Last Updated on 09/07/2025 by Société Civile Médias
(Société Civile Médias) – Au Togo, l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) est préoccupée par la persistance de la surpopulation carcérale et la pression exercée sur les défenseurs des droits humains. Dans son Indice mondial de la torture publié le 25 juin dernier, l’organisation classe le Togo parmi les pays particulièrement préoccupants sur plusieurs volets, notamment les conditions de détention et la situation des défenseurs des droits humains.
Une surpopulation carcérale inquiétante
Parmi les quatorze pays où la surpopulation carcérale dépasse les 120 %, le Togo est cité.
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« La surpopulation carcérale dépasse les 120 % de la capacité dans quatorze pays : l’Indonésie, le Honduras, le Cameroun, le Pakistan, le Salvador, la Colombie, les Philippines, l’Italie, le Nigeria, le Togo, l’Inde, la Tunisie, la République démocratique du Congo et l’Éthiopie », indique l’indice mondial de la torture.

Cette situation, dénoncée de longue date par les organisations nationales de défense des droits humains, expose les personnes privées de liberté à des conditions de vie indignes, parfois inhumaines.
Le phénomène affecte notamment les lieux de détention préventive, où de nombreux prévenus attendent leur jugement durant des mois, voire des années.
D’après les organisations de défense des droits humains, la surpopulation a des conséquences directes sur la santé, la sécurité et la dignité des détenus. L’accès aux soins est limité, l’hygiène déplorable et les cas de malnutrition ou de maladies infectieuses sont fréquents.

Par ailleurs, l’indice de l’OMCT indique que les enfants en détention sont également concernés. L’organisation révèle qu’au Togo, comme dans neuf autres pays, des mineurs sont victimes de fouilles dégradantes, d’humiliations et de contraintes physiques contraires aux normes internationales de protection de l’enfance.
« Les enfants détenus sont exposés à de graves abus : dans dix pays, ils subissent des contraintes physiques, des fouilles dégradantes et des actes d’humiliation (Honduras, Argentine, Pakistan, Espagne, Colombie, Togo, Inde, Tunisie, Hongrie et Bahreïn). Dans six pays, les enfants sont fréquemment placés à l’isolement : Argentine, Mexique, Espagne, Colombie, Philippines et Bahreïn », lit-on dans le document de l’OMCT.
Une pression croissante sur les défenseurs des droits humains
L’Indice de l’OMCT souligne également une tendance alarmante : le recul de l’espace civique et la vulnérabilité croissante des défenseurs des droits humains. Le Togo fait partie des onze pays dans lesquels, selon l’OMCT, des militants ont été contraints à l’exil au cours des trois dernières années, en raison de menaces, de harcèlement judiciaire ou d’une répression directe de leurs activités.
« Dans 11 pays, des défenseurs des droits humains ont été contraints à l’exil au cours des trois dernières années. Il s’agit du Honduras, du Pakistan, du Mexique, de l’Espagne, de la Biélorussie, de la Colombie, des Philippines, du Togo, de la Tunisie, de la République démocratique du Congo et de l’Éthiopie », indique l’Indice mondial de la torture.
Ce constat s’inscrit dans un climat de plus en plus difficile pour les acteurs de la société civile togolaise. Si les cas de torture ou de mauvais traitements ne sont pas systématiques, le harcèlement judiciaire et les intimidations sont fréquents, selon plusieurs ONG locales. La stigmatisation des voix critiques, notamment à travers des accusations infondées ou des procès instrumentalisés, pousse certains défenseurs à quitter le pays pour garantir leur sécurité.
Des réformes attendues
Face à cette double alerte, les organisations de défense des droits humains appellent à la mise en œuvre de réformes structurelles et urgentes. Elles recommandent en priorité la réduction du recours à la détention préventive, considérée comme l’un des principaux facteurs de la surpopulation carcérale au Togo. Cette mesure, souvent appliquée de manière excessive, maintient de nombreuses personnes privées de liberté sans jugement, parfois pendant de longues périodes.
Ces organisations préconisent également l’adoption de peines alternatives à l’incarcération, notamment pour les infractions mineures, afin de désengorger les établissements pénitentiaires tout en favorisant une justice plus réparatrice et humaine.
Par ailleurs, elles insistent sur la fermeture de la prison civile de Lomé, dont la surpopulation chronique et les conditions de détention alarmantes sont dénoncées depuis plusieurs années.
Lors de l’examen du Togo à la 67e session du Comité contre la torture des Nations Unies, la fermeture définitive et sans délai de la prison civile de Lomé, et la conception d’un plan général sur la situation des établissements pénitentiaires au Togo a été l’une des recommandations formulées à l’endroit du pays.
Lire aussi : Togo : Fermeture de la prison civile de Lomé, le CACIT poursuit son plaidoyer
Le plaidoyer est mené entre autres par le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT) d’après qui les défis ne portent pas que sur la prison civile de Lomé, mais quasiment toutes les prisons du Togo. Il recommande la mise en place de nouvelles infrastructures carcérales répondant aux normes internationales, capable d’assurer la dignité et la sécurité des détenus.
Concernant les enfants en conflit avec la loi, les organisations de défense des des droits de l’homme rappellent l’urgence d’une prise en charge respectueuse de leurs droits fondamentaux, en interdisant tout traitement dégradant et en mettant en place des dispositifs spécifiques de protection.
Enfin, alors que l’espace civique est de plus en plus restreint au Togo, plusieurs organisations appellent les autorités togolaises à garantir un environnement sûr et respectueux des libertés fondamentales.