Last Updated on 30/07/2025 by Société Civile Médias
(Société Civile Médias) – Et si la danse devenait un outil de transmission historique et de réappropriation culturelle ? C’est le pari brillamment relevé par le Festival All Star Battle International 2025, qui a enflammé la scène Jimi Hope de l’Institut français de Lomé le vendredi 25 juillet dernier. Organisé par le comité No Limit Crew, ce rendez-vous culturel a su marier rythme, mémoire et engagement, tout en reconnectant la jeunesse togolaise aux racines profondes d’un mouvement artistique devenu mondial.
L’événement, baptisé « En attendant James B. », n’était pas qu’un simple spectacle de danse. Il a été pensé comme un véritable voyage dans le temps, un hommage vivant à une figure emblématique du hip-hop, James Brown, dont le style et l’énergie ont inspiré des icônes telles que Michael Jackson. À travers ce spectacle, les organisateurs ont souhaité replacer le hip-hop dans sa trajectoire historique et souligner les apports majeurs des communautés noires américaines dans sa naissance et son essor.

« Nous avons voulu mettre en avant un peu les origines de notre danse, la danse hip-hop, parce que le festival All Star Battle célèbre cette danse-là », a expliqué Stéphane Aflagah, président du No Limit Crew et responsable du comité d’organisation. Sous ses mots, résonne une volonté forte de transmettre non seulement un art, mais aussi un héritage culturel, souvent méconnu ou édulcoré par le temps.
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Sur scène, les performances ont mêlé acrobaties, storytelling corporel et références aux années 70-80, période de gestation du hip-hop dans les quartiers défavorisés des États-Unis. Mais au-delà du spectacle visuel, c’est le message transmis qui a touché le public. Le festival a en effet rappelé que cette culture urbaine planétaire trouve ses racines dans les luttes et l’expression identitaire des Noirs américains et Latinos, pour qui la danse était un langage de résilience.
« À travers ce spectacle, nous voulons montrer que le hip-hop ne se résume pas à une danse ou à une mode. Il porte une histoire, une mémoire, une lutte. Beaucoup de jeunes ignorent que ce mouvement est né dans les années 70, dans un contexte de marginalisation et de revendication identitaire. Il est essentiel pour nous de transmettre cette réalité, pour que la jeunesse comprenne d’où vient ce qu’elle pratique aujourd’hui », poursuit M. Aflagah, soulignant l’importance de transmettre cette mémoire à une jeunesse souvent peu informée sur l’histoire de ce mouvement.

Le Festival All Star Battle, pour sa douzième édition, a vu défiler des artistes venus des États-Unis, de plusieurs pays africains et d’Europe. Le public togolais a ainsi vibré au rythme des prestations variées, des workshops, d’un « Soul Train » d’époque et surtout des fameuses battles internationales du samedi. L’objectif ? Offrir à la jeunesse une plateforme d’expression artistique, mais aussi un ancrage historique, culturel et identitaire.
« À travers le festival, nous mettons en lumière l’histoire des communautés africaines et afro-descendantes installées aux États-Unis, et leur rôle essentiel dans la naissance et l’évolution du hip-hop. Cette danse, aujourd’hui mondialisée, est le fruit de leurs combats, de leur créativité et de leur quête de reconnaissance », insiste le président du comité d’organisation de l’événement, rappelant que le hip-hop n’est pas un simple divertissement, mais un témoin de l’histoire afro-diasporique.

En revisitant les racines militantes du hip-hop et en donnant la parole à une jeunesse en quête de repères, Stéphane Aflagah et son équipe ont proposé bien plus qu’un simple spectacle ; ils ont offert un acte de transmission, de mémoire et d’engagement culturel. Et au vu des réactions du public, le message est passé.
Amen TEWOU