(Agence Société Civile Média) – Le Centre d’Etudes Stratégiques pour l’Afrique (CESA) est également préoccupée par la situation sécuritaire au Burkina Faso. Quelques jours après l’attaque de Nassoumbou, qui a vu plusieurs militaires burkinabés perdre la vie, cette plate-forme de réflexion a rendu public un communiqué dans lequel il appelle les autorités burkinabé à tout mettre en œuvre pour une situation sécuritaire sûre et rapide sur toute l’étendue du territoire. Les populations burkinabé sont également appelées à garder leur sérénité face à la situation.
Voici l’intégralité de la déclaration du CESA
Le Centre d’Etudes Stratégiques pour l’Afrique (CESA) est une plate-forme de réflexion stratégique et prospective, et de dialogue continu face aux défis contemporains en matière de sécurité. Le CESA est un regroupement de civils et de militaires qui œuvre pour la promotion de la paix, de la sécurité et de la bonne gouvernance. Crée en 2004, le CESA Burkina Faso est la section nationale du Centre d’Etudes Stratégiques pour l’Afrique, une structure de l’université de la défense des Etats Unis d’Amérique rattachée au département d’Etat américain. Le CESA Burkina Faso a mis en œuvre plusieurs projets de renforcement des forces de défense et de sécurité, et d’information du grand public sur les questions de paix et de sécurité, mais aussi sur la démocratie, la bonne gouvernance et l’Etat de droit. Les événements tragiques de Nassoumbou sont intervenus au moment où le CESA Burkina Faso s’apprêtait à tenir son assemblée générale le samedi 17 décembre 2016.
L’attaque du détachement de l’armée burkinabè de Nassoumbou le 16 décembre 2016 rend obligatoire de mettre tous les efforts en mouvement pour la résolution de la situation. Le CESA Burkina Faso a procédé à une consultation des responsables des structures des forces de défense et de sécurité en vue d’établir une situation claire permettant de rassurer les populations quant à d’éventuelles nouvelles attaques. Les résultats des concertations dégagent quelques points saillants.
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Les forces de défense et de sécurité du Burkina Faso font face à une situation assez nouvelle, à partir de 2015, caractérisée par l’extension des activités terroristes sur le territoire burkinabè en provenance de la bande sahélo-saharienne. L’espace du Sahel Sahara est le terrain d’activité de plusieurs groupes terroristes rattachés à AQMI et agissant en procuration et sous la supervision des chefs de cette organisation terroriste. Les efforts de la communauté internationale et de la CEDEAO en particulier, ne sont pas parvenus jusque-là à éliminer ces groupes perpétrant la violence contre les institutions et les populations des pays jouxtant l’espace occupé par ces organisations terroristes. Les modes opératoires des groupes terroristes dérogent de la guerre classique et de la lutte contre le grand banditisme pour lesquelles les forces de défense et de sécurité de nos Etats ont été conçues, formées et ont opéré depuis leur création. Au vu du changement de contexte, d’acteurs et de modes d’action, les forces de défense et de sécurité doivent fondamentalement se transformer afin de réussir les missions nouvelles qui sont les leurs.
Le traumatisme terroriste arrive à un moment où la plupart des pays du monde sont concernés par la rareté des ressources financières publiques. La crise économique et financière de la mi-2008 n’a pas totalement été résorbée et ses effets sur les pays en besoin de l’aide financière internationale comme le Burkina Faso se traduisent en une faiblesse structurelle et opérationnelle des services publics, y compris les forces de défense et de sécurité. Les besoins en renforcement des capacités, en personnel (nombre) et en renouvellement du matériel (logistique) de l’armée et des corps para militaires sont tels qu’ils prendront un certain temps à être réunis.
Etant donné la multiplicité de structures intervenant dans le secteur de la défense et de la sécurité, et les évolutions qui ont concerné chacun de ces acteurs, une mise en cohérence générale des services de défense et de sécurité est d’une urgence absolue. A la fois les statuts juridiques et les protocoles d’opération ont besoin d’être révisés en vue de leur harmonisation et de leur mise à niveau face aux défis de l’heure. Deux tâches apparaissent aujourd’hui aussi urgentes l’une que l’autre. La mise en place, de manière accélérée, d’une force anti-terroriste massive mobilisant toutes les ressources des FDS burkinabè. Dans le même temps, la mise en œuvre d’une réforme globale du secteur de la défense et de la sécurité prenant en compte les orientations du développement national et du contexte socio-politique ambiant.
L’attaque du 15 décembre est une attaque de trop qui bouleverse les burkinabè et tous les acteurs sont appelés à apporter leurs contributions pour un sursaut national contre le terrorisme. Dans le prolongement des développements faits plus haut, des recommandations fortes sont avancées.
Il est crucial que les citoyens et les populations burkinabè gardent leur sérénité et montrent de la patience vis-à-vis des forces de défense et de sécurité et leur donne le temps de préparer la réponse à la menace terroriste,
Les autorités du pays sont appelées à tout mettre en œuvre en vue d’arriver à une situation sécuritaire sûre le plus rapidement possible,
Pour sa part, Le CESA Burkina Faso s’engage à accompagner les efforts des autorités et des FDS par la mise en œuvre de programmes académiques, la recherche, la communication et la sensibilisation, le renforcement des capacités en vue de contribuer à la lutte contre le terrorisme.
Fait à Ouagadougou, le 17 décembre 2016
Le Bureau de coordination national du CESA Burkina Faso