Projet OUESTAF : WiLDAF-AO et WeWorld s’engagent pour une migration plus humaine en Afrique de l’Ouest

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(Société Civile Médias) – Mieux encadrer les mobilités, protéger les plus vulnérables, et prévenir les dérives de la migration irrégulière : tels sont les piliers du projet « Parcours régionaux pour la prévention de la migration irrégulière, la lutte contre le trafic des migrants, la traite des êtres humains et la protection des femmes et jeunes en situation irrégulière dans l’Afrique de l’Ouest y compris la sous-région Sahel » (OUESTAF). Mené par WiLDAF-AO (Women in Law and Development in Africa – Afrique de l’Ouest) en partenariat avec WeWorld, il a été officiellement lancé le mardi 17 juin à Lomé.

D’une durée prévue de dix-sept mois (Mars 2025-Juillet 2026), ce programme régional sera mis en œuvre au Burkina Faso, au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo. Il ambitionne de renforcer la gouvernance et la gestion des dynamiques migratoires en Afrique de l’Ouest et dans la sous-région sahélienne. Il entend pour cela consolider les capacités des acteurs concernés et promouvoir des mécanismes de coordination adaptés, en conformité avec le Cadre de politique migratoire pour l’Afrique révisé (2018-2030).

Le projet OUESTAF s’inscrit ainsi comme une réponse stratégique aux défis migratoires persistants et à l’instabilité croissante qui fragilisent la région. Il entend s’attaquer aux problématiques majeures affectant la mobilité en Afrique de l’Ouest, en s’appuyant sur une approche à la fois multi-acteurs et multi-niveaux, apte à générer un impact régional tout en répondant aux besoins spécifiques des cinq pays ciblés.

Sur la base des résultats d’études et de recherches, le projet promouvra l’adoption de politiques migratoires sûres et inclusives, tout en facilitant l’accès aux services de prévention de la migration irrégulière et à la prise en charge des victimes de la traite des êtres humains.

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Il prévoit également un renforcement des capacités des organisations de la société civile en matière de politiques migratoires, afin d’assurer un accompagnement plus efficace des personnes migrantes, notamment des femmes et des jeunes, souvent parmi les plus vulnérables.

Un programme structuré autour d’actions clés

Le projet OUESTAF sera jalonné par un ensemble d’activités articulées autour de plusieurs axes d’intervention majeurs.

Il prévoit dans un premier temps la réalisation de travaux de recherche, incluant : une cartographie des parties prenantes, l’identification des principaux flux migratoires, une recherche-action sur les politiques migratoires en vigueur, ainsi que l’élaboration d’un document-cadre regroupant des recommandations en matière de gouvernance migratoire.

Poignée de main après la signature de l’accord.

Un second volet portera sur le plaidoyer, avec des actions ciblées en faveur de l’amélioration des politiques migratoires existantes. Ces efforts s’adresseront notamment à la Commission des Lois de l’Union Africaine, ainsi qu’aux commissions parlementaires compétentes des cinq pays concernés.

Par ailleurs, le projet prévoit la mise en place et le renforcement de mécanismes de coordination dédiés à la protection et à l’assistance des personnes migrantes. Il accordera également une attention particulière au renforcement des capacités des organisations de la société civile, des ONG locales, des journalistes et des blogueurs, à travers des formations axées sur les enjeux migratoires.

Photo de famille à l’issue de la signature.

Des campagnes d’information, à la fois numériques et communautaires, seront menées afin de sensibiliser les populations au cadre légal de la migration. À cela s’ajouteront la distribution de supports de vulgarisation et l’organisation de journées thématiques consacrées à la migration, autour des recommandations émises et des dispositifs d’accompagnement destinés aux migrants.

Au Togo, une mise en œuvre ciblée et stratégique

Au Togo, la mise en œuvre du projet sera assurée par la représentation nationale de WiLDAF, à savoir WiLDAF-Togo. L’intervention se concentrera sur trois zones spécifiques : les régions des Savanes, de la Kara et du Grand-Lomé. Ces zones n’ont pas été choisies au hasard, mais en raison de leur position stratégique et des dynamiques migratoires qui les caractérisent.

Table d’honneur lors du lancement du projet à Lomé.

« La région des Savanes a été retenue en raison de la situation sécuritaire préoccupante qui y prévaut, liée à la présence de groupes armés. Cette instabilité provoque d’importants déplacements de population : de nombreux compatriotes ont dû abandonner leurs villages pour se réfugier dans les chefs-lieux de préfectures. Il est donc impératif de leur apporter un accompagnement adapté. Quant à la région de la Kara, son choix s’explique non seulement par sa proximité immédiate avec celle des Savanes, mais également par sa position frontalière avec le Bénin, qui génère des flux migratoires constants entre les deux pays. Notre enveloppe budgétaire ne nous permettant pas de couvrir l’ensemble du territoire national, nous avons opté pour les zones les plus stratégiques en matière d’intervention », explique Anne Colette KPEDJI, Directrice exécutive de WiLDAF-Togo.

Anne Colette KPEDJI, Directrice exécutive de WiLDAF-Togo.

Bien que de nombreuses activités soient prévues par le projet au Togo, l’initiative phare résidera dans l’instauration d’un mécanisme de concertation, dont la mise en œuvre s’étendra sur une année.

« Cette activité débutera par une phase d’études et de recherches, qui nous permettra d’identifier les acteurs clés à mobiliser ainsi que les procédures et politiques existantes en matière de gestion migratoire au Togo. Sur la base de ces travaux, des résultats seront produits, suivis par des activités de restitution et des séances de concertation. Il ne s’agit pas, à travers ce projet, d’imposer de nouveaux mécanismes ni de réinventer ce qui existe déjà. Nous sommes pleinement conscients que des dispositifs d’accueil et de référencement des migrants sont déjà en place. Notre objectif est avant tout d’évaluer ces procédures, d’en mesurer la pertinence, d’en identifier les éventuelles limites, et d’en discuter avec les acteurs qui les mettent en œuvre au quotidien. À l’issue de cette phase d’analyse et de concertation, les procédures ainsi améliorées feront l’objet d’une phase expérimentale dans chacun des pays concernés », explique Fabrice Komi Déla GNAVOR, Chargé du projet à WiLDAF-Togo.

Il faut rappeler que le projet OUESTAF est financé par l’Union européenne (UE) et mis en œuvre conjointement par les organisations WeWorld et WiLDAF-AO.

WeWorld est une organisation indépendante engagée depuis plus de cinquante ans dans les domaines de la coopération au développement et de l’aide humanitaire, intervenant dans plus de vingt pays à travers le monde.

Photo de famille à l’issue du lancement à Lomé.

WiLDAF-AO, pour sa part, est un réseau panafricain de promotion des droits des femmes. Il œuvre à renforcer les stratégies articulant le droit et le développement, dans le but de favoriser la participation active des femmes et de consolider une culture fondée sur le respect et l’exercice effectif de leurs droits à travers le continent africain.