(Société Civile Médias) – A 41 ans, Paloupouguini Maxime OUOBA peut se réjouir de son parcours académique et professionnel très rythmé. Consultant/formateur, le jeune burkinabé a fait du développement local et personnel, de l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes et du leadership ses domaines de prédilection depuis près d’une quinzaine d’années. Coach mais aussi écrivain, Maxime OUOBA a su étendre son impact à travers plusieurs ouvrages, chacun explorant des thèmes cruciaux tels que l’éducation, l’entrepreneuriat ou encore l’équilibre entre vie professionnelle et familiale. Dans cette interview, il évoque son parcours et et les domaines dans lesquels intervient son cabinet dénommé “YANFODAANO Form-Action”. M. OUOBA parle également des inspirations derrière ses écrits, et sa vision pour l’avenir du développement local en Afrique. Lisez plûtot.
Sociologie, développement, entrepreneuriat…Nos recherches nous ont permis de nous rendre compte que vous avez plusieurs cordes à votre arc. Monsieur Maxime OUOBA, pouvez-vous vous présenter brièvement à ceux qui ne vous connaissent pas ?
Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez. Je peux dire que je suis Sociologue de formation, entrepreneur de profession et écrivain par vocation. J’interviens à mon propre compte et au compte des partenaires qui me font confiance en tant qu’expert en autonomisation sociale et économique. Je suis le promoteur du Centre d’Innovations et d’Expertises YANFODAANO Conseil et Form-Action.
Vous avez eu un parcours académique impressionnant avec des études à l’Université Joseph KI-ZERBO au Burkina Faso, Paris 8 en France, et Georgetown University aux Etats-Unis. Comment ces différentes expériences ont-elles influencé votre approche du développement et de l’entrepreneuriat ?
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Si le fait de voyager ne change pas notre perception des choses, c’est que nous avons refusé le changement. Le fait de voyager nous permet d’élargir notre champ du possible.
Pour le développement en général, je le perçois comme étant notre capacité à prendre en main notre destinée. Se développer c’est découvrir comment donner satisfaction à nos aspirations individuelles et collectives. Qu’il s’agisse d’aspirations économiques, sociales, spirituelles, etc. Il ne s’agit pas forcément de l’état dans lequel nous sommes, mais du processus dynamique dans lequel nous nous sommes inscrits pour le long terme.
Pour ce qui concerne l’entrepreneuriat, c’est simplement notre capacité à créer de la richesse à travers nos initiatives. Il s’agit de la richesse immatérielle et de la richesse matérielle. Dit autrement, il s’agit donc de partir d’une idée pour proposer un produit ou un service qui va répondre à un besoin. Et cela quel que soit le domaine ; j’insiste sur ce point : quel que soit le domaine.
Vous avez débuté dans l’entrepreneuriat à Mayotte. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette aventure, et comment cette expérience a-t-elle façonné votre carrière ?
Mayotte n’a pas été un choix, mais une proposition qui m’a été faite à un moment où je ne pouvais pas me permettre de refuser une proposition. En réalité, j’ai dit oui sans savoir ce qui m’y attendait vraiment. C’est plus tard que j’ai compris que c’était une opportunité de carrière et que c’était dans le plan de Dieu pour ma vie.
Cela a façonné ma carrière parce que c’est à Mayotte que j’ai vraiment découvert ce dont j’était capable. C’est vraiment déterminant dans la vie de tout jeune entrepreneur. Nous avons tous besoin de nous retrouver dans des situations inconfortables qui vont nous permettre de découvrir notre potentiel réel et surtout de le valoriser au profit du plus grand nombre. Si vous ne sortez pas de votre zone de confort, vous serez dans un confort improductif.
Vous êtes aujourd’hui consultant et formateur en plusieurs domaines, dont le développement local et l’entrepreneuriat. C’est dans ce cadre que vous avez créé le Cabinet “YANFODAANO Form-Action”. Dites-nous brièvement ce que fait ce cabinet, les plus grands défis que vous rencontrez dans les domaines que vous embrassez et comment vous les surmontez-vous.
