Last Updated on 23/08/2025 by Société Civile Médias
(Société Civile Médias) – Elu Président du conseil d’administration de l’Union des ONG du Togo (UONGTO) à l’issue de l’Assemblée générale ordinaire élective tenue le 21 août 2025, Gado Bemah trace les grandes lignes de son mandat. Gouvernance efficace, solidarité entre membres, mobilisation des ressources et partenariats stratégiques seront au cœur de son action. Dans cette interview, il expose sa vision et ses priorités pour renforcer la faitière et appelle à une plus grande professionnalisation au sein de l’UONGTO et de la société civile togolaise.
M. Gado Bemah, vous venez d’être élu Président du Conseil d’Administration de l’Union des ONG du Togo (UONGTO). Quels sont vos sentiments ?
Je tiens tout d’abord à exprimer ma profonde gratitude envers Dieu pour les nombreuses grâces dont Il m’a comblé depuis mes premiers pas dans le domaine de l’engagement communautaire. Il s’agit d’un terrain d’action sur lequel nous nous efforçons d’apporter des réponses concrètes aux problématiques actuelles touchant nos populations, en particulier dans les domaines de la santé publique, de la protection de l’environnement et de l’assainissement de nos cadres de vie.
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Notre organisation a rejoint l’UONGTO en 2015. En 2019, j’ai eu l’honneur d’être élu Secrétaire général de cette faîtière, fonction que j’ai exercée pendant cinq années aux côtés de notre président sortant. Aujourd’hui, à l’issue de ce mandat, les membres de l’UONGTO m’ont fait confiance en m’élisant à la tête de l’organisation, afin de poursuivre les actions et projets que nous avons initiés depuis 2019.

Dix années se sont écoulées depuis notre adhésion, et jamais je n’aurais imaginé occuper un jour une telle responsabilité. C’est pour moi une grande fierté et une source de profonde satisfaction de constater que, même à distance, certains perçoivent en vous un potentiel capable de porter un changement positif, dès lors que l’on vous en donne l’occasion.
Vous venez d’évoquer les actions et projets du bureau sortant. Justement, pour les cinq années à venir, quels seront les projets prioritaires sur lesquels vous concentrerez vos efforts ?
Nous avons identifié quatre axes majeurs autour desquels s’articulera notre mandat.
Le premier concerne la gouvernance, un enjeu fondamental pour toute organisation. En effet, pour assurer une gouvernance efficace, il est impératif que les membres qui composent les organes dirigeants soient dotés des compétences et capacités requises pour exercer pleinement leurs responsabilités. L’UONGTO n’échappe pas à cette exigence. Nous devons nous entourer d’équipes dirigeantes qui maîtrisent parfaitement leur mission. C’est pourquoi nous avons fait du renforcement des capacités, des compétences et des responsabilités de chaque instance de gouvernance un pilier de notre mandat. L’objectif est que chaque acteur soit en mesure d’apporter une contribution significative au bénéfice de l’ensemble des membres.
Le deuxième chantier porte sur la solidarité et le service à l’endroit des membres. L’UONGTO est une organisation de grande envergure, regroupant des membres issus de toutes les régions du pays, et ces derniers nourrissent, à juste titre, des attentes en matière d’entraide, de soutien, mais aussi de services concrets. Lors du précédent mandat, nous avons mis en place deux outils essentiels à savoir un mécanisme de solidarité et un mécanisme de services, tous deux destinés à renforcer les liens entre les membres et à améliorer leur accompagnement. Ces mécanismes ont vocation à favoriser une véritable dynamique collective, comment, par exemple, les membres peuvent-ils se mobiliser face aux préoccupations de l’un d’entre eux ? Comment peuvent-ils partager une réussite ou un moment de joie ? D’autres aspects entrent également en ligne de compte, notamment l’accompagnement dans le montage de projets, la gestion comptable, le suivi-évaluation ou encore d’autres domaines techniques.
L’UONGTO, forte de plus de 130 organisations membres et disposant de compétences multiples, se doit de continuer à mettre cette expertise au service de ses adhérents. À cet effet, nous avons décidé de constituer une équipe d’experts mobilisables à la demande des membres, afin de les accompagner dans la mise en œuvre de leurs initiatives spécifiques. Ce dispositif permettra un accès facilité à une assistance technique de qualité, à moindres coûts, et contribuera au déploiement optimal de leurs stratégies de développement.

