INTERVIEW: Satigui Koné “Nous n’avons aucun doute que l’Union Africaine va appuyer l’UAOD”

luzdelsol668
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(Société Civile Média) – Président de l’Union Africaine des ONG de Développement (UAOD), Satigui Koné revient dans cette interview accordée à nos confrères de Guineematin.com sur les raisons qui ont motivé la naissance de la structure qu’il dirige. Il se confie également sur les objectifs de l’UAOD et les difficultés rencontrées dans l’implantation des coordinations pays. Par ailleurs, M. Satigui se dit convaincu du soutien qu’apportera l’Union Africaine (UA) à son organisation, afin de la mettre en mission auprès des populations. A noter que l’UAOD a une représentation au Togo. Cette représentation, dirigée par Takouda Essozimna, organise les 30 et 31 mars à Sotouboua un colloque à l’intention des acteurs de la société civile togolaise. Lecture !

Monsieur Koné comment est née l’idée de mettre en place l’UAOD ?

 Nous avons constaté que les ONG des pays développés, en Europe et ailleurs,  sont de véritables partenaires des acteurs du développement, tandis qu’en Afrique, la société civile est davantage sur des terrains où elle n’a vraiment rien à faire. Certaines ONG crédibles qui veulent jouer pleinement leurs rôles sont isolés et disséminées dans les pays. Nous avons donc proposé que les Africains, leaders d’ONG qui voudraient mettre au premier plan le professionnalisme, l’appui aux populations et l’engagement pour le développement des Etats africains se joignent à nous. Les 18 et 19 août, 172 leaders de la société civile venus des pays d’Afrique et de la diaspora ont pris part au congrès constitutif de l’Union Africaine des ONG de Développement à Yamoussoukro en République de Côte d’Ivoire. Une forte délégation guinéenne, conduite par Dr Mamadou Pathé Diallo, y a pris part.

 Quels sont les objectifs visés par l’UAOD ainsi que son étendue sur le continent Africain ?

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Notre premier objectif est de rendre crédibles et professionnelles les organisations de la société civile africaine. Nous pourrons alors proposer des projets de développement conformément aux Objectifs de Développement Durable (ODD), à l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et aux plans nationaux de développement des pays africains. Nous voulons mettre l’accent sur le social, l’environnement et le développement durable pour l’émergence d’une économie africaine dont le fondement serait les projets de développement intégré en Afrique. L’UAOD est déjà présente dans 47 pays africains et dans la diaspora. Dans des grands pays tels que la France, les Etats Unis, l’Italie… les Africains ont déjà installé des Coordinations Pays UAOD. Les Africains restés sur le continent travaillent désormais en totale symbiose, au sein de l’UAOD,  avec ceux qui sont hors du continent. Nous avons un Vice-Président chargé de la diaspora africaine dans son entièreté.

Comment est perçue votre Organisation par les responsables de l’Union Africaine ? Etes-vous en contact avec eux ?  

Nous avons voulu avoir quelque chose de concret à proposer avant d’aller vers les dirigeants de l’Union Africaine (UA). Le Président de la Commission de l’Union Africaine Son Excellence Monsieur Moussa Faki Mahamat a reçu, le 7 février dernier à N’Djamena, une délégation de l’UAOD conduite par le Vice-président pour la région Afrique du Nord Massinissa Sébaï. Nous lui avons présenté la faitière continentale des ONG et associations. Les dirigeants africains ont besoin d’une société civile qui soit proche des préoccupations réelles des populations. Et l’UAOD entre bien dans ce créneau. Nous remettrons, dans les tout prochains jours, les documents issus du congrès de l’UAOD ainsi que la liste par pays, des dirigeants de notre faitière  au Professeur Alpha Condé, Président de l’Union Africaine. Nous n’avons aucun doute que l’Union Africaine qui ambitionne d’être plus proche des peuples d’Afrique va appuyer l’UAOD et nous mettre en mission auprès des populations.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le cadre de l’implantation des Coordinations Pays ?

Les premières semaines, nous avons rencontré quelques hésitations dans certains pays qui ont connu, dans un passé récent, une société civile locale peu crédible. Mais, dès qu’ils ont vu l’organisation et le mode de fonctionnement de l’UAOD, l’engouement et la confiance sont revenus. Pour l’heure, les autorités ivoiriennes dont le pays abrite le siège social sont saisies pour doter notre union de bureaux et d’équipements à la hauteur de son envergure continentale. A vrai dire, nous nous attendions à des réticences de certains pays vu que certaines organisations de la société civile africaine ont des efforts à faire pour redorer leur blason terni à bien des égards par leur propre faute. Mais, actuellement, avec des actions concrètes telles que l’atelier en cours à Ouagadougou sur le rôle du secteur privé et de la société civile dans la lutte contre la radicalisation et le colloque de Sotouboua au Togo sur la mise en œuvre des ODD, nous arrivons à convaincre les plus sceptiques que l’UAOD est mature, professionnelle et crédible.

Vous avez fait le déplacement de Conakry pour assister à la cérémonie d’investiture de la Coordination Pays UAOD-Guinée. Quelles sont vos attentes vis-à-vis des Coordinations Pays de l’UAOD particulièrement celle de la Guinée ?

Nous remercions vraiment les autorités de la Guinée, en particulier le Ministre d’Etat Fofana Kassory qui a associé son image à l’investiture de la Coordination Pays UAOD de la Guinée.

La Coordination Pays doit rassembler les organisations de la société civile du pays. Elle doit appuyer la mise en œuvre des aspects du PNDES réservés à la société civile. Il est crucial que la Coordination Pays soit aux côtés de la population et jouer pleinement son rôle d’informateur et de formateur sur les messages liés au développement. Les pays développés ont des ONG crédibles qui sont de véritables ambassadeurs du savoir-faire de leur pays quand elles arrivent chez nous. L’Afrique est capable, avec de la volonté, de se doter d’une société civile respectée et dont les populations, les partenaires au développement et les dirigeants de tous bords seront fiers. C’est cet objectif qui doit guider les actions des  Coordinations Pays de l’UAOD.

Votre dernier mot Monsieur KONE Satigui ?

J’invite tous les Africains, partout où ils se trouvent, à s’engager résolument au sein de l’UAOD pour le développement du continent. La montée du discours populiste dans certains pays du Nord nous indique que l’avenir de notre continent se trouve dans l’union de toutes ses filles et de tous ses fils pour des projets intégrés de développement. Il est clair qu’aucun pays africain ne peut devenir un îlot de prospérité si le reste du continent doit être un désert de misère.