(Société Civile Médias) – Au Togo, les projets d’énergies renouvelables prennent-ils suffisamment en compte la question du genre ? Le sujet préoccupe Les Amis de la Terre Togo d’autant plus que l’accès aux services énergétiques abordables est une condition préalable essentielle à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté. Un table ronde organisée par l’ONG a permis à divers acteurs œuvrant dans le secteur d’échanger sur la nécessité d’intégrer plus efficacement la dimension genre dans les projets d’énergies renouvelables actuels et futurs.
L’accès à l’énergie permet d’améliorer les conditions de vie des ménages en augmentant les sources de revenus et l’autonomisation des femmes en zones rurales. Au contraire, le manque d’accès freine le développement économique et la fourniture de services publics tels que les soins de santé et l’éducation, compromettant ainsi les chances de réussite des groupes les plus vulnérables, principalement constitués des femmes. C’est ce qui se remarque dans la plupart des communautés qui n’ont pas accès à l’énergie renouvelable.
L’intégration du genre dans le secteur de l’énergie renouvelable, un facteur de développement durable
D’après Assem EKUE, chargé du programme Justice climatique et Energie à l’ONG Les Amis de la Terre, intégrer le genre dans le secteur de l’énergie renouvelable revient à intégrer les préoccupations et les expériences des femmes dans la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques et des programmes liés à ce secteur afin que les femmes et les hommes bénéficient d’avantages égaux et que l’inégalité ne se perpétue pas. Toutefois, l’expérience a montré que dans ce secteur, les hommes sont largement plus privilégiés que les femmes.
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En effet, les femmes ne sont souvent pas associées aux processus de décision sur l’énergie qui dépend en grande partie des hommes. Ainsi donc, elles ne sont pas consultées quand il s’agit, par exemple, de choisir les infrastructures devant bénéficier de l’énergie. Leurs besoins prioritaires sont donc insuffisamment connus et priorisés alors qu’ils ne sont pas les mêmes que ceux des hommes.
Aussi, le secteur de l’énergie renouvelable offre plus d’opportunités d’emploi aux hommes qu’aux femmes qui ont un accès limité notamment aux formations techniques et à l’information.
Par ailleurs, selon le rapport World Energy Transitions Outlook 2022 de l’IRENA (Agence internationale pour les énergies renouvelables), le secteur de l’énergie comptera 139 millions d’emplois dans le monde d’ici 2030. Parmi ces emplois, 38,2 millions seront liés aux énergies renouvelables et 74,2 millions à d’autres secteurs liés à la transition énergétique. Cependant, des écarts notables entre les hommes et les femmes persistent en ce qui concerne les opportunités d’emploi.

Selon l’IRENA, les femmes sont moins nombreuses que les hommes à occuper des postes de direction et des emplois techniques dans le secteur des énergies renouvelables et ne représentent qu’un tiers de la main-d’œuvre de ce secteur à l’échelle mondiale. Un écart entre les hommes et les femmes qui s’explique notamment par l’inégalité d’accès à l’éducation, l’accès limité des femmes aux compétences techniques et aux possibilités de formation, ainsi que par des politiques d’entreprise inéquitables.
Comprendre la nécessité de l’intégration du genre dans les projets d’énergies renouvelables
C’est l’objectif que vise l’ONG Les Amis de la Terre Togo à travers la table ronde organisée le vendredi 10 mai dernier à Lomé. Une rencontre dont l’objectif général est d’amener les participants à comprendre l’intégration du genre dans les projets d’énergies renouvelables au Togo.
« A l’ONG les Amis de la Terre Togo, nous menons depuis un certain temps une campagne contre les énergies fossiles et promouvons les énergies renouvelables. Dans ce cadre, nous appelons à ce que tout projet mis en œuvre dans le secteur de l’énergie renouvelable prenne en compte les préoccupations de tout le monde », explique le chargé du programme Justice climatique et Energie de l’ONG.

De manière spécifique, la table-ronde a été l’occasion de discuter en profondeur de la question de la prise en compte du genre dans le secteur des énergies renouvelables, pourquoi est-ce important et où en est le Togo en ce qui concernant ce sujet.
« Nous avons sensibilisé les acteurs sur la nécessité d’écouter les préoccupations des uns et des autres avant l’exécution de ces projets parce que les préoccupations des femmes ne sont pas forcément celles des hommes. En écoutant tout le monde, on permet au projet de sortir un résultat qui bénéficie à tout un chacun », soutient le chargé du programme Justice climatique et Energie de l’ONG.
A noter que l’intégration du genre dans le secteur des énergies renouvelables est crucial pour le développement socio-économique et la durabilité environnementale. Pour les Amis de la Terre, il est donc important d’incorporer les contributions et les préoccupations des femmes et des hommes dans le projets liés à ce secteur afin que l’accès à l’énergie hors réseau connaisse un essor, surtout dans les zones rurales.