(Société Civile Médias) – Le secteur minier, pilier de l’économie togolaise, génère des revenus considérables, représentant près de 4% du PIB national en 2022. Cependant, derrière ces chiffres impressionnants, se cachent des risques graves pour la santé et la sécurité des travailleurs. Conscientes des dangers que ce secteur représente, trois organisations syndicales interpellent l’Etat togolais sur l’urgence de ratifier la Convention 176 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), qui vise à garantir des conditions de travail sécuritaires et saines dans les mines. Il s’agit du Syndicat Démocratique des Mines (SYDEMINES), du Syndicat national des mineurs du Togo (SYNAMITO) et du Syndicat national de l’encadrement des mines (SYNEM).
Un secteur à hauts risques
Les conditions de travail dans les mines togolaises sont particulièrement périlleuses. Exposition à des substances toxiques comme le mercure et l’arsenic, risques d’effondrements, accidents liés à l’équipement lourd, ou encore maladies professionnelles dues à une exposition prolongée aux poussières et produits chimiques, sont autant de dangers auxquels sont confrontés les mineurs. En témoignent plusieurs accidents tragiques, comme celui de l’explosion survenue à WACEM en 2015, où six personnes ont perdu la vie.
Les statistiques sont préoccupantes : entre 2017 et 2021, plus de 8 000 accidents du travail ont été enregistrés au Togo, avec des conséquences dramatiques. Malgré cela, de nombreux obstacles persistent dans l’application des normes de sécurité, notamment le manque de formation, l’insuffisance des équipements de protection et l’absence de sanctions pour les violations des règles de sécurité.
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Des avancées législatives et un espoir de changement
Malgré la gravité de la situation, des avancées notables ont été réalisées ces dernières années. En 2020, l’OIT a érigé la sécurité et la santé au travail comme un principe fondamental, renforçant ainsi l’importance de conventions comme la Convention 176, qui s’attaque spécifiquement aux risques dans les mines.
Au niveau national, le Code du travail adopté en 2021 a introduit des mesures importantes pour améliorer la sécurité des travailleurs, notamment le droit d’alerte et de retrait en cas de danger imminent. Bien que ce droit soit inscrit dans la loi, sa mise en œuvre reste un défi majeur, faute de textes réglementaires.
Un tournant important a eu lieu avec l’adoption de l’Arrêté n°3131/MRSPTDS du 30 septembre 2024, qui reconnaît officiellement le secteur minier comme « secteur d’activité dangereux ». Cet arrêté impose des obligations précises aux employeurs, notamment la fourniture d’équipements de protection appropriés, ainsi qu’une formation spécifique des travailleurs à la sécurité et à la santé.
L’appel des syndicats à la ratification de la Convention 176
Réunies en conférence de presse, les trois organisations syndicales ont salué ces avancées, tout en insistant sur la nécessité d’aller plus loin. Selon elles, la ratification de la Convention 176 de l’OIT serait un pas décisif pour renforcer la protection des travailleurs dans les mines. Cette convention impose aux Etats de mettre en place des politiques nationales de sécurité et de santé adaptées aux risques spécifiques du secteur minier, et de s’assurer de leur respect par les employeurs.
Les syndicats ont également souligné que la ratification de cette convention profiterait à toutes les parties prenantes : l’Etat, les entreprises et les travailleurs. Elle contribuerait à la réduction des accidents du travail, à la diminution des maladies professionnelles, et améliorerait les conditions de travail des mineurs, tout en renforçant la compétitivité du secteur.
Afin de garantir la mise en œuvre effective de l’Arrêté n°3131/MRSPTDS et de faciliter la ratification de la Convention 176, les syndicats ont formulé plusieurs recommandations. Parmi elles, la nécessité pour le gouvernement de renforcer les moyens des services d’inspection du travail pour assurer le suivi des mesures de sécurité et de santé dans les mines, ainsi que la sensibilisation des acteurs du secteur aux dispositions de l’arrêté.
En outre, les syndicats appellent l’Etat à ratifier rapidement la Convention 176, ce qui constituerait un gage d’amélioration des conditions de travail et de vie des mineurs, et contribuerait à une meilleure harmonisation des normes de sécurité dans le secteur minier.