(Société Civile Médias) – Présidente du HCRRUN (Haut-Commissariat pour la Réconciliation et le Renforcement de l’Unité National), Awa Nana Daboya a mis en lumière la place centrale des réparations mémorielles dans le cheminement du Togo vers l’unité et la paix. C’était à l’ouverture, ce mardi 10 décembre, d’un atelier national d’échanges et de renforcement des capacités sur les réparations mémorielles en justice transitionnelle qui se tient à partir de ce mardi à Lomé.
D’après la présidente du HCRRUN, les réparations individuelles, comme la prise en charge médicale, psychologique, et l’indemnisation des victimes, ainsi que les réparations collectives à travers des projets socio-économiques, ont montré des résultats positifs. Elles ont notamment permis un apaisement et une reconnaissance publique des souffrances des victimes, contribuant ainsi à la consolidation de la réconciliation nationale.
Toutefois, pour Awa Nana Daboya, « le HCRRUN ne saurait se complaire des avancées obtenues lorsqu’on se réfère au caractère pluriel du programme de réparations ». Elle a donc insisté sur la nécessité d’aller au-delà des réparations individuelles et collectives pour inclure les réparations mémorielles également proposées par la CVJR (Commission Vérité, Justice et Réconciliation).
« La CVJR préconise entre autres que des rues et places publiques, dans toutes les villes du pays, pourront être rebaptisées des noms de victimes, pour leur rendre hommage et rappeler à la mémoire collective que plus jamais, les actes douloureux dont elles ont été l’objet ne se reproduiront plus au Togo », a-t-elle cité en exemple, en mentionnant les propositions de la Commission concernant l’édification de monuments et de stèles pour honorer les victimes des violences sociopolitiques.
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Cependant, la président du HRRUN souligne les défis qui se dressent devant ces initiatives, notamment « l’identification des victimes et des personnalités dont les noms devront être attribués aux avenues, édifices et places publics », tout en reconnaissant qu’en « l’absence d’une grille de critères devant présider au choix des événements et des personnalités éligibles au sanctuaire togolais des célébrités à magnifier, cet exercice apparaît comme une véritable gageure ».
D’une durée de trois jours, l’atelier national d’échanges et de renforcement des capacités sur les réparations mémorielles en justice transitionnelle entend donc apporter des solutions à cette équation. D’après Awa Nana Daboya, son objectif premier est de favoriser, au plan national, une compréhension partagée des réparations mémorielles préconisées par la CVJR. En d’autres termes, il s’agit d’amener la communauté nationale à avoir une lecture commune de ces réparations et de susciter l’adhésion des populations et des décideurs à leur mise en œuvre.
Les participants, dont des acteurs de la société civile, seront invités à réfléchir sur la manière de traiter la mémoire collective du Togo, en prenant en compte les défis liés à la réalisation des réparations mémorielles.
Au programme de cet atelier, des conférences et des panels permettront aux participants d’examiner des problématiques complexes, telles que la distinction entre l’Histoire, en tant que discipline scientifique, et la mémoire, en tant que construction sociale du passé. Les débats porteront aussi sur les difficultés liées à la mise en œuvre des réparations mémorielles dans les sociétés post-crises, et sur la manière dont ces réparations peuvent contribuer à la reconstruction d’un tissu social déchiré.