Le troisième chantier concerne la mobilisation des ressources, avec, là encore, plusieurs défis à relever.
S’agissant tout d’abord de la mobilisation interne, il convient de rappeler que les cotisations des membres constituent la première source de financement d’une organisation de la société civile. Ce sont elles qui garantissent son fonctionnement, permettent de répondre aux obligations de base et conditionnent, dans une certaine mesure, la capacité de mobilisation de fonds externes pour la mise en œuvre d’activités sur le terrain. Nous observons, cependant, que de nombreuses organisations peinent à impliquer efficacement leurs membres dans cette dynamique. Nous avons donc pris l’engagement de sensibiliser les membres de l’UONGTO à l’importance de ces contributions et de leur démontrer les services qu’ils en retirent. Des outils pédagogiques seront élaborés à cet effet, afin de renforcer cette culture de l’engagement financier au sein de notre organisation.
Sur le plan de la mobilisation externe, nous évoluons dans un contexte hautement concurrentiel, où les ressources disponibles sont limitées. Il devient donc indispensable d’adopter une posture proactive et structurée. C’est dans cette optique que nous avons décidé de mettre en place des commissions thématiques, qui nous permettront de mieux cerner les profils de nos membres, de les regrouper autour de centres d’intérêt communs et de développer des stratégies de mobilisation collective. Ces commissions pourront ainsi constituer des consortiums autour de chefs de file expérimentés, capables de porter des projets d’envergure, au bénéfice de tous.

Le quatrième et dernier chantier de notre mandat concerne le positionnement institutionnel de l’UONGTO, ainsi que le développement de partenariats avec d’autres acteurs de la société civile.
Dans un contexte où les relations entre les organisations de la société civile et les institutions étatiques sont parfois marquées par la méfiance, il nous apparaît fondamental de créer et d’animer un cadre de dialogue franc et constructif. Ce dialogue est essentiel pour instaurer une meilleure compréhension mutuelle et promouvoir des synergies autour des besoins réels des populations. Dans cette perspective, nous poursuivrons les efforts initiés durant le précédent mandat, notamment à travers la Plateforme Nationale Espace Civique et Efficacité du Développement (PNECED). Nous travaillerons à son renforcement, afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle de catalyseur du dialogue et de la coopération entre les acteurs de la société civile et l’État.
L’expérience que nous avons connue récemment à notre atelier de capitalisation qui s’est tenu en présence du ministère en charge de la Décentralisation, a montré que c’est faute de dialogue et de discussion entre l’État et les organisations de la société civile qu’il existe une certaine méfiance, une certaine peur et des préjugés des uns et des autres sur les actions menées. Aujourd’hui, tous les acteurs ont pris conscience de la nécessité de ce cadre d’échanges pour mieux coordonner leurs actions, dans un esprit de complémentarité. Notre mandat s’inscrira donc dans cette continuité qui est celle de consolider les acquis, construire des alliances, et œuvrer à l’instauration d’un espace de coopération respectueux, pour que les objectifs communs de développement et de justice sociale puissent être atteints.

