Togo / Sonia M. DOSSEH : « Tant que les femmes ne sont pas libres, l’ONG CAFE ne le sera pas non plus » 

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(Société Civile Médias) – Créée en 2004, l’ONG CAFE (Cercle d’Aide Femme-Enfant) boucle cette année 20 ans d’action au service des populations vulnérables, et plus précisément des femmes et des enfants. Deux décennies durant lesquelles l’organisation s’est investie dans des projets d’envergure visant à améliorer les conditions de vie de ces cibles. Cependant, loin de se satisfaire des résultats déjà obtenus, CAFE entend poursuivre son combat avec la même passion et détermination pour améliorer davantage les conditions de vie de ses bénéficiaires. Dans cette interview, Sonia Mokpokpo DOSSEH, Directrice exécutive de l’ONG, revient sur les réalisations de son organisation et partage ses perspectives pour les années à venir.

Mme Sonia Mokpokpo DOSSEH, vous avez célébré les 20 ans de l’ONG CAFE. Alors dites-nous, qu’est-ce qu’on peut retenir du bilan de votre organisation durant ces deux décennies d’exercice en faveur des plus vulnérables ?

Merci beaucoup. 20 ans d’existence, c’est beaucoup de choses. C’est d’abord une occasion qui nous permet de faire une rétrospective de toutes les activités réalisées jusqu’à maintenant et voir comment les améliorer. Il s’agit aussi pour nous d’identifier les défis et les perspectives d’avenir.

En ce qui concerne les réalisations, il faut dire que nous avons contribué, aux côtés du gouvernement togolais, à améliorer un tant soit peu les conditions de vie des populations à travers des actions de sensibilisation, à travers la construction des infrastructures essentielles, à travers des plaidoyers, à travers l’éducation, la formation et autres.

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Madame Sonia, cela fait deux décennies que vous vous battez pour les femmes et les enfants. Est-ce que vos actions impactent véritablement le quotidien de ces deux couches de la population ?

Bien sûr ! Vous avez vu un peu le bilan de ces 20 ans, notamment le nombre de personnes qu’on a eu à toucher, les enfants dont nous avons pris en charge l’éducation en les scolarisant, en les accompagnant dans l’apprentissage de leur métier et autre. Aujourd’hui, il faut dire que l’impact est réel parce que certains enfants accompagnés sont devenus des fonctionnaires, d’autres des entrepreneurs, d’autres sont à l’étranger et on a toujours en charge des enfants qui évoluent pas à pas. Donc, ça veut dire que nos actions impactent véritablement, mais CAFE ne peut pas tout faire seul, il faut que d’autres aussi le fassent.

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Sur d’autres volets notamment l’autonomisation économique, nous accompagnons les femmes à avoir une activité génératrice de revenu, parce que la jouissance de leurs droits passe forcément par leur autonomie financière, donc nous les accompagnons à être vraiment autonomes. Quand elles sont autonomes, c’est toute la maison qui est autonome, leur responsabilité n’est plus tellement en jeu, mais elles assument pleinement cette responsabilité vis-à-vis de leurs familles, vis-à-vis de leur communauté, vis-à-vis du pays.

En ce qui concerne l’alphabétisation, on les accompagne également pour qu’elles sachent lire et écrire, donc on fait beaucoup. Je crois qu’on a eu à impacter beaucoup et aujourd’hui, les gens peuvent toucher du doigt tout ce qu’on a eu à faire. Actuellement, nous sommes en train de construire encore trois salles de classe au niveau de l’EPP Dénouvimé pour pouvoir améliorer les conditions de travail de nos enfants.

Alors, quel programme pour les activités marquant vos 20 années d’existence ?

Nous l’avons démarré depuis fort longtemps et ce n’est pas encore fini. On a eu à rendre grâce à Dieu pour ses bienfaits. On a eu à former les femmes dans la préfecture de Vo, principalement dans le canton de Togoville. Et on a eu à faire des sensibilisations et à animer des émissions.

Pour le reste, on prévoit une table ronde avec les partenaires. On prévoit également une rencontre avec les médias pour que vous sachiez concrètement ce qu’on fait.

Vos perspectives d’avenir ?

Et aujourd’hui, nous nous sommes tournés vers l’avenir pour les cinq prochaines années, afin de pouvoir véritablement mettre en place un orphelinat en bonne forme. L’ONG CAFE n’a pas d’orphelinat, mais nous gérons plusieurs enfants en situation difficile, vulnérables, orphelins comme démunis. Donc, nous croyons qu’en mettant cette infrastructure en place, ça permettra vraiment de faire un bon suivi pour le devenir de ces enfants. Cet orphelinat servira également de siège pour l’organisation parce que depuis, nous sommes toujours en location.

Nous prévoyons aussi la mise en place d’une structure qui pourra permettre aux femmes victimes de violences d’avoir un tant soit peu une maison de transit en quelque sorte en attendant de faire des démarches pour son retour au foyer pour l’épanouissement de nos enfants et de nos familles.

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Également, par rapport à la gouvernance locale, nous ne cesserons de le dire, tant que la parité prônée par le chef de l’Etat togolais n’est pas effective, nous continuerons d’oeuvrer à leur côté pour l’effectivité de cette loi sur la parité.  Et au-delà de ça, il y a les violences basées sur le genre, tant que les femmes ne sont pas libres, l’ONG CAFE ne le sera pas non plus. Donc, nous allons continuer aussi dans ce sens.

En ce qui concerne l’éducation, on continuera toujours d’améliorer les infrastructures sanitaires et scolaires dans les différentes contrées de notre pays.

Quant aux femmes elles-mêmes, l’État fait beaucoup d’efforts pour que toutes les dispositions légales soient en leur faveur, en faveur de la promotion de la femme. Mais pourquoi les femmes n’arrivent toujours pas à y céder ? Donc, on travaillera toujours avec les femmes, on va les renforcer, les former, pour qu’elles puissent prendre elles-mêmes conscience de leur potentialité, de leur place dans les différentes instances de prise de décision, sans oublier d’autres plaidoyers que nous devons faire ensemble avec d’autres organisations de la société civile pour l’épanouissement véritable des femmes et des enfants.