Torture : Le Togo à un niveau de risque “considérable”, que révèle l’indice mondial de l’OMCT ?

Société Civile Médias
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Last Updated on 09/07/2025 by Société Civile Médias

(Société Civile Médias) – Premier outil mondial de données sur le risque de torture et de mauvais traitements, l’indice mondial de la torture a été lancé le 25 juin dernier par l’OMCT (Organisation Mondiale Contre la Torture). Véritable baromètre de l’état de droit, cet indice évalue non seulement la probabilité d’exposition à la torture, mais aussi la conformité des États à la Convention des Nations Unies contre la torture. Parmi les pays évalués lors de cette phase pilote figure le Togo, dont l’analyse a été rendue possible grâce à la contribution du Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT), entre autres. Dans cette interview, Guy Valère Badanaro (photo), Coordonnateur du Programme régional Afrique du CACIT, revient sur les enjeux de cet indice, les résultats spécifiques au Togo, les recommandations prioritaires issues de l’évaluation, ainsi que les perspectives d’évolution à la lumière des événements récents dans le pays.

Qu’est-ce que l’Indice mondial de la torture et quelle est son importance ?

L’outil présenté est l’Indice mondial de la torture de l’OMCT (Organisation Mondiale Contre la Torture). Il s’agit d’un outil scientifique qui vise à mesurer le risque pour une personne d’être soumise à la torture dans les pays évalués. Il mesure d’abord ce risque, puis effectue une analyse qui vient évaluer l’ordonnancement juridique interne des États au regard de la conformité à la Convention contre la torture. En effet, tous les États ayant ratifié la Convention contre la torture ont un certain nombre d’obligations au niveau interne. Cet index mesure donc cette conformité et évalue également le risque d’être soumis à la torture.

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Cette évaluation s’appuie sur 400 indicateurs répartis en sept thématiques. Cela permet d’établir un diagnostic global de la situation de la torture dans le pays évalué et d’identifier les problèmes qui surgissent lors de cette évaluation. Ce faisant, il permet aux parties concernées de prendre les mesures nécessaires pour lutter plus efficacement contre la torture.

L’indice mondial de la torture a donc été publié le 25 juin dernier. Parlez-nous du Togo. Comment le Togo se positionne-t-il ? Par rapport aux autres pays, des efforts ont-ils été déployés dans ce sens pour lutter contre la torture au Togo ?

Pour cette phase pilote en Afrique, sept pays ont été évalués. Parmi ces sept pays, quatre figurent parmi les pays où les risques sont très élevés. Deux autres figurent parmi les pays où les risques sont élevés. Pour le Togo, le risque est considérable. Il n’est pas très faible, mais moyen. Cela signifie donc que, par rapport à d’autres pays africains évalués, par exemple, le Togo se trouve dans une bonne situation par rapport à la RDC, au Cameroun et à la Libye, où des cas de torture sont également documentés.

Nous avons constaté que, dans tous les pays évalués, il existe un risque d’être soumis à la torture. En réalité, le risque de torture est présent dans tous les pays. Le Togo, à cet égard, se positionne comme un pays où le risque est considérable, mais pas très élevé par rapport aux autres pays évalués.

Alors, compte tenu des derniers événements survenus au Togo, notamment les manifestations des 6, 26, 27, 28 juin, y a-t-il un risque que le pays, lors du prochain classement, passe d’un niveau à un autre par rapport à ce qui s’est passé cette année ?

Cela dépend. Il n’existe pas un seul indicateur permettant d’évaluer les pays. J’ai dit qu’il y en avait sept. Cela signifie donc qu’un indicateur peut être très élevé, un autre faible, mais dans la note globale, ce sera beaucoup plus une note d’ensemble. On ne peut donc pas prédire s’il augmentera ou diminuera, mais cela dépendra de l’analyse de l’année écoulée. Il se peut que des événements se soient produits ces derniers jours, mais d’autres pourraient survenir dans les jours à venir, et tous ces événements contribueront à l’analyse de la situation. C’est donc à partir de là que nous pourrons savoir, l’année prochaine, où se situera le Togo. Nous ne pouvons donc pas dire avec certitude si ce positionnement sera meilleur ou pire. Mais ce que nous savons aujourd’hui, c’est que le positionnement que nous occupons est le risque considérable.

Y a-t-il des recommandations ?

Oui, bien sûr. Il y en a trois principales. La première concerne le niveau de conformité. Les États devraient pouvoir garantir que leur ordonnancement juridique interne soient conformes aux exigences de la Convention contre la torture. La deuxième recommandation concerne l’amélioration des conditions de détention, car, dans le cas du Togo, par exemple, nous avons évoqué le taux de surpopulation carcérale et le taux de détention préventive. Cela met l’accent sur les conditions de détention. Alors, oui, il faut améliorer les conditions de détention, puis renforcer les mécanismes d’enquête et de réparation à l’endroit des victimes. Voilà donc trois recommandations clés qui nous semblent essentielles. Merci.