Last Updated on 14/07/2025 by Société Civile Médias
(Société Civile Médias) – Cadre instauré par l’Union Africaine (UA) depuis une dizaine d’années pour mesurer les progrès accomplis, mais aussi et surtout pour raviver l’engagement collectif contre la corruption sur le continent, la Journée africaine de lutte contre la corruption a été célébrée le vendredi 11 juillet au Togo autour du thème « Promouvoir la dignité humaine dans la lutte contre la corruption ». Occasion pour le président de la Haute Autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA), Aba Kimelabalou, de rappeler que la lutte contre ce fléau ne saurait se faire au mépris des droits fondamentaux des citoyens.
Dans son intervention, le président de la HAPLUCIA a d’emblée ancré son propos dans le cadre juridique africain, rappelant l’article 5 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, qui consacre le respect de la dignité inhérente à toute personne humaine. Il a insisté sur le fait que cette exigence s’impose à tous, y compris dans le traitement des personnes soupçonnées ou poursuivies pour des faits de corruption. « La protection doit être assurée même à toute personne objet de poursuites pour avoir commis une infraction de corruption », a-t-il souligné, insistant sur l’obligation pour les autorités compétentes d’agir sans atteinte à l’intégrité physique et morale des individus.

Le thème de la Journée, « Promouvoir la dignité humaine dans la lutte contre la corruption », revêt ainsi une dimension profondément stratégique. Il ne s’agit pas, selon lui, d’un simple mot d’ordre symbolique, mais d’un appel à refonder l’action publique autour des valeurs universelles que sont la justice, l’éthique, la transparence et surtout, le respect de la personne humaine. « Promouvoir la dignité humaine dans la lutte contre la corruption, c’est refuser de réduire les êtres humains à des objets de transaction ou de manipulation », a-t-il affirmé, ajoutant que cette approche permet de fédérer au-delà des clivages politiques ou institutionnels.
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Le président de la HAPLUCIA a également mis en lumière le lien étroit entre corruption et atteinte aux droits fondamentaux, soulignant que ce fléau compromet gravement l’accès équitable à des services essentiels tels que l’éducation, la santé, la justice ou encore l’emploi. En sapant la confiance entre les citoyens et les institutions, la corruption prive les individus non seulement de ressources, mais aussi de leur pleine reconnaissance en tant que sujets de droit.
Un engagement continental et national renforcé
Cette journée commémore également l’adoption, en 2003, de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, dont 48 des 55 États membres sont aujourd’hui signataires. Ce cadre juridique repose sur quatre piliers stratégiques : la prévention, l’incrimination, la coopération régionale et la création d’agences indépendantes.
Au Togo, cette volonté politique s’est concrétisée par une série de réformes législatives et institutionnelles : création de la HAPLUCIA, de la Haute Autorité pour la transparence et l’intégrité, renforcement des inspections d’État, de la Cour des comptes, de l’OTR ou encore de la CENTIF.
Le chef de l’État, Faure Gnassingbé, a été salué par M. Kimelabalou comme « un homme d’État visionnaire » ayant su faire de l’éthique publique un levier de développement inclusif. L’accent est également mis sur la collaboration active avec les organisations de la société civile, notamment à travers un cadre de concertation créé pour coordonner les actions anticorruption.

HAPLUCIA, quelles actions depuis sa création ?
Depuis sa création, la HAPLUCIA a déployé un ensemble d’actions structurantes, tant sur le plan de la prévention que de la répression et de la coopération.
Sur le plan préventif, l’institution a piloté l’élaboration et la mise en œuvre du Plan stratégique 2019–2023, qui a servi de feuille de route nationale. À cela s’ajoutent :
Une vaste campagne nationale de sensibilisation à la lutte contre la corruption et les infractions assimilées ; l’organisation de sessions de formation à l’endroit des agents publics et privés, pour les outiller juridiquement et éthiquement ; la réalisation d’une étude sur la perception et le coût de la corruption au Togo, dont les résultats ont été diffusés largement pour informer le débat public ; l’élaboration de la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la corruption, document de référence qui structure l’action de l’État et de ses partenaires.
Sur le plan répressif, la HAPLUCIA a enregistré, de 2018 à 2025, 103 plaintes et dénonciations, actuellement à divers niveaux de traitement. Ces signalements concernent des faits de détournement, d’abus de fonction ou de favoritisme, et témoignent d’une plus grande liberté de dénonciation dans l’espace public togolais.
Du côté de la coopération, la HAPLUCIA a initié un cadre formel de concertation réunissant les principaux organes de contrôle et les partenaires de la société civile. Ce mécanisme permet une meilleure coordination, évite les doublons institutionnels, et renforce la cohérence de la politique anticorruption nationale. À l’international, elle participe activement aux échanges avec ses homologues africains via le Réseau des Institutions Nationales de Lutte contre la Corruption en Afrique de l’Ouest (RINLCAO) et l’Association africaine des Autorités Anti-corruption (AAACA).

Le Togo bénéficie par ailleurs de soutiens multiformes de partenaires techniques et financiers, tels que l’ONUDC, la Banque mondiale, l’Union européenne, la BAD, le PNUD, ainsi que des pays partenaires comme l’Allemagne, les États-Unis ou l’Égypte.