(Société Civile Médias) – Récemment primée aux 6è Trophées Initiatives Climat Afrique Francophone (ICAF) au Maroc, Eco-Impact n’a pas volé sa distinction. Cette année, l’association a de nouveau marqué de son empreinte le secteur de l’agroécologie au Togo à travers ses actions dans le domaine agricole et environnemental, et notamment avec la deuxième édition de son Programme dénommé “Ecole paysanne agroécologique” (EPA). Après plus de 400 paysans formés en 2021, ce sont 520 autres dont 244 femmes et 276 hommes qui ont été outillés cette année grâce à cette initiative tenue dans trois régions du Togo (Maritimes, Plateaux et Kara) de septembre à novembre 2022. Et ce n’est pas fini, puisque l’organisation a fait un clin d’œil aux enfants et aux jeunes à travers son programme d’éducation environnemental et d’initiatives écologiques intitulé “Héritage Ecologique”.
Lancé en 2021 avec la première édition, le programme EPA se veut une solution à la dégradation des terres et de l’environnement, aux intoxications alimentaires qui, non seulement menacent la sécurité alimentaire et l’environnement, mais aussi causent la perte de la productivité chez les agriculteurs.
A en croire ses initiateurs, son objectif est de contribuer à la sécurité et à la souveraineté alimentaire à travers la gestion durable des terres et de renforcer la résilience des paysans, des groupes de coopératives agricoles, des populations et des communautés face aux changements climatiques. Une initiative salutaire quand on sait que les intrants chimiques (engrais, pesticides) sont de plus en plus utilisés au Togo. En guise d’exemple, au cours de la campagne agricole 2020-2021, au moins 120 000 tonnes d’engrais chimique ont été mis à la disposition des agriculteurs.
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« La situation est telle qu’il devient très urgent d’œuvrer et de contribuer pour changer la tendance, notamment à travers la promotion des pratiques agricoles qui permettent de restaurer et régénérer rapidement les sols agricoles dégradées, faciliter l’autonomisation des paysans et les outiller à réduire leurs dépendance face aux intrants chimiques et aussi d’améliorer leur situation socio-économique . C’est pour l’atteinte de cet objectif que le programme EPA a été initié », indique Jean-Charles Sossou, président d’Eco-impact et principal formateur.
Concentrée aux localités du sud lors de la première édition, la formation de cette année s’est étendue au nord-Togo comme l’avaient promis les organisateurs. En tout 7 localités de 5 préfectures en ont bénéficié. Il s’agit de Kévé et Aneho-Gakondji dans la région Maritime ; Tové, Agou, Kpélé & Danyi, Blifou dans la région des Plateaux ; Sanda Kagbanda et Sanda Afohou dans la région de la Kara.
Ainsi donc, d’un peu plus de 400 en 2021, le nombre de bénéficiaires de la formation est passé à 520 cette année, dont 244 femmes et 276 hommes. Il s’agit essentiellement de paysans, de jeunes entrepreneurs agricoles, de jeunes d’étudiants désireux d’apprendre, d’approfondir ou d’améliorer leurs connaissances sur les techniques et pratiques agroécologiques.
« Nourrir sainement le sol pour nourrir sainement les hommes »
C’est le thème retenu pour la deuxième édition de l’EPA. Un thème évocateur de l’idée qui sous-tend le programme depuis son lancement : celle de contribuer à la sécurité et la souveraineté alimentaire à travers la gestion naturelle de la fertilité des terres agricoles, à travers la gestion durable des nuisibles en général, et de promouvoir les savoirs et savoir-faire paysans pour un sol sain et une alimentation saine en particulier. L’acte 2 de l’EPA a donc consisté essentiellement en des rencontres de formations collaboratives à la carte, des ateliers paysans, des échanges et de partages d’expériences, des orientations et des accompagnements.
D’après Jean-Charles Sossou, ce sont des formations collaboratives de ”paysans à paysans” dont la méthodologie est basée sur l’andragogie. Une méthodologie qui a également permis de collecter d’autres bonnes pratiques auprès des paysans et cultivateurs participants et d’outiller d’autres sur ces bonnes pratiques.
Comme lors de la première édition, une panoplie de thématique a été abordée au cours de la formation de cette année qui a reçu l’appui des partenaires comme Pain pour le Monde, Alliance for Food Sovereigny in Africa (AFSA) et Seed and Knowledge Initiative (SKI). Ce qui a permis aux bénéficiaires de renforcer leurs capacités et de se doter des savoirs et des savoir-faire pour un sol sain et une alimentation saine.
Gestion naturelle de la fertilité du sol ; gestion durable et efficace des nuisibles ; lutte contre les agressions avec des plantes en lieu et place des pesticides chimiques qui polluent l’environnement et détériorent la santé ; le programme fait la promotion des plantes qui luttent efficacement contre les ravageurs sans détruire l’environnement. La conservation de la biodiversité ; la gestion durable de l’eau ; la bio-irrigation en espace agricole ; l’agroforesterie ; la conservation des semences paysannes ; la gestion post-récolte des produits agricoles (transformation et conservation); l’élevage amélioré ; la Certification locale ; le Bio SPG (Système Participatif de Garantie) pour l’accès aux marchés durables et rémunérateur ; tout a été passé au peigne fin.
