(Société Civile Médias) – Bénéficiaires, il y a quelques mois, d’un appui financier destiné à la mise en œuvre de leurs actions de terrain, seize organisations togolaises engagées dans la promotion de l’autonomisation économique des femmes reçoivent à présent un accompagnement technique axé sur le renforcement de leurs capacités en matière de mobilisation de ressources. Dans le cadre de la mise en œuvre du projet FAME (Féminisme, Actions et Mobilisation pour une Économie inclusive), soutenu par l’Agende Française de Développement (AFD), elles ont ainsi pris part, le 15 décembre 2025, à une session de formation dédiée aux stratégies de recherche de financements.
Cette session de formation s’inscrit dans la continuité d’un diagnostic préalable conduit par le GERES, en amont du lancement du projet FAME au Togo et dans les autres pays d’intervention. Il a permis d’identifier de manière précise les besoins des organisations de la société civile (OSC) en matière de formation et de renforcement des capacités.

Les résultats de ce diagnostic ont révélé que les OSC togolaises font face à de multiples défis en matière de financement. Il s’agit notamment de la méconnaissance des sources de financement disponibles, des difficultés à identifier les bailleurs pertinents, de lacunes dans la rédaction de propositions de projets, de l’absence de stratégies de diversification des financements, et d’un manque d’outils de suivi et d’évaluation.
« Ces difficultés limitent l’accès des OSC aux financements et compromettent leur développement institutionnel et programmatique et l’atteinte de leurs objectifs. C’est dans cette perspective que la présente formation a été organisée, afin de leur permettre d’améliorer et de structurer leurs démarches de recherche de financements », explique Edi Afi KPOGAN-AMOUZOU, consultante au Togo pour le projet FAME.
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La formation a été assurée par Komlan Benjamin TOKPA, promoteur du cabinet Result Services Sarl, sélectionné à l’issue d’un appel à candidatures.
Dans son contenu, cette formation s’est attachée à élargir la compréhension même de la notion de ressources, en invitant les participantes à dépasser une approche exclusivement centrée sur le financement. Selon le consultant, il s’est agi d’amener les organisations à identifier et à valoriser l’ensemble des ressources mobilisables, qu’elles soient financières, humaines, matérielles ou partenariales. Cette démarche a notamment permis aux OSC de réfléchir à la constitution d’un répertoire de partenaires potentiels, à même de soutenir durablement leurs actions.

« L’atelier a également accordé une place importante à la réflexion interne au sein des organisations. Les participantes ont été invitées à analyser les dispositifs, mécanismes et stratégies susceptibles d’être mis en place en interne pour renforcer la mobilisation des ressources. Cette première phase de la formation a jeté les bases d’une approche plus structurée et plus stratégique de la recherche de financements », indique le consultant.
Dans un second temps, les travaux ont porté sur l’élaboration de documents stratégiques dédiés à la mobilisation des ressources. À l’issue de la formation, chaque organisation est repartie avec un document de référence, conçu comme un outil évolutif. Celui-ci a vocation à être partagé, étudié et approfondi en interne, avant d’être amélioré progressivement grâce à des échanges et des accompagnements à distance, afin de répondre aux réalités et aux besoins spécifiques de chaque structure.




Un troisième volet a enfin été consacré à la question de la viabilité financière des organisations. Les participants ont été amenées à réfléchir à la mise en place d’un fonds de viabilité propre à chaque OSC. Ce mécanisme devrait leur permettre, lors du renouvellement de leurs partenariats techniques et financiers, de disposer d’un socle minimal de ressources garantissant la continuité de leurs activités et leur pérennité institutionnelle.
« De manière transversale, la formation a également insisté sur l’importance du travail collectif. Les organisations ont été encouragées à envisager des dynamiques de collaboration, notamment au sein de groupes, de consortiums ou de plateformes, tout en intégrant, selon leurs orientations, la dimension féministe dans leurs stratégies. Cette approche collective a été présentée comme un levier essentiel, la mobilisation des ressources apparaissant plus efficace et plus structurée lorsqu’elle s’inscrit dans une dynamique partenariale plutôt que dans une démarche isolée », souligne Komlan Benjamin TOKPA.
Des enseignements salués par les participants
Présente à l’atelier, Essi Mansan Séna CHAKPLA, Directrice exécutive de l’ONG AIL (Appui aux Initiatives Locales), a salué la richesse des enseignements tirés de la formation. Alors qu’elle associait jusque-là la mobilisation des ressources essentiellement à la recherche de financements, cette session lui a permis d’élargir considérablement sa compréhension du concept.

« Cette formation m’a permis de comprendre que la mobilisation des ressources ne se limite pas à la collecte de fonds. Elle englobe également la mobilisation de ressources matérielles et humaines, en complément des ressources financières. L’ensemble de ces leviers contribue à la viabilité, à la durabilité et à l’impact des actions menées par nos organisations ».

Pour sa part, Berthe Tatey, directrice exécutive de l’ONG Alafia, estime que cette formation intervient à point nommé, dans un contexte marqué par la raréfaction des bailleurs de fonds. Elle souligne dès lors la nécessité pour les organisations de se doter de stratégies efficaces de mobilisation des ressources, afin de maintenir leurs actions et d’éviter toute situation d’inactivité.
« Au vu de ce que nous avons appris, cette formation va rendre l’ONG Alafia plus dynamique », se réjouit-elle.
Une charte environnementale pour renforcer l’engagement écologique des OSC
Outre la formation consacrée à la recherche de financements, les organisations de la société civile bénéficiaires du projet FAME ont également été outillées sur les procédures devant conduire à la signature d’une charte environnementale.


En effet, le projet FAME vise à renforcer les organisations féministes pour qu’elles concourent à une transition économique écologique et inclusive. Dans ce cadre, les organisations soutenues ont été encouragées à réfléchir à comment s’engager à leur échelle pour participer au développement durable, dans leurs actions et dans leur propre fonctionnement. Ces engagements seront matérialisés par une charte de l’environnement Ce document établit un ensemble de principes et d’objectifs visant à la protection de l’environnement et à la promotion d’un développement durable.
La charte environnementale a pour objectif d’amener les organisations de la société civile à adopter des pratiques responsables visant à protéger la biodiversité et les écosystèmes, à réduire les pollutions et la production de déchets, à promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables, ainsi qu’à favoriser un développement durable, respectueux de l’environnement et des générations futures.

D’une durée de quatre ans (2024-2028), le projet FAME, porté par l’ONG Geres en consortium avec 5 organisations internationales et soutenu par l’AFD, s’articule autour de deux objectifs spécifiques : soutien financier et technique aux organisations œuvrant pour l’autonomisation économique des femmes et simulation d’un écosystème dynamique et influent pour une transition économique écologique et inclusive.
Dans le cadre de ce projet, le Geres accompagne au Togo les organisations locales via le déploiement d’appels à projets restreints pour l’obtention d’un soutien technique et financier. Au-delà des subventions, le projet propose du renforcement de capacités et un appui à la structuration à travers un accompagnement sur mesure de ses équipes, des formations et ateliers en présentiel ou virtuels. Actuellement, 16 organisations sont accompagnées sur l’étendue du territoire national.



