Last Updated on 19/07/2025 by Société Civile Médias
(Société Civile Médias) – L’événement se voulait à la fois militant et convivial. Porté par plusieurs organisations de défense des droits des femmes et baptisé « Cocktail féministe : sororité – engagement – liberté », ce rendez-vous, tenu le samedi 12 juillet à Lomé, a permis à des militantes féministes de mêler débats de fond, récits personnels et discussions libres dans une atmosphère détendue. Les échanges ont essentiellement porté sur la solidarité active entre femmes, les moyens de transmettre le féminisme aux plus jeunes générations, ainsi que la question, souvent négligée, du soin de soi et la manière de l’assumer sans culpabilité.
La rencontre était portée par plusieurs associations engagées dans la promotion des droits des femmes et le développement social, parmi lesquelles figurent FEDIA (Familles Engagées pour le Développement Intégral en Afrique), AGPEF (Alliance Globale pour la Protection de l’Enfant et de la Femme), GAID (Groupe d’Appui aux Initiatives Durables), IFD (Initiative Féminine pour le Développement), AMD (Association Mains de Développement) ainsi que CFV-Togo. Elle a rassemblé des activistes féministes en présentiel, mais aussi en ligne.

À l’origine de l’initiative, un besoin profondément ressenti par de nombreuses militantes : celui de se ménager un temps pour soi, car dans un quotidien souvent saturé de responsabilités professionnelles, domestiques et parentales, les femmes engagées peinent à s’accorder des instants de répit.
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« Aujourd’hui, la majorité des féministes n’ont tout simplement plus de temps pour elles. Si ce ne sont pas les tâches ménagères, ce sont les enfants, le travail, les obligations matérielles qui les occupent au quotidien », explique Essè Mazalo Badao Pierrette, Secrétaire générale du Conseil d’Administration de FEDIA.
Face à cette réalité, l’idée du « cocktail féministe » s’est imposée comme une réponse. Il s’agissait de créer un moment pour décompresser, discuter, échanger des conseils, mais aussi et surtout, pour s’autoriser à jouer, à se détendre, à s’amuser, sans pression ni justification.
« Etre forte, ce n’est pas tenir jusqu’à l’épuisement. Chaque femme qui s’accorde du repos brise une chaîne invisible. Prendre du temps pour soi, ce n’est pas fuir la lutte féministe, c’est la rendre plus durable. C’est dire : “je compte aussi », indique Délali Apegnowou, l’une des instigatrices de ce cocktail féministe.

« Nous avons ressenti la nécessité de prendre du temps pour nous-mêmes. Il s’agissait avant tout de nous retrouver, car depuis un certain temps, chacune mène ses activités de manière isolée. Ce moment est l’occasion de renouer les liens, d’échanger et de partager des choses entre nous », ajoute Laure Amoussou-Amana, Directrice exécutive de l’association AGPEF.
Bien que placée sous le signe de la convivialité, cette rencontre a également offert un cadre propice à des échanges de fond. Elle a non seulement permis à ces militantes des droits des femmes de raviver les liens d’amitié et de solidarité qui les unissent, mais surtout de réfléchir ensemble aux obstacles entravant l’engagement féministe au Togo, dans un contexte où cette cause demeure, à bien des égards, mal comprise voire stigmatisée.

Selon Adoudé Tounou, Directrice exécutive de l’association GAID, un travail de fond s’avère nécessaire afin de dissiper les malentendus et de réhabiliter pleinement le sens et la légitimité de l’engagement féministe.
« Le féminisme ne devrait ni prêter à confusion ni susciter de perceptions négatives, car il incarne, en réalité, les actions que nous menons au quotidien. Nous œuvrons en faveur d’une égalité réelle entre les femmes et les hommes, tant dans la sphère familiale que dans la société. Il s’agit là d’un combat noble. Or, force est de constater qu’au regard du contexte actuel de notre pays, le féminisme est souvent mal perçu. Plus préoccupant encore, certaines personnes qui devraient en être les premières porteuses, s’avèrent parfois être des freins à cette dynamique. Nous aspirons donc à engager un travail en profondeur, à tous les niveaux de la société, afin que chacun saisisse la légitimité et la portée bénéfique de la cause féministe », fait savoir Adoudé Tounou.


« Le patriarcat nous monte l’une contre l’autre. Quand une femme s’autorise à se reposer sans culpabilité, elle donne la permission aux autres d’en faire autant. Quand une femme soutient une autre sans la juger, elle casse un maillon du patriarcat », soutient pour sa part Totine Kolani, Directrice exécutive de l’ONG IFD.
Une autre question essentielle abordée au cours du cocktail a porté sur comment transmettre le féminisme aux plus jeunes, dans le but d’en faire des citoyennes et citoyens éclairés, engagés et pleinement conscients des enjeux liés à l’égalité entre les sexes.
Intéressant instant de partage d’expérience lors des échanges sur comment transmettre le féminisme aux plus jeunes.
Parmi les pistes privilégiées, l’accent a été mis sur l’impératif d’intégrer les principes d’égalité dans l’éducation dès le plus jeune âge, de sensibiliser et former tant les éducateurs que les parents à ces enjeux, et de promouvoir l’engagement associatif des jeunes en leur présentant le féminisme comme une expression légitime et constructive de la citoyenneté.
Instants de détente lors du cocktail
Par ailleurs, le cocktail féministe a également été ponctué de moments de détente, au cours desquels les militantes présentes ont pu se ressourcer à travers des instants conviviaux de musique et de danse. Ces pauses, entre deux temps d’échange, ont aussi servi de cadre à une sensibilisation sur prendre soin de soi. Il a en effet été rappelé aux participantes l’importance de préserver leur bien-être physique et mental, et de s’autoriser à se reposer et a profité pleinement de la vie sans culpabilité, pour mieux se recentrer dans un engagement militant souvent exigeant.

Forts du succès de cette première édition, les organisateurs ont exprimé leur volonté de pérenniser ce rendez-vous. L’objectif est d’en faire un espace régulier d’échanges et de réflexion, afin de renforcer les dynamiques féministes à l’échelle locale et nationale.