle.
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Le déclic
Au lendemain de cette formation, alors que la majorité des femmes participantes étaient réticentes à l’idée de former une association pour mettre en pratique les connaissances acquises, Mme JOHNSON-COMLAN CATARIA parvient à mobiliser quelques unes qui ont accepté de tenter l’aventure. Et même si elles ne connaissaient pas grand chose sur la vie associative, elles prirent sur elles l’engagement de partager les bonnes nouvelles avec les autres femmes commerçantes qui n’avaient pas pu bénéficiées de la formation. Paroles de motivation et conseils des formateurs résonnaient chaque instant dans les oreilles d’Aflimba au point où elle décida de travailler pour corriger cela dans la vie des femmes commerçantes.
C’est de là qu’est partie l’idée de la création de l’association SEFECTO. Ensemble avec le bureau, elles se sont fixées certains objectifs dont la formalisation des activités commerciales et que chaque femme commerçante jouisse des fruits de son commerce comme tous fonctionnaire.
Le travail a commencé avec des sensibilisations des commerçants sur la nécessité de disposer des documents légaux de leurs activités notamment la carte CFE et la régulation de leur situation avec l’administration fiscale (les impôts) dirigé par l’Office Togolais des Recettes (OTR).
« J’ai compris qu’avoir sa carte CFE et être en règle avec l’administration fiscale donnent assez de privilège que nous ignorons. Nous pouvons tirer beaucoup d’avantages comme voyager en tant que commerçant et s’ouvrir à l’international, faire des affaires avec d’autres entreprises. Ceci facilite également la demande des visas pour aller visiter ses proches à l’étranger. J’avais voulu qu’on commence par l’obtention de ces papiers », explique dame Aflimba.
Alors que la plupart croyait qu’il faut être de grands commerçants, détenir de grandes boutiques, entreprises et magasins avant de faire la carte CFE, le bureau de SEFECTO démystifia les informations liées à son obtention.
Repositionnement des commerçants
La vision de la présidente de SEFECTO n’est pas seulement d’accompagner ses paires à rendre formelle leurs entreprises mais aussi de donner un nouveau statut aux commerçants du Togo longtemps laissé à leur charge. Mme JOHNSON se lance dans la course aux institutions non étatiques comme l’Institut Nationale d’Assurance Maladie (INAM) et la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) pour faire bénéficier des services de ces dernières aux commerçants du Togo.
La bonne santé des familles de chaque commerçant tient véritablement à cœur à la présidente de SEFECTO.
« Juste avec notre commerce, il y a tellement de réalisations que nous faisons pour le bien de nos familles. Nous supportons la scolarité de nos enfants dans des écoles supérieures d’ici et d’ailleurs mais qu’en serait-il de nos moments de maladies et de nos vieux jours ? », se questionne t-elle régulièrement.
De fil en aiguille, ensemble avec son bureau, Aflimba a pu obtenir auprès de l’INAM deux produits (INAM artisan et INAM agent public), permettant aux commerçants de s’enregistrer et bénéficier des services de cette structure selon leurs moyens. Les démarches continuent auprès de la CNSS pour une assurance retraite des vieux jours des commerçants.
Les récentes expériences avec les microfinances n’avaient pas assez aidé les bénéficiaires à faire développer leurs commerces. Le bureau de la SEFECTO, conduit par dame Aflimba, multipliait les plaidoyers. C’est ainsi que le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) leur a ouvert ses portes en leur octroyant des prêts pour l’élargissement de leurs commerces à un taux faible par rapport à ce qu’elles recevaient directement auprès des microfinances de part le passé.
« Nous n’avons pas caché l’opportunité à nos membres et d’autres commerçants. Les formations pour y accéder sont disponibles et quelques membres ont déjà bénéficié de ces prêts pour l’élargissement de leurs commerces. Nous avons eu un premier produit dénommé produit PAF avec les microfinances pour nous accompagner dans la formalisation et un second produit dénommé N’kodédé avec Orabank », se réjouit la présidente de SEFECTO. C’est toujours la carte CFE qui permet l’octroie de ces prêts.
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Relation SEFECTO-Ministères
Mme JOHNSON-COMLAN CATARIA a hissé le nom de SEFECTO au sommet, en permettant au bureau de rencontrer la présidente de l’Assemblée Nationale en décembre 2019. Elle a également participé le 08 mars 2021 à une rencontre sur le leadership féminin organisée par l’OTR dans le cadre de la célébration de la journée internationale des droits des femmes où elle a eu la chance de parler de son parcours et celui qui l’a conduit à la création de son association. La commerçante des perles du marché d’Agbadahonou a aussi participé, le 30 novembre 2021, au nom de SEFECTO, à une consultation organisée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en prélude à l’élaboration de la stratégie du PNUD pour l’égalité des sexes 2022-2025.
Diverses rencontres avec des ministères dans la période de crise sanitaire liée à la Covid-19 sont également à l’actif de la présidente. La récente est celle qui a permis de discuter des initiatives à mener afin de réduire la vie chère qui secoue la population togolaise.
« Voir SEFECTO dans les 5 régions du Togo est ma vision et ma prière pour cette association. Dieu merci, nous commençons déjà par impacter et nous avons des membres dans des zones hors Lomé », informe JOHNSON-COMLAN CATARIA.
Sous son leadership, SEFECTO entretient une très bonne relation avec différents ministères dont celui de l’Action sociale qui s’occupe des femmes et celui du Commerce qui est leur ministère de tutelle. Les institutions étatiques comme non étatiques, les ONG et associations font également parti des structures avec lesquelles l’association travaille. SEFECTO demeure ouverte aux autres structures qui aimeraient continuer l’aventure avec elle.
L’association compte déjà dans ses rangs des membres à Atakpamé, Tabligbo, Tsévié, Alokoègbé, Akoumapé, Tchékpo, Adidogomé, Segbé, Agoè, Djagblé, Hédranawoé. Bientôt des bureaux régionaux seront installés.