Last Updated on 18/07/2025 by Société Civile Médias
(Société Civile Médias) – Dans la commune de Bas-Mono 2, au sud du Togo, les femmes paysannes font face à une précarité économique persistante, aggravée par le poids des traditions, la faiblesse des moyens de production et les effets du changement climatique. Dépendantes d’une agriculture de subsistance fragilisée, elles peinent à développer des activités économiques viables. Pour briser ce cercle de vulnérabilité, l’Association Racine Féminine a lancé le « Projet d’autonomisation économique des femmes paysannes de la commune de Bas-Mono 2 ». Une initiative soutenue financièrement par le projet FAME et dont la première activité a réuni deux groupements de femmes autour d’une formation pratique. Objectif : renforcer leurs capacités en gestion des activités génératrices de revenus, tout en leur transmettant des compétences techniques comme la fabrication d’éventails et de foyers améliorés.
Au Togo, la préfecture de Bas-Mono, située dans la région Maritime, figure parmi les zones du pays où les femmes rencontrent les plus grandes difficultés. Cette vulnérabilité est particulièrement marquée chez celles œuvrant dans le secteur agricole, notamment dans les activités de production et de transformation du manioc et de la noix de coco.
« La majorité des familles de cette région vivent de l’agriculture de subsistance, une activité vitale mais fortement compromise par des conditions climatiques défavorables et de lourdes contraintes économiques. Entre la récurrence des sécheresses, la fréquence des inondations, le manque de financements et l’absence d’équipements modernes pour la transformation des produits agricoles, les femmes se retrouvent dans une précarité croissante, ce qui restreint considérablement leurs perspectives d’autonomisation économique », déplore Adjo Nadège K. GUEMEDI, Directrice exécutive de l’Association Racines Féminines, une organisation qui œuvre pour une autonomisation durable des femmes du Bas-Mono à travers des actions ciblées.
- Advertisement -
À ces difficultés d’ordre économique et environnemental s’ajoutent des freins socioculturels profondément ancrés, qui contribuent à perpétuer la vulnérabilité des femmes de la préfecture de Bas-Mono. Parmi ceux-ci, la polygamie occupe une place centrale. Cette pratique, encore largement répandue dans la région, engendre une insécurité affective et sociale chez de nombreuses femmes.
« Celles-ci vivent dans la crainte constante de voir leur conjoint prendre une nouvelle épouse et investissent la totalité de leurs revenus dans le foyer familial, ce qui freine leur capacité à développer et à pérenniser leurs activités économiques. Cette pression sociale réduit leur indépendance financière et restreint leur pouvoir de décision, les maintenant dans une position de dépendance et de fragilité économique », explique la responsable de l’Association Racine Féminine.
Consciente des défis auxquels ces femmes sont confrontées, l’Association Racines Féminines s’emploie à valoriser leurs activités et à renforcer leur leadership économique. Par cette démarche, elle vise non seulement l’amélioration de leurs conditions de vie, mais également la promotion d’un développement local plus inclusif et durable. C’est dans cette optique que s’inscrit le « Projet d’autonomisation économique des femmes paysannes de la commune de Bas-Mono 2 », mis en œuvre avec l’appui financier du projet FAME (Féminisme : Actions et Mobilisation pour une économie inclusive). L’initiative prévoit une activité de renforcement des capacités de deux (02) groupements de femmes sur les AGR, en développement organisationnel et une formation sur la fabrication des éventails et des foyers améliorés. Une activité qui s’est déroulée du 15 au 16 mai dernier.
30 femmes formées pour entreprendre durablement
Bien qu’elles jouent un rôle actif dans la dynamique socio-économique de la commune du Bas-Mono, de nombreuses femmes demeurent insuffisamment outillées pour structurer, rentabiliser et pérenniser leurs initiatives économiques. C’est dans cette perspective que l’Association Racine a initié à l’endroit de 30 femmes des deux groupements bénéficiaires de son projet une formation sur les Activités Génératrices de Revenus (AGR). L’objectif est de leur transmettre les compétences essentielles à la mise en œuvre d’activités économiques viables, durables et en adéquation avec leur environnement local.
À travers sept modules interactifs, les participantes ont été initiées aux différents types d’AGR (agricoles, artisanales, commerciales, services), à l’analyse des opportunités locales, à la planification d’activités simples et à la gestion financière de base. La formation a également couvert les techniques de commercialisation, l’importance du suivi régulier des performances, et les stratégies d’adaptation face aux difficultés.
Des exercices pratiques, des jeux de rôles et des discussions autour de cas réels ont permis aux femmes de renforcer leur confiance et de mieux se projeter dans leurs futurs projets.
Par ailleurs, les femmes ont également bénéficié de formations en développement organisationnel ainsi qu’en techniques de fabrication d’éventails et de foyers améliorés. Cette formation vise à renforcer les capacités techniques et organisationnelles des femmes afin de promouvoir leur autonomisation économique, d’encourager l’entrepreneuriat local, et d’améliorer leurs conditions de vie à travers des AGR.
D’une durée de 4 ans, le projet FAME est un projet mené au sein d’un Consortium piloté par le GERES. Il est implémenté dans quatre régions de l’Afrique de l’Ouest, Afrique du Nord, Asie du Sud, Amérique latine et les Pays d’intervention sont au nombre de 10, dont le Togo avec comme cible, essentiellement les organisations féministes. L’objectif principal du projet FAME est de renforcer l’autonomisation économique et le pouvoir d’agir des femmes, personnes LGBTQIA+ et OSC féministes des Suds.