Le cabinet YANFODAANO intervient dans le domaine de l’appui-conseil et principalement la formation en entrepreneuriat, en développement personnel, en leadership et tout ce qui est en lien avec l’autonomisation sociale et économique. Nous faisons également du coaching aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Nous avons inauguré en août dernier un espace qui sert de lieu de formation et d’incubation.
Nos défis actuels sont liés à la situation sécuritaire de notre beau pays le Burkina Faso, notamment dans la région de l’Est où le centre a son siège.
Avec la situation sécuritaire, certains partenaires ont décidé de quitter cette région du Burkina Faso et YANFODAANO a décidé l’année dernière de faire le sens inverse en y allant installé son siège avec cette formule : « L’arbre de l’insécurité ne doit pas cacher la forêt des opportunités ».
Il faut aussi dire que le domaine de la formation est surtout victime de la réduction des ressources parce que les ajustements budgétaires ont tendance à supprimer en premier les lignes qui nous mobilisaient.
Comme tout entrepreneur, il fallait innover avec de nouveaux services, créer des offres de formation en ligne et prospecter plus. Ce qui nous a permis de développer de nouveaux partenariats notamment avec des universités, des entreprises et des associations.
Parlons maintenant de vos ouvrages. Vous en avez écrit cinq ou plus qui portent sur l’entrepreneuriat, le développement personnel et la famille. Pouvez-vous nous parler un peu de ces ouvrages pour permettre aux lecteurs d’aller à leur découverte ?
En réalité nous sommes au septième ouvrage.
Le premier livre traite du rôle de l’enseignant et de la responsabilité des parents dans l’éducation des enfants. Nous parlons dans ce livre de l’évolution du rôle de l’enseignant qui a perdu à la fois une partie de son autorité mais aussi de sa vocation du fait que certains n’y vont plus par amour du métier mais pour échapper au chômage. Nous y avons interpellé les parents, à plus s’engager dans le suivi des enfants.
Le deuxième livre parle d’entrepreneuriat et surtout d’entrepreneuriat des jeunes avec un accent particulier sur le lien productif qui peut être établi entre la foi en Dieu et les initiatives entrepreneuriales. Nous exhortant les lecteurs à ne pas être des croyants pieux et paresseux mais qu’ils combinent la piété à l’entrepreneuriat et au développement personnel. Si le ciel doit être recherché la vie sur terre ne doit pas être négligée.
Le troisième ouvrage est un recueil de 3 nouvelles qui se veut un manuel pour aider les jeunes à découvrir leur mission dans la vie. Nous y abordons également le thème de la réinsertion sociale des détenus parce que nous croyons que tout Homme a droit a une deuxième chance et que ses semblables doivent non seulement la lui donner et surtout l’aider à ne pas la gâcher.
Le quatrième ouvrage est une exhortation sur la vie après la mort. Il évoque principalement les principes de la foi et du salut de l’âme. On y lit également le témoignage d’un oncle de l’auteur qui a fait l’expérience du jugement dernier.
Ci-dessous, un aperçu des différents ouvrages de Maxime OUOBA
Le cinquième livre parle de l’adéquation entre l’ambition professionnelle et la vie de famille en tentant de répondre à cette question de vie : Comment trouver l’équilibre en tant que femme ? On y retrouve des astuces pour être un(e) entrepreneur(e) à succès sans passer à côte de sa vie de couple ou de l’éducation de ses enfants.
Le sixième livre est un ouvrage collectif co-écrit avec un groupe d’écrivains de la région de l’Est du Burkina Faso. Il s’agit d’un recueil qui vise à donner de l’espoir aux populations éprouvées par le phénomène du terrorisme.
Le septième livre qui a été présenté le 4 Août dernier à Ouagadougou et le 15 Août à Fada N’Gourma est intitulé : « Un livre pour la Patrie ». Nous y évoquons 3 sujets à savoir : l’amour de la patrie, la foi en Dieu et la culture de l’exemplarité. Publiée dans un contexte de défis sécuritaires, cette septième œuvre se veut être un cri de cœur pour susciter un plus sursaut patriotique pour un meilleur engagement citoyen.
Quel est le fil conducteur entre ces ouvrages et quels sont les message clés que vous véhiculez et transmettez à travers ces livres ?
Le fil conducteur c’est l’appel à l’action avec le désir d’aider le lecteur à mener une vie qui a de l’impact au sein sa communauté.
