Togo : L’ONG AAVOED mobilise les femmes de Doufelgou pour une transition écologique par le charbon bio et les foyers améliorés

Société Civile Médias
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Last Updated on 28/07/2025 by Société Civile Médias

(Société Civile Médias) – Dans la préfecture de Doufelgou, située à environ 440 km au nord de Lomé, l’ONG AAVOED (Aide et Action à la Veuve, à l’Orphelin et à l’Enfant Déshérité) fait des femmes des pionnières de la production de charbon bio et de foyers améliorés, en substitution du charbon de bois traditionnel et du bois de chauffe. Une ambition concrétisée par le projet « Femme Vulnérable engagée dans la Protection de l’Environnement par le biais de l’utilisation des combustibles propres : objet d’autonomisation », qui place l’écologie au service de l’émancipation féminine. Financée dans le cadre du projet FAME, cette initiative a offert à l’ONG AAVOED l’opportunité de former cinquante femmes, issues de dix groupements féminins, à la fabrication de charbon biologique et de foyers améliorés.

Table d’honneur lors du lancement du projet.

Le projet « Femme Vulnérable engagée dans la Protection de l’Environnement par le biais de l’utilisation des combustibles propres : objet d’autonomisation » découle d’un double constat préoccupant : d’une part, la forte dépendance des ménages aux combustibles traditionnels tels que le bois de chauffe et le charbon de bois, dont l’utilisation massive accélère la déforestation et aggrave la dégradation de l’environnement dans la ville de Niamtougou ; d’autre part, la précarité économique persistante des femmes de ce milieu, souvent privées d’opportunités d’autonomisation.

Consciente de ces enjeux, l’ONG AAVOED a vu dans la promotion des combustibles propres une réponse durable à la fois aux défis environnementaux et à la nécessité de renforcer les capacités économiques des femmes.

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La présidente de l’ONG AAVOED (au micro) lors du lancement du projet.
Vue partielle des bénéficiaires et des autorités présentes lors du lancement.

« Dans nos communautés, les femmes sont au cœur des dynamiques familiales et économiques, mais elles manquent souvent d’opportunités concrètes pour améliorer leurs conditions de vie », explique Me Molgah Abougnima-Kadjaka, présidente de l’ONG AAVOED. « En initiant ce projet, notre objectif était double : proposer une alternative écologique à l’exploitation abusive du bois, tout en dotant les femmes savoir-faire porteurs d’activités rémunératrices. Le charbon bio et les foyers améliorés représentent pour nous une passerelle entre la préservation de l’environnement et l’émancipation économique des femmes rurales », ajoute-t-elle.

Tournée de sensibilisation des scoops, étape de Niamtougou.

Ce projet poursuit donc plusieurs objectifs, tous orientés vers une transformation durable des pratiques locales et une amélioration concrète des conditions de vie des bénéficiaires. Il s’agit de faire de ces groupements de femmes de véritables pionnières dans la production de charbon biologique et de foyers améliorés, en substitution aux combustibles traditionnels fortement nuisibles à l’environnement ; d’encourager les femmes formées à faire de cette activité une source de revenus à part entière en structurant leur production et en développant des circuits de distribution locaux ; de sensibiliser la population locale afin de l’amener à prendre conscience des enjeux liés à la déforestation et à l’épuisement des ressources naturelles ; de contribuer au renforcement des liens sociaux et de la solidarité communautaire en favorisant le travail en groupe et l’entraide entre femmes issues de différents villages et cantons de la préfecture de Doufelgou.

Une approche en trois volets pour un impact global

Le projet s’est décliné en trois volets complémentaires, conçus pour maximiser à la fois l’impact environnemental, économique et social de l’initiative.

Le premier volet portait sur la production de charbon bio. Les femmes ciblées ont été formées aux techniques de fabrication de charbon à partir de déchets végétaux domestiques à savoir épluchures, feuilles mortes, résidus de cuisine… Autant de matières premières jusqu’alors négligées, mais qui ont été valorisées dans un processus de recyclage local. Cette démarche a permis de réduire la dépendance au bois et au charbon de bois, dont l’utilisation excessive contribue fortement à la déforestation dans la région.

Le second volet était axé sur la fabrication de foyers améliorés. Ces dispositifs, conçus pour optimiser la combustion et réduire les pertes d’énergie, ont complété efficacement l’usage du charbon bio. Grâce à leur introduction, la consommation de combustibles domestiques a été mieux maîtrisée, ce qui a permis d’alléger les charges énergétiques des ménages tout en préservant les ressources naturelles.

Le produit fini.

Enfin, le troisième volet consistait en des activités de formation et de sensibilisation. Les participantes ont été informées des impacts environnementaux liés à l’usage des combustibles traditionnels et ont été accompagnées pour s’approprier les nouvelles pratiques introduites. Cette phase a contribué à faire émerger une conscience écologique locale, tout en incitant les femmes à considérer ces compétences comme de véritables opportunités économiques, susceptibles de déboucher sur des activités génératrices de revenu.

« Ces femmes que nous avons formées aujourd’hui sont appelées à devenir des actrices d’un changement profond dans leur communauté. En leur transmettant ces savoir-faire, nous leur donnons les moyens de prendre en main leur avenir, tout en contribuant à la préservation de notre environnement », indique la présidente de l’ONG AAVOED.

À l’issue de cette phase de formation, les cinquante femmes issues des dix groupements sélectionnés ne sont pas seulement reparties avec de nouvelles compétences techniques ; elles ont également été investies d’un rôle de relais communautaire. Elles auront pour mission de former à leur tour d’autres femmes de leurs localités respectives, afin d’élargir l’impact du projet et d’ancrer durablement ces pratiques respectueuses de l’environnement dans les habitudes locales.