(Société Civile Médias) – Le consortium composé de l’Union des ONG du Togo (UONGTO) et du Réseau des Associations des Personnes vivant avec le VIH/SIDA (RAS+ TOGO) poursuit ses actions de mobilisation en faveur d’une meilleure compréhension et d’une mise en œuvre efficace de la Couverture Sanitaire Universelle (CSU). Après avoir, il y a quelques semaines, renforcé les capacités des organisations de la société civile sur les concepts clés de la CSU, la redevabilité sociale et le plaidoyer pour l’augmentation du financement national de la santé, le consortium a lancé, le lundi 22 décembre 2025, un dialogue communautaire destiné aux leaders d’opinion et aux conseillers municipaux. Cette initiative, qui a débuté dans la commune de Golfe 7 (Afla-Sagbado), est centrée sur le thème : « Couverture sanitaire universelle, redevabilité sociale et mécanisme d’engagement de la société civile pour la CSU à l’horizon 2030 ».

La rencontre a réuni une trentaine de participants notamment le personnel exécutif de la commune Golfe 7, des responsables religieux, des autorités coutumières et traditionnelles, des autorités sanitaires locales et de l’action sociale, des membres des comités villageois de développement (CVD), des Comités cantonaux de développement (CCD), des cadres d’organismes de mise en œuvre de l’AMU et des acteurs de la société civile. Elle se situe dans le cadre de la mise en oeuvre du « Projet de renforcement de la société civile sur la couverture sanitaire universelle (CSU), la redevabilité sociale, le mécanisme d’engagement citoyen et le plaidoyer pour la création d’un cadre de concertation et de suivi-participatif de la mise en œuvre de la CSU ainsi que de l’augmentation du financement domestique de la santé au Togo ». Ce projet est appuyé par le Programme de renforcement de la société civile pour la promotion de la liberté d’association et de réunion au Togo (PRO LAR UE), financé par l’Union Européenne.
Selon le Consortium UONGTO – RAS+ Togo, ce dialogue communautaire se justifie par le rôle central de ces acteurs auprès des populations.
« En tant qu’interlocuteurs privilégiés et relais de leurs communautés, ils bénéficient d’une écoute attentive et sont en mesure de promouvoir efficacement les actions liées à la CSU. L’objectif est donc de contribuer à renforcer leur engagement dans la mise en œuvre effective, transparente et participative de la CSU au Togo à travers l’information, la sensibilisation et la redevabilité sociale », explique Aristide Djenda, Directeur exécutif de l’UONGTO.
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Selon M. Djenda, le dialogue communautaire se veut un cadre de sensibilisation et de concertation qui a permis de présenter la Couverture sanitaire universelle dans un langage clair et accessible à tous les participants, tout en favorisant la collecte de leurs interrogations, préoccupations et recommandations en vue d’une mise en œuvre plus efficace et inclusive de l’Assurance maladie universelle au Togo.
La CSU et l’AMU passées au peigne fin
La rencontre a été dans un premier temps l’occasion d’éclairer les leaders d’opinion et conseillers municipaux sur les principes, les mécanismes, les prestations et les enjeux de la CSU, afin de renforcer leur rôle de relais communautaires crédibles.
Dans les détail, les échanges ont essentiellement porté sur la CSU et l’Assurance maladie universelle (AMU), présentées comme des réformes structurantes mises en œuvre par l’État togolais pour améliorer l’accès équitable aux soins de santé. Les participants ont d’abord été édifiés sur le concept même de la CSU, ses objectifs et sa portée, avant qu’un accent particulier ne soit mis sur l’AMU et le dispositif opérationnel adopté au Togo pour sa mise en œuvre progressive.

