(Société Civile Médias) – Souvent confrontées aux problèmes d’accès à la terre, phénomène qui constitue un obstacle au bon déroulement de leurs activités, des femmes maraichères d’Agbodrafo et ses environs reçoivent l’appui du ReFeMa-Lacs 3 (Réseau des Femmes Maraichères de la commune Lacs 3). En collaboration avec l’association « Vie Décente », JED-Communautaire (Jeunes Engagés pour le Développement Communautaire) et FEGEF (Femmes Engagées pour la Gent Féminine), cette organisation a initié, à leur intention, un atelier de formation visant à renforcer leurs capacités à défendre leurs droits humains, avec un accent mis sur le droit à la terre. La rencontre s’inscrit dans le cadre du projet « Promotion du droit à la terre des femmes maraîchères dans la commune Lacs 3 au Togo ».
Au Togo, les dispositions relatives à l’égalité des sexes dans la Constitution affirment le droit des femmes à la propriété. Le Code des personnes et de la famille stipule que les femmes ont des droits égaux pour hériter de biens, et le code pénal a rendu illégal le fait d’empêcher les femmes d’exercer leurs droits de propriété, y compris sur la terre. Aussi, en 2018, l’adoption du Code foncier a amélioré la situation des droits fonciers des femmes, réaffirmant le droit de celles-ci à posséder et à hériter des terres. Par ailleurs, des dispositions stipulent également que les autorités doivent garantir un accès équitable à la terre pour les groupes vulnérables, notamment les femmes.
Toutefois, le droit d’accès à la terre reste un défi pour la plupart des femmes togolaises, car la coexistence des droits fonciers coutumiers et modernes a des impacts sur celles-ci dans la mesure où les pratiques coutumières au Togo ne garantissent généralement pas aux femmes un traitement égal dans la détermination des droits de succession foncière. Dans le cadre des pratiques foncières coutumières, les femmes agricultrices par exemple se voient attribuer des parcelles de terres très insuffisantes pour leurs activités ou n’en bénéficient pas du tout. Le phénomène est récurrent dans plusieurs localités de la région Maritime, notamment dans la préfecture des Lacs où les femmes qui pratiquent l’activité maraichère en sont victimes.
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« Les femmes qui sont dans l’activité de Maraîchage sont confrontées à ce problème et à ce défi de l’accès à la terre. Beaucoup d’entre elles louent la terre pour leurs activités », déplore Maurice GBLODZRO, expert en gouvernance et formateur lors de cet atelier qui s’est déroulé le 15 mai 2024.
Protéger et défendre les droits des femmes à la terre
A travers cette rencontre de formation organisée avec l’appui financier de Urgent Action Fund Africa (UAF Africa), il s’agissait pour le ReFeMa-Lacs 3 de rendre ces femmes autonomes en leur fournissant des connaissances et outils nécessaires pour protéger et défendre leurs droits à la terre.
« Nous avons donc pensé qu’il est important d’échanger avec ces femmes, de les sensibiliser et surtout de les amener à comprendre qu’elles ont des droits, notamment le droit à la terre », explique Maurice GBLODZRO.
Cette initiative souligne par ailleurs l’importance de l’autonomisation des femmes maraichères et de la protection de leurs droits fondamentaux, y compris le droit à la terre, dans un contexte où ces droits sont souvent négligés ou menacés.
« Nous les avons outillées et leur avons donné des informations pour pouvoir aborder les questions foncières et les problèmes qui se posent à elles, afin qu’elles puissent mener à bien leurs activités de maraichage », souligne le formateur.
La formation, il faut le rappeler, a porté sur les droits humains ; les réalités de l’accès des femmes à la terre en Afrique et au Togo ; les normes et principes directeurs et les enjeux et défis de la gouvernance foncière ; les instruments de protection des droits de la femme à la propriété et au foncier ; l’importance de l’accès de la femme à la terre dans le développement social et économique ; les droits de succession au Togo et les mécanismes institutionnels de recours.
Désormais outillées pour mieux défendre leurs droits au foncier, les participantes à l’atelier n’ont pas manqué de témoigner leurs reconnaissances aux organisations qui ont contribué à l’organisation de cette formation.
Présidente du ReFeMa-Lacs 3, Eya VILASSI a souligné l’importance des modules développés lors de la formation et sollicité l’accompagnement des uns et des autres pour que le droit des femmes à la terre soit effectif.
Pour Adjovi Délali TORKO, Directrice exécutive de Femmes Engagées pour la Gent Féminine (FEGEF), les informations reçues lors de cette formation permettront de mobiliser les femmes de la commune Lacs 3 sur la thématique du droit à la terre des femmes.
Kayi DOGBASSEY, participante à la formation, indique avoir désormais compris que les femmes ont les mêmes droits que les hommes en ce qui concerne le partage de l’héritage foncier.
A noter qu’elles sont en tout 32 femmes à avoir pris part à l’atelier de formation.
Découvrez ci-dessous, le reportage vidéo de l’atelier de formation :