(Société Civile Médias) – Il ne s’agit ni d’encourager la pratique, ni de faire la promotion de l’avortement. Alors que 97% des avortements non sécurisés ou clandestins ont lieu dans les pays en développement, avec un fort taux de morbidité, l’association FEDIA (Familles Engagées pour le Développement Inclusif en Afrique) alerte sur les dangers liés à sa pénalisation. Une situation à l’origine de la prolifération, au Togo, d’avortements clandestins et dangereux. Dans le cadre des 16 Jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et de la Journée internationale des droits de l’homme, l’organisation mobilise l’opinion pour la légalisation de cette pratique au Togo.
Légalisé au Bénin et dans quatre autres pays africains à savoir la Tunisie (depuis 1973), l’Afrique du Sud et le Cap-Vert (en 1997), et le Mozambique en 2014, l’interdiction d’avorter reste la norme au Togo et constitue une violation des droits humains.

Selon la Loi N°2007-005 du 10 janvier 2007 sur la santé de la reproduction, l’avortement n’est autorisé que dans des cas très précis : lorsque la grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste, ou encore en cas de malformation grave du fœtus. En dehors de ces exceptions, la pratique est punie d’une peine de prison allant d’un à cinq ans, ainsi que d’une amende pouvant atteindre jusqu’à 1 500 000 FCFA.
Pour l’association FEDIA, cette pénalisation contribue à la prolifération des avortements clandestins et dangereux qui mettent en péril la vie de beaucoup de femmes.
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« Dans nos actions de sensibilisation, nous avons remarqué qu’il y a de plus en plus de témoignages qui portent sur des cas de jeunes filles décédées suite à des avortements clandestins et non sécurisés. Nous avons également remarqué que beaucoup de femmes ne sont pas au courant du fait que dans certains cas comme le viol ou l’inceste, elles sont autorisées à interrompre leur grossesse. C’est sur la base de ces constats que nous avons estimé nécessaire de sensibiliser les femmes et jeunes filles sur l’avortement sécurisée », indique Pialo PADAYODI, présidente de l’association FEDIA.
Il faut rappeler que l’avortement est dit sécurisé lorsqu’il est pratiqué selon une méthode recommandée par l’OMS, adaptée à la durée de la grossesse, et par une personne possédant les compétences nécessaires. Tout le contraire de l’avortement à risque qui enlève la vie à beaucoup de jeunes filles au Togo. Pour l’association FEDIA, la dépénalisation de l’avortement est un enjeu urgent, tant en termes de santé publique que de droits humains.

« Nous ne sommes pas en train de promouvoir l’avortement. Nous voulons juste qu’on laisse à la femme ou à la jeune fille la possibilité de décider de ce qu’elle veut faire de son corps, de choisir si elle veut garder sa grossesse ou pas, dans le respect de sa dignité et de sa santé », fait savoirTem NABROULABA, Coordonnatrice de l’association ‘Mère du développement’ et membre de CLUDAT, un collectif d’associations qui luttent pour l’avortement sécurisé.
FEDIA mobilise l’opinion pour la dépénalisation de l’avortement
Le 14 décembre, l’association FEDIA a organisé une marche blanche suivie d’une action de plaidoyer pour sensibiliser le public et les médias sur les enjeux liés à la dépénalisation de l’avortement au Togo. Initiée grâce au soutien financier de HET ACTIEFONDS, cette initiative vise dans un premier temps à informer la population des conséquences dramatiques de la pénalisation de l’avortement, en particulier sur la santé des femmes et sur le développement socio-économique du pays et dans un second temps dénoncé le cadre légal actuel qui, par sa répression, force des milliers de femmes à recourir à des avortements clandestins, mettant ainsi leur vie en danger et perpétuant un cycle de pauvreté et d’injustice.

C’est donc logiquement qu’elle a appelé les décideurs politiques à réviser la loi N°2007-005 du 10 janvier 2007 afin de dépénaliser l’avortement et à prendre des mesures pour aligner la législation togolaise sur les normes internationales en matière de droits reproductifs.
« L’état togolais doit respecter le principe de la laïcité et de la neutralité. De ce fait les lois doivent être neutres et non influencées par des croyances religieuses. Restreindre l’interruption volontaire de grossesse constitue une discrimination fondée sur le genre », a souligné la directrice exécutive de FEDIA.


Enfin, FEDIA invite les organisations de la société civile et les mouvements féministes à rejoindre cette cause, en intensifiant la pression sur les autorités publiques pour faire aboutir cette réforme législative nécessaire.