(Société Civile Médias) – Au Togo, le Réseau Cupidon œuvre à renforcer la compréhension des réalités vécues par les populations clés et à favoriser leur accès équitable aux services de santé. Confrontées à des attitudes discriminatoires et à la crainte d’être jugées ou violentées, ces populations se trouvent souvent éloignées des soins essentiels de prévention et prise en charge du VIH, de la santé sexuelle et de la reproduction. Pour y remédier, le Réseau a formé des agents de santé sur l’offre des services de santé respectueux des droits humains, sans jugement et sans distinction de genre, selon l’approche LILO (Looking In, Looking Out), qui signifie en français « regard interne, regard externe ». La formation se situe dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Engagement du Réseau Cupidon dans la riposte aux IST/VIH Sida chez les populations clés au Togo » avec l’appui du gouvernement du Grand DUCHE de Luxembourg .
Au Togo, l’épidémie du VIH, bien que globalement en recul, demeure préoccupante au sein de certaines populations. Selon les estimations nationales validées par l’ONUSIDA, la prévalence est passée de 2,5 % en 2013-2014 à 1,6 % en 2023. Mais derrière cette moyenne se cachent de fortes disparités : les femmes (3,1 %) sont presque deux fois plus touchées que les hommes (1,7 %), et les populations clés portent le poids le plus lourd de l’épidémie. La prévalence atteint ainsi 8,7 % chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), 5,8 % chez les professionnelles du sexe, 3,5 % chez les détenus et 3,4 % chez les utilisateurs de drogues. (ESSG 2022).

Au-delà des chiffres, ces groupes continuent de subir de fortes discriminations. Le rapport Stigma Index 2.0 révèle que plus d’un HSH sur quatre évite de recourir aux services de santé par peur d’être jugé ou violenté, tandis que près de la moitié déclare avoir déjà été harcelée verbalement. Des tendances similaires sont observées chez les personnes bisexuelles et les professionnelles du sexe, où les cas de chantage, d’exclusion et de violences restent fréquents.
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Ces réalités contribuent à retarder le dépistage et la prise en charge du VIH et des IST, compromettant les efforts nationaux de riposte et l’atteinte des objectifs de l’ONUSIDA d’ici 2030.
Renforcer les connaissances des acteurs intermédiaires dans la lutte contre la stigmatisation
C’est dans cette dynamique que s’inscrit la formation axée sur l’approche LILO (Looking In, Looking Out) qui s’est déroulée du 27 au 29 août 2025. Son objectif était de renforcer les connaissances des acteurs intermédiaires engagés dans la lutte contre la stigmatisation des populations clés, afin de favoriser leur implication dans la création d’un environnement social et institutionnel plus inclusif.
« À travers cette formation, nous voulons avant tout renforcer les connaissances des acteurs intermédiaires sur la réalité des populations clés. Il ne s’agit pas seulement de chiffres ou de statistiques, mais d’expériences humaines vécues au quotidien, qui permettent de mieux comprendre les obstacles spécifiques auxquels ces groupes font face. Nous souhaitons également que les participants se familiarisent avec ces réalités afin de devenir des acteurs de changement capables de créer un environnement social et institutionnel plus inclusif. Enfin, nous mettons un accent particulier sur l’accès aux services juridiques et judiciaires, pour que les droits des populations clés soient effectivement protégés et respectés », explique le coordonnateur du Réseau Cupidon.
Trois jours de formation LILO Connect
La formation LILO Connect s’est déroulée sur trois jours et a réuni les participants autour de huit sessions articulées pour favoriser la compréhension des droits, la réflexion sur les préjugés et la promotion de l’empathie envers les populations vulnérables, notamment les minorités sexuelles et de genre (MSG) et les professionnels de sexe.

Les premières sessions ont permis aux participants de réfléchir sur leurs valeurs personnelles, leurs attitudes et leurs préjugés, ainsi que sur l’impact de ces derniers sur les discriminations et la stigmatisation. Ils ont été amenés à définir des concepts clés tels que préjugé, stigmatisation, discrimination et homophobie, et à identifier comment ces attitudes affectent différentes populations.
Un accent particulier a été mis sur le langage et la terminologie appropriés. Les participants ont appris à utiliser correctement les termes liés à l’orientation sexuelle, l’identité de genre et la sexualité, notamment ceux de l’acronyme minorités sexuelles et de genre, afin de respecter et valoriser toutes les identités.

Les sessions suivantes ont exploré la notion de privilège hétérosexuel et ont permis aux participants de développer de l’empathie à travers des études de cas et des jeux de rôle, mettant en lumière les défis et discriminations auxquels sont confrontés les minorités sexuelles et de genre et les professionnels de sexe. L’objectif était de favoriser la compréhension et le plaidoyer pour un traitement plus humain et respectueux.
La dernière session a été consacrée à la réflexion personnelle et la projection dans l’avenir. Les participants ont résumé ce qu’ils ont appris, identifié les changements qu’ils souhaitent mettre en œuvre dans leur vie personnelle, familiale et communautaire, et évalué la satisfaction globale par rapport à leurs attentes initiales. L’exercice a également permis de révéler les « anges gardiens » dans une ambiance conviviale et de renforcer les liens créés au cours de la formation.
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En résumé, cette formation a permis de sensibiliser, éduquer et outiller les participants pour qu’ils deviennent des acteurs engagés dans la promotion des droits, la lutte contre les discriminations et la protection des populations vulnérables.