Les messages clés sont les suivants :
- l’homme est défini par le rôle qu’il joue et sa présence doit être une valeur ajoutée ;
- chacun(e) de nous a été créé par Dieu qui a confié à chacun de nous une mission précise ;
- nous avons tous reçus au moins un talents qui doit nous permettre de réussir cette mission ;
- nous avons le devoir de valoriser nos talents afin de mener une vie agréable, utile et équilibrée ;
Quel ouvrage de votre collection est celui dont vous êtes le plus fier, et pourquoi ? Aussi, comment mesurez-vous l’impact de vos ouvrages sur vos lecteurs ?
Pourquoi serions-nous les derniers ? Je choisis ce livre au regard des difficultés qui ont été surmontées avant sa publication. Je l’ai écrit avec un sentiment de révolte.
J’ai deux principales unités de mesure de l’impact des ouvrages sur les lecteurs : le premier c’est le niveau de recommandation du livre et le second c’est que le livre a voyagé tout seul avec des retours que j’ai eus à l’étranger.
Vous êtes spécialiste en Genre et développement. En tant qu’expert dans ce domaine, comment, selon vous, les questions de genre influencent-elles les projets de développement local et l’entrepreneuriat féminin ?
La prise en compte du genre offre un développement plus équitable et permettent aux projets de développement d’être plus inclusifs.
Avec l’entrepreneuriat féminin, nous sommes passés de la féminisation de la pauvreté à une féminisation de l’esprit d’initiative. Les initiatives entrepreneuriales des femmes sont de plus innovantes et vont au-delà des petites Activités Génératrices de Revenus (AGR) traditionnelles. Avec les femmes ont est passé de l’entrepreneuriat de subsistance à un entrepreneuriat producteur de richesses.
Dans vos formations sur l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes, quels sont les conseils les plus importants que vous partagez pour réussir dans ces domaines ?
Je vais me limiter à quatre aujourd’hui bien que je puisse aller à sept voire plus.
L’importance du développement personnel ; c’est-à-dire le fait de savoir joindre l’attitude à la compétence en se dotant des ressources mentales solides ;
Apprendre à vendre et savoir se vendre : créer n’est bien que si on est capable de vendre;
L’importance de l’éducation financière : la majorité des entrepreneurs qui ont échoué ont eu un mauvais rapport à l’argent ;
Savoir nouer et entretenir les relations d’affaires.
Comment voyez-vous l’évolution du développement local et de l’entrepreneuriat en Afrique dans les prochaines années ?
Il faut d’abord se féliciter du fait que nous avons plusieurs modèles de réussite endogènes aujourd’hui. Cela signifie que nos jeunes ne seront plus obligés d’aller loin pour copier ce qui marche. Plus les modèles de réussite locaux vont se multiplier en Afrique, plus nos jeunes aspirants entrepreneurs seront décomplexés.
Dans les prochaines années, nous devons travailler à maintenir le cap de l’excellence afin que l’expertise locale réponde aux besoins locaux. L’offre locale doit être adaptée et être accessible parce que les clients ne seront pas seulement attirés par la fibre patriotique mais également par la qualité. Il faut enfin fédérer les expertises au niveau continental et renforcer la confiance pour une plus grande consommation locale avant de penser à exporter notre expertise.
Quels sont vos projets futurs dans le domaine du développement personnel et de l’entrepreneuriat, et comment prévoyez-vous d’atteindre ces objectifs ?
Dans le domaine du développement personnel, nous travaillons à démystifier le concept, vulgariser nos outils d’accompagnement et créer des cadres dédiés à l’expérimentation de nos solutions. Nous prévoyons publier de nouveaux ouvrages sur les thèmes du développement personnel et de l’entrepreneuriat et de continuer à accueillir des stagiaires de plus en plus jeunes dans notre centre.
Nous allons aussi développer de nouveaux partenariats avec les universités et les lycées et collèges afin de donner davantage gout à l’entrepreneuriat à un public de plus en plus jeune. Nous croyons que c’est le meilleur moyen de susciter la relève.
L’ambition est aussi d’exporter notre expertise dans la sous-région non seulement à travers nos livres mais aussi par une fédération des expertises qui existent dans les différents pays.