« Nous avons également pris soin de leur parler des principes fondamentaux de l’AMU, notamment la solidarité nationale, l’équité, la mutualisation des risques et la protection financière des populations face aux dépenses de santé. À cet effet, des précisions ont été apportées sur les conditions d’accès à l’Assurance maladie universelle, ainsi que sur les tests et mécanismes mis en place pour l’enregistrement des bénéficiaires, en particulier dans le cadre de l’extension de la couverture aux travailleurs non-salariés », précise Massamesso Katassoli, consultant sur le projet.
Les leaders d’opinion ont par ailleurs été informés des modalités pratiques liées au montant des cotisations et aux démarches à entreprendre pour bénéficier effectivement de l’AMU.
Au-delà des aspects techniques liés à la CSU et à l’Assurance maladie universelle, les échanges ont également porté sur la redevabilité sociale, un pilier essentiel pour garantir l’efficacité et la transparence du dispositif. Les participants ont ainsi été sensibilisés à la notion de redevabilité, entendue comme le droit et la capacité des citoyens à demander des comptes aux institutions en charge de la gestion de l’Assurance maladie universelle.
« Il leur a notamment été expliqué ce que recouvre concrètement la redevabilité sociale, ainsi que les exigences légitimes qu’ils peuvent formuler en tant que citoyens et représentants de leurs communautés. À ce sujet, les discussions ont permis de clarifier le rôle que peuvent jouer les organisations communautaires et associatives dans l’interpellation constructive des structures gestionnaires de l’AMU, afin de contribuer à l’amélioration continue des services offerts aux bénéficiaires », indique le consultant.

Les leaders d’opinion ont par ailleurs été invités à jouer pleinement leur rôle d’acteurs communautaires, capables de relayer les préoccupations des populations, d’accompagner les usagers dans leurs démarches et de favoriser un dialogue permanent entre les citoyens et les institutions compétentes.
Les acteurs communautaires plaident pour des conditions d’accès plus adaptées
Après avoir été largement édifiés sur les mécanismes, les principes et les exigences liés à la CSU et à l’AMU et forts des éclairages reçus, les acteurs ont formulé plusieurs doléances, estimant que certaines conditions d’accès à l’AMU gagneraient à être réexaminées et adaptées, afin de faciliter une adhésion plus large et plus effective des populations, notamment au niveau communautaire. C’est le cas de Messan Sedina, président du Comité cantonal de développement d’Aflao Sagbado.
Tout en saluant l’Assurance maladie universelle (AMU) et la Couverture santé universelle (CSU) comme une initiative louable et salutaire du gouvernement, il a estimé que ces mécanismes constituent un levier essentiel pour améliorer durablement l’accès des populations aux soins de santé et, par conséquent, leur espérance de vie.



Toutefois, M. Sedina a relevé l’existence de zones d’ombre et de difficultés pratiques qui mériteraient d’être corrigées afin de garantir une appropriation réelle du dispositif par les populations. Parmi les principales préoccupations soulevées figure le niveau de la cotisation mensuelle, jugé élevé au regard des faibles revenus de nombreuses familles, notamment celles vivant en périphérie.
« La contribution fixée à 10 000 FCFA constitue une charge financière difficilement supportable pour des ménages dont les moyens de subsistance sont déjà précaires », souligne-t-il
Dans cette optique, les acteurs communautaires ont plaidé pour une révision à la baisse du taux de cotisation, estimant que des modalités plus souples et mieux adaptées aux réalités socioéconomiques locales favoriseraient une adhésion massive et durable. Ils ont également attiré l’attention sur les conditions d’éligibilité aux aides, notamment pour les familles nombreuses.
« Une prise en compte plus équitable de ces réalités permettrait de consolider l’objectif fondamental d’une véritable assurance maladie universelle, inclusive et accessible à tous. Nous appelons les autorités compétentes et les décideurs à faire preuve d’écoute afin d’ajuster le dispositif aux capacités réelles des populations et de soulager efficacement les communautés à la base », indique le responsable du CCD Aflao Sagbado.

Ouvrant la rencontre, Afi Pascaline Dangbuie, Maire de la commune Golfe 7, a salué la tenue de ce dialogue communautaire, estimant qu’il constitue une initiative opportune pour pallier l’insuffisance d’information observée au niveau des communautés de base sur la CSU et l’AMU.
Il convient de noter que ce dialogue sera étendu aux autres communes dans les prochains jours et se poursuivra tout au long de l’année 2026.