Par ailleurs, les activités ont été également consacrées à la production de biofertilisants, le biochar, les bioprotecteurs et biostimulants de croissance des plantes et des microorganismes. Il s’agit d’amener les paysans à réduire voir à mettre un terme à l’utilisation, parfois très abusive, des engrais et autres produits chimiques et à privilégier l’usage des produits naturels, organiques pour un sol sain et une alimentation saine.
« Les participants ont appris à produire le Bokashi, le Super Magro liquide et solide, le compost, les phosphites, le biochar, le bouillon de sang animal. Ils ont également été formés pour produire l’apichi, le bouillon de cendre, le bouillon de chaux soufrée, la solution (bioinsecticides, biofongicide… ) à base des minéraux (cendre de bois, poudre de roche) et des feuilles, des graines ou écorses des plantes (neem, tabac, piment, ortie, kinkeliba, margose, papayer…), les microorganismes indigènes et microorganismes autochtones bénéfiques (MAB), le Trichoderma, les semences de microorganismes natives (SMN) etc », indique Jean-Charles Sossou.
Alors que l’EPA se veut un espace de partage, une classe paysanne indépendante pour des ateliers paysans afin de favoriser le dialogue, la réflexion en commun et le partage des expériences autour des questions majeures de l’agroécologie, des séances de sensibilisation et des débats ont également meublé la formation.
Témoignages : Un programme qui a eu des impacts
Gérant de la ferme des roniers à Tokpo (Glékopé), Kodjo Aristide Amevor dit avoir participé à la formation pour pouvoir produire sainement tout en respectant la nature.
« Et cette formation a comblé mes attentes parce qu’elle m’a permis d’acquérir de nouvelles techniques pour protéger mes cultures et travailler au bon développement de ces dernières », se réjouit-il.
« Dans le cadre de mes activités, cette formation m’a été très utile dans la mesure où elle me permet déjà de produire tout en apportant à mes cultures des matières organiques que nous avons appris à produire et en organisant des formations adaptées aux critères de l’agroécologie qui auront pour but de venir en aide aux nouveaux agriculteurs et paysans », ajoute ce participant.
Mawumalo Sakpa, cultivateur à Blifou et l’un des leaders de la coopérative “Nyonou zanzin”, se frotte déjà les mains.
« Cette formation m’a été très utile et m’a permis d’avoir plus de gains, d’améliorer mes rendements et d’éviter catégoriquement l’utilisation des intrants chimiques », confie ce paysan qui a saisi l’occasion offerte par l’EPA pour apprendre à fabriquer et utiliser les engrais organiques et biologiques comme le Bokashi, le super magro solide et liquide, ainsi que l’apichi qui est un insecticide bio dont on se sert pour le traitement des cultures agricoles.
Cultivatrice et éleveuse de poulets membre de la coopérative « A dieu la Gloire » au village de Sanda Kagbanda dans la préfecture de la Kozah, Mme Gnassingbé Akiza s’est rendue compte que les engrais chimiques, en plus de dégrader le sol, lui reviennent très chers. Elle n’a donc pas hésité à s’inscrire à cette formation.
« Nous dépensons beaucoup pour acheter de l’engrais chimique alors que nous pouvons produire de l’engrais naturel en nous servant de choses qui sont à portée de nos mains, à côté de nous. Et cela à l’avantage de nourrir et protéger nos sols au lieu de les détruire », fait remarquer la paysanne qui n’hésite pas à vanter les mérites du Bokashi, engrais qu’elle a appris à produire grâce à la formation.
« Quand j’ai essayé le Bokashi, j’ai eu non seulement un bon rendement, mais aussi des cultures de meilleure qualité. J’ai divisé le champ en deux parties et j’ai constaté moi-même la différence entre la partie où l’engrais chimique a été utilisé et celle où le Bokashi a été utilisé. Elle est nette. La formation m’a donc été très bénéfique », se réjouit-elle.
Héritage écologique
Cette année, l’Association Eco-Impact a rendu officiel son activité avec les jeunes et les enfants dans le développement durable. Elle a encore consacré des ressources (surtout techniques) pour son activité d’éducation environnementale et aux initiatives écologiques pour les jeunes et les enfants. Ceci, par le biais du programme dénommé “Héritage écologique”.
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Il s’agit d’un programme animé par les jeunes et pour les jeunes qui a permis aux seniors de sensibiliser et de transmettre aux plus jeunes une culture et une conscience écologique pour un développement durable. 25 enfants y ont participé.
« Ce programme a été essentiellement consacré aux activités de jardins potagers en formation pratique continue pour apprendre aux jeunes et aux enfants les prémices de l’agroécologie. Mais outre cette activité, plusieurs autres ont été organisées notamment des ateliers d’apprentissage, de bricolage, des projections de films documentaires, des jeux, des sketchs, des formations sur le jardin potager et sur l’hygiène et l’assainissement, le tourisme durable, les expériences scientifiques et autres », indique le président d’Eco-Impact.
Eco-Impact est une association engagée dans la protection de l’environnement, la conservation de la biodiversité et dans la diffusion et la promotion de l’Agroécologie au Togo et dans la sous-région ouest africaine. Elle travaille sur plusieurs axes parmi lesquels : la biodiversité et la gestion durable des ressources naturelles ; l’agriculture durable (Agroécologie, Agriculture biologique) ; l’eau, hygiène et l’assainissement ; le Climat et les énergies durables ; l’écocitoyenneté et l’entrepreneuriat vert.