Avoir de l’ambition est une chose, disposer des moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs en est une autre. Disposez-vous réellement de ces moyens ?
Je suis convaincu que les véritables moyens résident dans la capacité des hommes à les créer. Lorsqu’une vision claire s’impose, qu’elle est portée par une volonté ferme et un engagement sincère, il existe toujours une voie pour avancer. Cela ne veut pas dire que le parcours sera exempt d’embûches.Chaque défi surmonté élargit notre champ de connaissances, car il nous confronte à l’inconnu, nous oblige à apprendre, à nous adapter. C’est en ce sens que je considère les obstacles comme des occasions d’apprentissage et de dépassement.
Nous avons pleinement conscience de l’envergure de l’ambition que nous portons. Nous savons pertinemment que des obstacles se dresseront sur notre route. Mais, comme par le passé, nous saurons les affronter avec détermination et persévérance.
Dernière question, quel message souhaitez-vous adresser aux 130 organisations membres de l’UONGTO ?
Je voudrais exprimer ma profonde gratitude à l’ensemble des ONG membres de l’UONGTO. Celles-ci, d’une remarquable diversité, sont présentes sur l’ensemble du territoire national et accomplissent un travail admirable au service des populations. Certaines d’entre elles n’ont pas bénéficié de financements extérieurs pendant plusieurs années, parfois jusqu’à cinq ans et plus, et pourtant, lorsqu’on observe leurs réalisations sur le terrain, on ne peut qu’être impressionné. Cela démontre que lorsque la liberté d’agir s’allie à la volonté, il est toujours possible de trouver des moyens d’action efficaces, porteurs de cohésion sociale et de vivre-ensemble. À ce titre, je tiens une fois encore à leur adresser mes plus sincères remerciements et à les encourager à intensifier leurs efforts, à aller plus loin encore dans leur engagement, et surtout à s’engager résolument dans une dynamique de professionnalisation.
En effet, nous observons trop souvent que certaines organisations de la société civile tentent de répondre à toutes les opportunités, y compris celles qui ne correspondent ni à leur mandat ni à leur domaine de compétence. Il est nécessaire de sortir de cette logique. Une organisation doit être identifiable par son action, sa pertinence et la qualité de son image. Or, la professionnalisation exige l’acquisition d’une expertise. Être expert, c’est maîtriser son champ d’action. Je suis convaincu que c’est là la voie par laquelle les ONG pourront véritablement affirmer leur rôle et leur légitimité. Nous devons donc viser la spécialisation, rechercher la professionnalisation, et faire preuve du plus grand sérieux dans nos interventions. Ce triptyque est essentiel. Même si cela peut demander du temps, il constitue la clef pour réussir notre mission et atteindre un niveau d’impact que nous n’aurions peut-être pas imaginé.

Par ailleurs, j’invite nos organisations membres à continuer d’entretenir la relation de confiance qu’elles ont manifestée en nous élisant, en nous accueillant dans leurs structures et en répondant présentes à nos sollicitations sur le terrain. Ne nous contentons pas de rencontres annuelles. Pour ma part, je m’efforcerai, lors de chacun de mes déplacements en région, de rencontrer les acteurs et membres de l’UONGTO afin de maintenir ce lien précieux.
Enfin, j’adresse un appel aux organisations qui ne sont pas encore membres de notre faîtière : rejoignez-nous. Ensemble, nous sommes plus forts, et notre voix porte plus loin. En ordre dispersé, nous sommes vulnérables. Quelle que soit notre force individuelle, certains défis ne peuvent être relevés qu’en synergie. Tel est le message que je souhaite transmettre à nos membres, et je vous remercie.
Ci-dessous, le nouveau bureau du CA de l’UONGTO
NOUVEAU BUREAU DU CONSEIL D’ ADMINISTRATION DE UONGTO
PRESIDENT : M. GADO Bemah
SECRETAIRE GENERAL: M. FLEVI Kossi Mensah
TRESORIERE: Mme BOYINDJO Rachel
CHARGE GENRE : Mme TCHAMDJA Amida
1er CONSEILLER : M. AKPA Komi
2è CONSEILLER : M. AGNAH Gustave
POINT FOCAL MARITIME : M. AKATI Sylvain
POINT FOCAL PLATEAUX : M. TCHA- GNAO Agoro
POINT FOCAL CENTRAL : M. SOWOU Komla
POINT FOCAL KARA : M. TETEYABA René
POINT FOCAL SAVANES : M. BATIYENKPENI Nametougli COMMISSAIRE AUX COMPTES : M. BATAWILA Dogousaga
COMMISSAIRE AUX COMPTES : M. BOKODJIN Yawovi
COMMISSAIRE AUX COMPTES : M. KAGNARA Kossi
Crédit photo : L’Oeil D’Afrique