Last Updated on 24/07/2025 by Société Civile Médias
(Société Civile Médias) – Un peu plus d’un an après avoir rassemblé des journalistes togolais autour des thématiques de la cybersécurité et de la protection physique en journalisme d’investigation, Togo Reporting Post (TRP) réitère l’initiative, toujours à Atakpamé (environ 160 km au nord de Lomé). Avec l’appui de Reporters sans frontières (RSF), cette organisation engagée en faveur du journalisme d’investigation convie à nouveau des professionnels de médias, cette fois afin de les former aux méthodes et outils d’enquête appliqués aux questions environnementales.
À en croire les organisateurs de l’atelier, le thème choisi se justifie par l’urgence et la complexité croissantes des enjeux environnementaux. Une situation qui appelle à une vigilance accrue de la part des médias.

Alors que les effets du changement climatique, de la dégradation des écosystèmes et de l’exploitation abusive des ressources naturelles se font de plus en plus sentir sur les communautés, les journalistes ont un rôle déterminant à jouer pour enquêter, informer et alerter. Pourtant, le traitement de ces questions demeure souvent superficiel ou relégué au second plan, faute de formation spécialisée. C’est dans cette optique que Togo Reporting Post a décidé de doter les professionnels des médias d’outils méthodologiques et techniques nécessaires pour mener des investigations approfondies sur les problématiques environnementales.
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« Travailler sur les questions environnementales exige des compétences spécifiques. Il est essentiel de faire émerger un véritable journalisme d’investigation, capable d’aller au-delà des apparences pour révéler ce qui est souvent caché derrière les enjeux écologiques », a souligné Pierre Claver KUVO, coordonnateur du TRP, lors de l’ouverture de l’atelier de formation.

La formation est dispensée par trois intervenants de renom, reconnus pour la qualité de leur expertise dans le domaine. Il s’agit de Sena Alouka, journaliste environnementaliste togolais, Directeur exécutif de l’ONG Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE) et entrepreneur social engagé de longue date en faveur du climat et du développement durable sur le continent africain ; de Mme Marie-Louise Mamgue, journaliste camerounaise et rédactrice en chef de DataCameroon, une plateforme d’information spécialisée dans le datajournalisme et le journalisme d’investigation ; ainsi que de M. Alexandre Brutelle, journaliste d’investigation, formateur, cofondateur et directeur de l’Environmental Investigative Forum (EIF).
Une formation qui allie théorie et pratique
Pendant les trois jours que durera l’atelier, les participants bénéficieront d’un programme riche et structuré, conçu pour leur offrir à la fois une compréhension théorique des enjeux environnementaux et des compétences pratiques en investigation. La formation s’articulera autour de plusieurs modules, allant de l’introduction aux concepts clés à la maîtrise d’outils techniques de pointe.

Les travaux débuteront par un module intitulé « Médias et justice environnementale : de la compréhension à l’action », qui vise à situer le rôle du journalisme dans la défense de l’environnement et des communautés affectées. Les participants seront ensuite initiés aux différentes étapes de la conduite d’une enquête, notamment à travers le module « Planification et réalisation d’une enquête environnementale ».


Le volet méthodologique sera approfondi avec des sessions dédiées à la planification, la rédaction d’un pitch d’enquête et l’élaboration d’un budget, compétences essentielles pour monter des projets journalistiques ambitieux. Un accent particulier sera mis sur le journalisme de données, à travers une introduction aux fondements de cette pratique, suivie d’un module technique sur les outils d’analyse et de traitement de données.
Par ailleurs, les participants seront également initiés à l’ECOSINT, une approche innovante de l’investigation environnementale fondée sur l’exploitation de bases de données ouvertes et d’outils en ligne, ainsi qu’aux techniques de cartographie, à l’imagerie satellite et au croisement de données, autant de ressources précieuses pour appuyer visuellement et factuellement leurs enquêtes.
Enfin, l’atelier inclura un atelier d’écriture consacré à la production autour des priorités sociales et environnementales, ainsi qu’une séance de réflexion sur la désinformation climatique, afin de permettre aux journalistes d’éviter les pièges de la manipulation et des fausses informations dans ce domaine sensible.

Il est également à noter que les journalistes sélectionnés pour participer à cet atelier ont été invités, en amont, à soumettre des propositions de sujets d’enquêtes environnementales. À l’issue de la formation, les propositions les plus pertinentes seront retenues. Ces enquêtes bénéficieront d’un accompagnement financier et technique, permettant ainsi aux journalistes de passer de la théorie à la pratique en menant des investigations de terrain approfondies.