(Société Civile Médias) – Localité située à 71 km de la ville de Kara, Ataloté (préfecture de la Kéran) n’a plus aucun enfant dépourvu de certificat de naissance. Grâce à l’approche d’interopérabilité entre les services d’état civil et la principale formation sanitaire de ce canton, tous les nouveau-nés sont désormais enregistrés dès leur naissance, assurant ainsi leur identification officielle dès le plus jeune âge.
La situation n’a pas toujours été telle à Ataloté. Autrefois, de nombreux enfants de ce canton n’étaient pas enregistrés à leur naissance, bien qu’un certificat de naissance soit indispensable pour établir leur identité.

En effet, pour un enfant, ne pas avoir d’acte de naissance revient à être coupé de la société. Cela efface son existence légale et lui refuse le droit à une identité propre. Il devient alors exclu de nombreuses opportunités : impossible de bénéficier d’une éducation, de recevoir une aide sociale, ou d’effectuer des démarches bancaires sans une reconnaissance officielle de son existence.
Selon un rapport du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), rendu public en décembre dernier, 150 millions d’enfants restent privés d’identité juridique dans le monde. Le rapport indique que sur les 500 millions d’enfants enregistrés au cours des cinq dernières années, soit près de 80 % des moins de cinq ans, des disparités importantes demeurent, particulièrement en Afrique subsaharienne, où plus de la moitié des enfants non enregistrés dans le monde (environ 90 millions) vivent. Cette situation, à en croire l’organisme onusien, compromet l’accès à des droits fondamentaux tels que la nationalité, la protection contre l’apatridie, ainsi que des services essentiels comme la santé, l’éducation et la vaccination.
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L’approche d’interopérabilité a tout changé
À Ataloté, l’introduction de l’approche d’interopérabilité a radicalement transformé la situation. Promue dans la localité par l’UNICEF, l’interopérabilité vise à intégrer des services relevant du système d’état civil dans le paquet des services relevant du système de santé. Concrètement, cela consiste à transformer les centres de santé en antennes secondaires des services d’état civil, permettant ainsi la déclaration de naissance et la délivrance des actes de naissance. Ce dispositif est appliqué au Centre Médico-social d’Ataloté.
« Auparavant, à la naissance de l’enfant, le Centre de Santé (CMS) remettait aux parents la déclaration de naissance, leur permettant de se rendre ensuite à l’état civil pour faire établir l’acte de naissance de leur nouveau-né. Toutefois, il arrivait que certains parents ne donnent pas suite à cette démarche, laissant ainsi leurs enfants sans certificat de naissance jusqu’à l’âge adulte », déplore Dr Messan MIDOKPO, Responsable du district préfectoral de la santé Kéran.
« Cependant, grâce à l’approche d’interopérabilité, nous avons simplifié le processus, en accélérant les étapes afin d’assurer que l’enfant obtienne son acte de naissance dans les plus brefs délais et de manière efficace. Et cela marche très bien », ajoute-t-il..

Médecin généraliste au CMS d’Ataloté, Dr Kodjo Prosper AMETSIWOU décrit le processus.
« Nous avons instauré un mécanisme rigoureusement structuré. À chaque femme qui vient accoucher au Centre de Santé, nous remettons un carnet de santé, qui sert également de suivi pour les consultations prénatales. Après la naissance de l’enfant, nous convions les mères à revenir avec leur bébé lors de la séance de vaccination, organisée chaque mercredi. Étant donné que le service d’état civil est situé sur le même site, nous orientons les femmes vers cette structure, qui se charge de la procédure d’enregistrement de la naissance de l’enfant. », explique-t-il.
Si un grand nombre de femmes privilégient l’accouchement au centre de santé, certaines choisissent néanmoins d’accoucher à domicile. Toutefois, le CMS d’Ataloté s’assure que les enfants nés à la maison bénéficient, dans les mêmes délais que ceux nés au sein du CMS, de leur certificat de naissance.

« En ce qui concerne les femmes accouchant à domicile, nous avons la collaboration de nos Agents de santé communautaire, qui nous rapportent ces cas. Ces derniers jouent un rôle essentiel en allant à la rencontre de ces enfants quelques jours après leur naissance, puis nous transmettent leurs identités. Par la suite, nous convions les mères lors des séances de vaccination, et nous les orientons vers le service d’état civil du CMS. Ainsi, grâce à ce dispositif, les enfants nés à domicile obtiennent également leur certificat de naissance dans les délais requis », fait savoir Dr AMETSIWOU.
Les résultats obtenus témoignent de l’efficacité de l’approche d’interopérabilité au sein du Centre de Santé d’Ataloté. Les données recueillies révèlent que, durant l’année 2023, 230 enfants sont nés au CMS, tandis que 10 sont nés à domicile. Tous ces 240 enfants ont été dûment déclarés et ont reçu leur certificat de naissance. En 2024, Ataloté a enregistré un total de 375 accouchements, dont 55 à domicile et 320 au CMS. Tous ces enfants ont également été enregistrés auprès de l’État civil.