(Société Civile Média) – Une Conférence des Evêques du Togo (CET) tout aussi dynamique, impliquée et dont la voix portera comme la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), c’est ce que souhaite la Coordination des Mouvements et Association de la Diaspora (CMAD). Réagissant au message de l’Eglise togolaise lors du 57ème anniversaire de l’indépendance du Togo, la CMAD demande aux évêques du Togo d’y joindre des actions beaucoup plus concrètes et, si possible, d’interpeller directement le sommet de l’Etat. Voici le communiqué rendu public a cet effet par la coordination.
Communiqué de la Coordination des Mouvements et Association de la Diaspora relatif à la sortie publique des évêques du Togo les 06 et 27 avril 2017
Au sens de responsabilité du Peuple, les prélats togolais, membres de la Conférence des Évêques du Togo (Eglise catholique), avaient-ils fait appel dans leur historique « Lettre pastorale » adressée à la population togolaise le 27 avril 2016. Le titre de ladite adresse résumait éloquemment tout le propos : « Soyons responsables dans la justice et la vérité ».
Dans cette remarquable lettre saluée de la grande majorité des Togolais, les prélats avaient dressé un constat implacable : « Cette interpellation que nous nous permettons de lancer nous paraît particulièrement significative au moment où notre Pays semble se désintéresser de certaines questions brûlantes qui avaient agité l’opinion nationale il y a à peine quelques mois. En effet, après la grande effervescence qui a marqué ces derniers temps, le Togo semble être tombé brusquement, suite à l’élection présidentielle d’avril 2015, dans une surprenante léthargie comme si les grandes revendications et promesses de réformes n’avaient d’intérêt que pour les campagnes électorales. »
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Le propos des Hommes de Dieu, jusqu’à ce stade, est limpide. Cependant, les dires et faits post-lettre pastorale nous semblent ignorer les valeurs cardinales mises en exergue dans leur lettre, à savoir la responsabilité, la justice et la vérité. Si les prélats ont pris le temps de faire un exposé exceptionnel sur le sens le « Politique » et la mission politique même de l’Eglise, c’est qu’ils ont tenu compte, en plus des considérations stricto-religieuses, des dimensions humaines et laïques de la problématique.
C’est au nom de ces dernières considérations qu’ils ont été arbitres et caution morale de la Commission Vérité Justice et Réconciliation dont la Recommandation n° 17 a la teneur suivante : « … la commission recommande la prise par l’Etat de mesures concrètes et efficaces de lutte contre d’impunité, sans aucune distinction, de sorte que certains corps ou certaines personnes qui puissent être regardés comme bénéficiant d’une « quasi-impunité » face à la loi. L’Etat a donc l’obligation de rechercher, poursuivre et sanctionner toute personne qui serait impliquée dans quelque comportement infractionnel ».
Lorsque l’Etat togolais décide unilatéralement d’indemniser les victimes, sans identification formelle des bourreaux, sans la moindre mise de ces derniers devant leurs responsabilités, ne serait-ce qu’en demandant pardon à leurs victimes, sommes-nous « responsables dans la justice et la justice et la vérité » ? Pire, quel est le sens de l’interpellation des prélats quand, au même moment qu’ils ont accepté d’accompagner « le processus d’apaisement et de réconciliation par une célébration de purification et de repentance sur toute l’étendue du territoire », un certain Major KOULOUM, bourreau notoirement connu des Togolais, se faisait décorer par le Chef de l’Etat ?
Même s’il est vrai que les recommandations de la CVJR ont prévu cet accompagnement des Hommes de Dieu, il est tout autant vrai que les mêmes recommandations appellent à la justice, à l’arrêt de l’impunité. Nous estimons que ces deux étapes sont des préalables à toute véritable réparation, digne et honnête, conduisant à une réelle réconciliation. En acceptant d’accompagner une quelconque indemnisation sans justice, sans identification ni demande de pardon des bourreaux, nous nous permettons de relever le manque de rigueur dans la tenue circonstancielle des prélats.
Nous notons tout de même avec satisfaction, le contenu du courrier épiscopal datant du 27 avril 2017, dans le cadre de la célébration du 57ème anniversaire d’indépendance du Togo, courrier dans lequel les Évêques du Togo ont peint un tableau exhaustif malheureusement de couleur noir qui retrace les tristes réalités que vivent les populations togolaises.
« Il est véritablement choquant de constater que dans un Etat les biens soient accaparés par quelques riches qui deviennent davantage riches au détriment des plus pauvres qui deviennent davantage pauvres : il ne s’agit ni plus ni moins que d’une inversion de la fonction politique elle-même. Le scandale n’est pas qu’il y ait des riches et des pauvres ; le scandale est dans le fait que les institutions qui doivent instaurer un minimum d’équilibre se murent dans l’indifférence ou choisissent un camp, celui des riches, paradoxalement, et s’y cantonnent » ont-ils écrit.
Au-delà de cette satisfaction manifeste, nous demandons à l’Onéreuse des Évêques du Togo de joindre des actes précis à leurs lettres, en allant par exemple parler de vive voix à qui de droit afin que les énergies soient vraiment libérées comme l’a laissé entendre, Faure Gnassingbé dans son discours tardif du 27 avril dernier.
A l’instar de leurs frères de la République Démocratique du Congo, nous invitons donc avec humilité, nos évêques à oser dire NON, à manifester leurs désaccords quand la nécessité advient. Les évêques congolais n’ont pas hésité à interpeller directement Joseph Kabila quand ils avaient estimé que celui-ci faisait du dilatoire. Mieux, ils ont dénoncé la nomination du nouveau premier ministre car, selon eux, cette nomination ne respectait pas les dispositions de l’accord politique issu d’un dialogue national inclusif.
Manifester un désaccord à l’égard de l’attitude post-lettre pastorale des évêques togolais ne saurait être interprété comme un affront, une diffamation ou encore un manque de reconnaissance à leur égard. Nous sommes dans un débat républicain et aucun dire, aucun acte, quelque soit l’auteur, ne saurait être pris comme une « vérité révélée ».
Eu égard à tout ce qui précède, nous affirmons que le Togo est très loin de tout processus d’apaisement, et encore moins de réconciliation. Nous ne pourrons célébrer une purification et une repentance quand il n’y a pas de « repenti ». Nous exhortons les évêques à exiger des dirigeants, au nom de la légitimité que leur statut d’arbitres et, de facto, de partie prenante de la CVJR et d’autres dialogues nationaux leur confèrent, la réalisation des préalables évidents avant tout accompagnement du processus de réparation. Ce n’est que pur bon sens et, surtout, le témoignage du respect que méritent les victimes et leurs familles.
Fait en Suisse, le 09 mai 2017
La Coordination des Mouvements et Associations de la Diaspora
1- Causse Commune au Canada
2- GFSAen Suisse
3- Patriotes Togolais aux USA
4- GSPT aux USA
5-USDCT aux USA