(Société Civile Médias) – Considérée comme un problème de santé publique majeur, la malnutrition aiguë sévère engendre des conséquences profondes et durables sur le développement tant mental que physique de l’enfant. Ce fléau représente ainsi une urgence impérieuse et un défi crucial pour le progrès social et sanitaire, nécessitant une réponse concertée et déterminée pour en atténuer l’impact. Au Togo, le gouvernement, soutenu par l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance), intensifie ses efforts pour lutter contre la malnutrition chronique et en atténuer les effets dévastateurs.
La malnutrition aiguë est définie comme une forme de dénutrition causée par une diminution de la consommation alimentaire ou une maladie qui entraîne une perte de poids soudaine ou un œdème. Selon l’UNICEF, les enfants souffrant de malnutrition aiguë ont un faible rapport poids/taille. Ils peuvent également présenter des œdèmes nutritionnels et d’autres signes cliniques pathologiques associés.

Au CHU Sylvanus Olympio, principal établissement hospitalier public de Lomé, capitale du Togo, les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère reçoivent des soins au sein de l’Unité de récupération nutritionnelle, rattachée au service de pédiatrie. Elle prend principalement en charge des enfants âgés de 0 à 5 ans.
La docteure Ayoko EPHOEVI-GA, responsable de cette unité, évoque les deux formes de malnutrition dont ces enfants sont fréquemment victimes.
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« Lorsqu’on examine un enfant malnutri, il devient manifeste qu’un trouble grave est en jeu. La malnutrition se présente sous deux formes distinctes. Dans le cas du marasme, l’enfant apparaît excessivement émacié. On parle fréquemment d’hématation, car il est notablement plus petit, dépourvu de masse musculaire et graisseuse, ne laissant apparaître que la peau sur les os. Il suffit de l’observer pour percevoir l’ampleur du problème. La seconde forme de malnutrition, communément désignée sous le terme de Kwashiorkor, se caractérise par la présence d’un œdème, témoignant d’un autre type de déséquilibre nutritionnel », explique-t-elle.
Selon l’UNICEF, de manière générale, le faible accès aux soins de santé et à l’eau potable, le manque d’hygiène, les pratiques alimentaires inappropriées surtout pour les nourrissons, les enfants et les femmes, ainsi que l’insécurité alimentaire représentent les principales causes structurelles de la malnutrition aiguë sévère, comme le souligne la docteure EPHOEVI-GA.

« Le phénomène résulte avant tout d’une alimentation insuffisante de l’enfant, ce qui implique que les parents ne lui fournissent pas les nutriments nécessaires, tant en quantité qu’en qualité. Un enfant frappé par toute forme de maladie devient automatiquement vulnérable à la malnutrition aiguë sévère. Ainsi, des affections telles que la rougeole, le paludisme ou diverses infections exposent particulièrement l’enfant à ce risque. De surcroît, cette malnutrition peut également découler du fait que certaines mères ne disposent pas d’un apport suffisant de lait maternel pour nourrir adéquatement leurs enfants jusqu’à six mois, avant d’introduire les aliments complémentaires ».
Une étude relayée par l’UNICEF indique que l’allaitement maternel dès la naissance, qualifié d’optimal, permet d’empêcher la mort de 1,4 million d’enfants de moins de cinq ans dans les pays en développement et de réduire les infections respiratoires et les diarrhées chez le nourrisson grâce aux anticorps transmis par le lait maternel. L’allaitement exclusif (0 et 5 mois) et la poursuite de l’allaitement (6 et 23 mois) constituent donc une puissante ligne de défense contre les infections et la malnutrition.

Le gouvernement en action avec l’appui de l’UNICEF
Face à la problématique de la malnutrition aiguë sévère, le gouvernement togolais, en collaboration avec ses partenaires, intensifie ses efforts afin de lutter contre ce fléau. A l’unité de récupération nutritionnelle de la pédiatrie du CHU Sylvanus, l’appui de l’UNICEF permet de lutter efficacement contre le mal.
D’après Dr Koffi Mawusé GUEDENON, Chef du Service de Pédiatrie au CHU Sylvanus Olympio, ce soutien se manifeste sous diverses formes.
« L’UNICEF met à notre disposition des aliments thérapeutiques que nous employons dans le traitement des enfants dénutris. À titre d’exemple, deux types de lait sont fournis : le premier a pour objectif de stabiliser les enfants nouvellement admis à l’hôpital en raison de la malnutrition, tandis que le second favorise une prise de poids plus importante chez l’enfant », explique Dr GUEDENON.
Il convient de souligner que ces laits thérapeutiques sont fournis gratuitement aux enfants malades, contribuant ainsi à diminuer les frais associés à leur hospitalisation.

Outre le lait, l’UNICEF offre également à l’Unité des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, notamment une pâte d’arachide enrichie dont l’utilisation contribue à améliorer l’état nutritionnel des enfants gravement malnutris.
Par ailleurs, l’organisme onusien équipe l’unité de prise en charge des enfants malnutris en matériel tel que les pèse-bébés et les pèse-personnes. Ces outils adaptés permettent de mesurer avec précision le poids des enfants et ainsi d’évaluer l’efficacité des traitements administrés.
L’UNICEF intervient également dans la formation du personnel soignant en charge des enfants malnutris. Ces derniers ont ainsi été formés au concept de l’Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (ANJE). D’après des études relayées par l’UNICEF, la préservation, et même l’amélioration des pratiques ANJE chez les enfants de 0 à 23 mois joue un rôle déterminant dans l’optimisation de leur nutrition, de leur santé et de leur développement, tout en réduisant considérablement la morbidité et la mortalité infantile. Selon le Dr GUEDENON, ce concept mérite d’être largement diffusé et adopté.
Ces dernières années, le gouvernement togolais, avec l’appui de l’UNICEF (entre autres), a renforcé leur action en faveur de la prévention de la malnutrition chronique. Ainsi donc, de 2017 à 2022, le pourcentage d’enfants âgés de 0 à 59 mois en retard de croissance a légèrement diminué de 29,6% à 28,1% dans la région des Savanes et de 28,2% à 27,2% dans la région de la Kara grâce notamment aux diverses interventions nutritionnelles mises en oeuvre.
Par ailleurs, de 2019 à 2022, plus de 90% des enfants de 6 à 59 mois ciblés ont été supplémentés en vitamine A chaque année, principalement à travers des journées de santé de l’enfant.