Mariages d’enfants : WiLDAF-Togo et ses alliés exigent une « tolérance zéro » envers les auteurs et complices

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(Société Civile Médias) – A l’avant-garde de la lutte contre les mariages d’enfants avec le projet « Agir pour l’Abandon des Mariages d’Enfants (AAME) », WiLDAF-Togo exprime son mécontentement suite à la tragédie du suicide de Justine, une fillette de 13 ans, mariée de force. Estimant que ce drame aurait pu être évité si des actions concrètes avaient été prises pour protéger cette jeune fille, cette organisation et ses partenaires réclament une politique de tolérance zéro envers les auteurs et complices des mariages d’enfants.

Une conférence de presse tenue le mardi 28 janvier à Lomé, en présence des acteurs de la société civile engagés en faveur de cette cause a été pour WiLDAF-Togo et ses partenaires l’occasion de manifester une vive indignation suite à la tragique nouvelle du décès de Justine. Cette jeune adolescente, âgée de seulement 13 ans, avait été donnée en mariage à un homme, père de famille nombreuse et déjà marié à deux autres femmes. Ne pouvant plus supporter les violences physiques, sexuelles, émotionnelles dont elle est victime elle a décidé de mettre fin à ses jours. Justine est finalement décédée au début du mois de janvier, malgré les efforts des médecins pour la sauver.

Anne Colette KPEDJI, Directrice Exécutive de WiLDAF-Togo

« Ce décès nous a profondément bouleversés. Cependant, les souffrances endurées par cette jeune fille et les conséquences tragiques qui en ont découlé nous insufflent la détermination nécessaire pour poursuivre notre combat en vue de l’éradication du phénomène des mariages d’enfants », indique Anne Colette KPEDJI, Directrice Exécutive de WiLDAF-Togo.

D’après les dernières données de l’UNICEF, près de 752 000 enfants au Togo sont victimes du phénomène des mariages d’enfants, et 31 % des femmes sont mariées avant l’âge de 18 ans. Dans certaines régions, ces chiffres atteignent des proportions alarmantes, avec jusqu’à 94 % des filles mariées avant leur majorité, comme à Takpamba, dans l’Oti Sud. Derrière ces statistiques se dissimulent des histoires humaines dévastatrices : des enfances arrachées, des rêves écrasés et des vies profondément compromises.

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Appel à la responsabilité collective et urgence d’une réforme législative

WiLDAF-Togo et ses partenaires ont manifesté une colère profonde face à cette réalité, tout en réaffirmant leur détermination à mettre un terme à cette pratique destructrice.

« Nous avons décidé de briser le silence et d’agir. Le mariage d’enfants est une violation de leurs droits fondamentaux et un obstacle à leur avenir. Nous appelons tous les Togolais à se mobiliser contre cette injustice », ont-ils fait savoir.

Les mariages forcés, notamment ceux des jeunes filles, sont souvent alimentés par des traditions profondément enracinées, des problèmes socio-économiques et le manque d’application stricte des lois existantes. Bien que des lois de protection des enfants soient en place, elles sont souvent contournées, notamment à travers des exceptions dans le Code de l’Enfant qui permettent aux filles de se marier dès l’âge de 16 ans avec le consentement des parents ou des autorités.

Dans leur déclaration, WiLDAF-Togo et ses organisations partenaires ont également appelé à une révision des lois togolaises, notamment les articles 267 et 43 du Code de l’Enfant et du Code des Personnes et de la Famille, qui permettent d’octroyer des dispenses pour le mariage des mineures. Les organisations demandent une politique de tolérance zéro envers les auteurs et complices des mariages d’enfants. Elles plaident pour une responsabilité accrue des hommes impliqués dans les grossesses précoces, en les obligeant à garantir que les jeunes filles continuent leur scolarité ou accèdent à une formation.

Par ailleurs, un appel fort a été lancé aux médias et à la société civile pour se joindre à la lutte.

« La presse a un rôle crucial à jouer dans la sensibilisation et la dénonciation des mariages d’enfants. Nous devons faire entendre la voix des filles et garantir qu’elles puissent rêver et grandir dans un environnement protecteur », ont ajouté les intervenants.

En outre, WiLDAF-Togo et les autres organisations de défense de droits de la femme rappellent que la protection des enfants n’est pas seulement une question de droits humains, mais un impératif pour construire une société plus juste et équitable. Elles appellent à une action immédiate et collective pour garantir un avenir digne à chaque enfant, en particulier les filles, et pour faire de la lutte contre les mariages d’enfants une priorité nationale.