Togo : À Kara, des enfants en situation de rue se prennent en main grâce à l’action sociale et à l’UNICEF

Komi TOMEGAH
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(Société Civile Médias) – À Kara, ville située à 450 km au nord de Lomé, de plus en plus d’enfants s’éloignent progressivement de la rue afin de bâtir un avenir meilleur. Grâce à un travail de sensibilisation mené par la Direction régionale de l’action sociale, avec l’appui de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance), certains d’entre eux ont repris le chemin de l’école, alors que d’autres ont décidé de suivre des formations professionnelles qui leur ouvriront de nouvelles perspectives.

A l’instar d’autres grandes villes du continent, Kara souffre également du phénomène des enfants en situation de rue. Il s’agit le plus souvent d’enfants qui élisent domicile dans la rue pour plusieurs raisons parmi lesquelles la pauvreté, les conflits familiaux et la négligence, le manque d’accès à l’éducation, l’absence de soutien social etc.

Lors d’une séance de causerie avec les enfants.

Préoccupée par la situation et en ligne avec les objectifs du gouvernement togolais, notamment celui de ne laisser personne pour compte, la Direction régionale de l’action sociale a sollicité et obtenu l’appui de l’UNICEF afin d’apporter une attention plus ciblée à cette couche vulnérable. Cette collaboration vise à mettre en place des mesures spécifiques pour répondre aux besoins des enfants en situation de rue et leur offrir des opportunités d’avenir.

« Dans cette optique, un recensement a été effectué, permettant de dénombrer 56 enfants en situation de rue », indique Komlan EKPENTE, Chef de la Division régionale de la protection de l’enfant à la Direction régionale de l’action sociale.

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A la suite de ce recensement, des séances de causerie sont organisées régulièrement avec les enfants. Cette initiative a pour objectif non seulement de les sensibiliser et de les amener à prendre conscience de leur situation, mais également de leur offrir un espace d’écoute et d’échange, afin de mieux comprendre leurs préoccupations, leurs aspirations et leurs attentes.

« Ces causeries que nous menons régulièrement leur permettent d’apprendre un certain nombre de notions sur les compétences de vie courantes. Des notions essentielles grâce auxquelles ils peuvent prendre conscience, se décider et s’engager à avoir un meilleur avenir », explique Komlan EKPENTE.

Komlan EKPENTE

Des résultats encourageants en seulement trois mois

Trois mois après le début des séances de sensibilisation, les efforts déployés ont commencé à porter leurs fruits.

En effet, plusieurs enfants, initialement issus de la rue, ont fait le choix de changer de trajectoire. Certains ont repris le chemin de l’école, désireux de se réintégrer dans le système éducatif, tandis que d’autres ont opté pour des formations professionnelles, dans l’espoir d’acquérir des compétences qui leur ouvriront de nouvelles perspectives.

« Nous avons réussi à réintégrer trois enfants qui sont retournés à l’école. Deux autres enfants se sont engagés à apprendre un métier et nous leur avons déjà trouvé des patrons qui ont accepté de les prendre. Nous en sommes vraiment heureux », se réjouit le Chef de la Division régionale de la protection de l’enfant.

Ces progrès témoignent de l’impact positif des séances de sensibilisation et des échanges réguliers avec les enfants. Les causeries, en particulier, ont permis de créer un climat de confiance, incitant les enfants en situation de rue à réfléchir sur leur avenir et à se projeter dans des projets plus constructifs.

Si ces résultats sont encore modestes, ils illustrent néanmoins la pertinence de l’approche adoptée et la volonté des enfants eux-mêmes de sortir du cycle de la précarité pour se construire un futur plus prometteur.

Cependant, ce n’est pas seulement ces enfants-là qui ont choisi de sortir de la rue. D’autres, eux aussi, manifestent un intérêt croissant pour cette démarche, notamment Essowe (nous l’appellerons comme cela pour préserver son anonymat), 14 ans. Participant aux séances de sensibilisation, il exprime son enthousiasme pour l’initiative.

« Ces rencontres m’aident à comprendre que j’ai d’autres choix que de vivre dans la rue. C’est comme si on me donnait des clés pour m’ouvrir de nouvelles portes, des possibilités que je n’avais pas. Chaque séance me fait voir les choses différemment, et je commence à croire que je peux cesser de voler, sortir de la rue et avoir un futur meilleur », déclare-t-il.

Il est important de noter que l’UNICEF Togo déploie des actions visant à protéger les enfants en situation de rue, en mettant l’accent sur leur réintégration, l’accompagnement des familles, ainsi que des programmes d’éducation et de ré-scolarisation, tout en intégrant un volet de soutien à leur santé mentale.