150 millions d’enfants restent privés d’identité juridique (UNICEF)

3 min : Temps de lecture

(Société Civile Médias) – En dépit des progrès accomplis ces cinq dernières années en matière d’enregistrement des naissances dans le monde, 150 millions d’enfants restent privés d’identité juridique. C’est ce que révèle un nouveau rapport de l’UNICEF publié le mercredi 11 décembre.

Le rapport, intitulé “The Right Start in Life: Global levels and trends in birth registration, 2024 update”, révèle que bien que le taux mondial d’enregistrement des naissances ait atteint 77 %, une proportion alarmante d’enfants continue de ne pas être déclarée à la naissance, les rendant invisibles aux yeux des gouvernements et des systèmes juridiques.

Sur les 500 millions d’enfants enregistrés au cours des cinq dernières années, soit près de 80 % des moins de cinq ans, des disparités importantes demeurent, particulièrement en Afrique subsaharienne, où plus de la moitié des enfants non enregistrés dans le monde (environ 90 millions) vivent. Cette situation compromet l’accès à des droits fondamentaux tels que la nationalité, la protection contre l’apatridie, ainsi que des services essentiels comme la santé, l’éducation et la vaccination.

Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF, a souligné : « L’enregistrement des naissances est la première étape cruciale pour garantir la protection des enfants et leur accès aux services fondamentaux. Alors que nous célébrons 78 ans de défense des droits des enfants, nous devons intensifier nos efforts pour nous assurer que chaque enfant, partout dans le monde, soit enregistré dès la naissance. »

- Advertisement -

Des progrès mondiaux, mais des inégalités persistantes

L’enregistrement des naissances a connu une nette amélioration ces dernières années grâce à l’engagement de nombreux pays, qui ont intégré cette démarche dans leurs priorités nationales, notamment en tirant parti des systèmes de santé, d’éducation et de protection sociale. Par exemple, l’Amérique latine et les Caraïbes affichent un taux d’enregistrement de 95 %, tandis que l’Asie de l’Est et du Sud-Est atteint 94 %. Toutefois, en Afrique subsaharienne, seulement 51 % des naissances sont enregistrées, un retard qui continue d’exclure des millions d’enfants de la reconnaissance juridique.

L’UNICEF appelle à des réformes pour pallier ces disparités. « Nous devons simplifier les formalités administratives, renforcer l’interopérabilité des services d’état civil et supprimer les frais d’enregistrement. Les systèmes de santé, d’éducation et de protection sociale doivent être utilisés pour garantir que chaque naissance soit enregistrée », ajoute Russell.

Des exemples de succès en Afrique subsaharienne

Malgré les défis, plusieurs pays d’Afrique subsaharienne ont montré que des progrès sont possibles. Le Botswana a atteint l’enregistrement universel des naissances, tandis que la Côte d’Ivoire a franchi la barre des 90 %. Le Togo, avec la gratuité de l’enregistrement des naissances et l’amélioration de la coordination entre les centres de santé et d’état civil, a également vu une forte augmentation de son taux d’enregistrement.

Cependant, dans des régions comme l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale, les taux d’enregistrement sont encore très faibles, autour de 41 %, et la population infantile continue de croître rapidement. Si les progrès ne s’accélèrent pas, plus de 100 millions d’enfants risquent de ne pas être enregistrés d’ici 2030.

L’UNICEF propose cinq mesures clés pour garantir que chaque enfant soit enregistré :

  1. Assurer un enregistrement systématique des naissances pour établir une identité juridique dès la naissance.
  2. Simplifier et numériser les démarches administratives.
  3. Intégrer l’enregistrement des naissances dans les services de santé, d’éducation et de protection sociale.
  4. Mettre en œuvre des réformes juridiques pour rendre les systèmes d’état civil plus inclusifs.
  5. Sensibiliser et soutenir les communautés pour qu’elles puissent revendiquer leurs droits à l’enregistrement.

« Chaque enfant a droit à un acte de naissance, un document fondamental qui lui garantit protection et accès aux services essentiels », conclut Catherine Russell. Alors que de nombreuses régions du monde progressent, il reste impératif de combler les lacunes pour que chaque enfant, où qu’il soit, soit reconnu dès sa naissance.