Justice économique pour les femmes rurales : Comment WiLDAF-Bénin met en œuvre le projet JEFRAO

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(Société Civile Médias) – Mis en œuvre depuis son lancement en mai 2023, le projet « Justice économique pour les femmes rurales en Afrique de l’Ouest » (JEFRAO), porté par Women in Law and Development in Africa – Afrique de l’Ouest (WiLDAF-AO), œuvre en faveur d’une justice économique accrue pour les femmes du secteur agricole en Afrique de l’Ouest. Au Bénin, où il est déployé, cette initiative a produit des impacts significatifs et a généré des résultats positifs, lesquels ont été présentés aux acteurs du projet lors d’une rencontre d’échange d’expériences organisée à Lomé les 24 et 25 février 2025. Cet atelier a été une occasion privilégiée de partager les avancées et de renforcer la collaboration entre les différents acteurs du projet.

Le projet « Justice économique pour les femmes rurales en Afrique de l’Ouest », il faut le rappeler, est né du constat que, malgré les avancées théoriques enregistrées dans les politiques régionales et nationales, les agricultrices continuent de faire face à des inégalités et des discriminations persistantes. Ces injustices soulèvent des interrogations quant à l’existence d’une véritable justice économique pour ces femmes, dont les droits et les conditions de vie demeurent souvent marginalisés dans les pratiques.

Ici, avec Brigitte ADJAMAGBO-JOHNSON (à gauche), Coordonnatrice sous régional WiLDAF-AO, lors de l’atelier

En effet, selon WiLDAF-AO, l’accès aux ressources productives et le contrôle de celles-ci demeurent préoccupants et insuffisants pour les femmes rurales. Celles-ci bénéficient par ailleurs d’un accès limité au crédit. Afin de contourner ces difficultés, elles ont recours à des solutions informelles telles que les Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC), bien que ces dernières ne permettent qu’un accès restreint au crédit.

Financé par le Fonds Africain pour le Développement de la Femme (AWDF), le projet «Justice Economique pour les Femmes en milieu Rural en Afrique de l’Ouest » entend contribuer à une plus grande justice économique pour les femmes agricultrices et membres des groupements AVEC en Afrique de l’Ouest.

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Des avancées enregistrées

Le projet est mis en œuvre en collaboration avec CARE, les structures WiLDAF nationales au Bénin et au Ghana, ainsi que les groupes de femmes agricultrices et les Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC) du Ghana et du Bénin. Dans ce dernier pays, l’initiative a été particulièrement bien accueillie, car les femmes rurales y rencontrent de nombreuses difficultés pour accéder aux ressources financières.

« Il existe des normes traditionnelles et culturelles qui ne sont pas véritablement favorables aux femmes. En effet, pour les hommes, voir leur femme s’autonomiser constitue une menace. Ils estiment qu’une femme ayant accès à des ressources devient arrogante et perd le respect qu’elle doit à son mari. De plus, les institutions financières qui accordent des crédits manquent de confiance envers les femmes, car selon nos traditions, celles-ci sont souvent reléguées au second plan. On ne leur accorde pas de confiance et l’on pense qu’elles ne rembourseraient pas les crédits qui leur seraient octroyés », déplore Scholastique Olowolagba  ASSOGBA, Chargée de programme à WiLDAF Bénin.

Scholastique Olowolagba  ASSOGBA, Chargée de programme WiLDAF Bénin

Dans cette même perspective, Mme ASSOGBA a également souligné que les crédits disponibles dans les portefeuilles des institutions financières ne tiennent pas compte des besoins spécifiques des femmes. Par exemple, les femmes, qui sont souvent agricultrices, se retrouvent confrontées à des conditions de remboursement qui ne prennent pas en considération leurs activités. Lorsqu’elles doivent rembourser, on ne prend pas en compte les périodes de récolte ou de vente de leurs cultures, des étapes essentielles avant de pouvoir commencer à rembourser.

Toutefois, grâce au projet « Justice économique pour les femmes en milieu rural en Afrique de l’Ouest », qui a atteint plus de 68 % de sa réalisation, de nombreuses actions ont été entreprises par WiLDAF Bénin pour améliorer la situation des femmes rurales, comme le précise sa Chargée de programme.

« Dans le cadre de ce projet, nous avons mené des activités de plaidoyer. Ces actions ont permis d’engager des visites auprès des décideurs étatiques ainsi que des responsables des structures décentralisées financières, afin de plaider en faveur d’un meilleur accès des femmes agricultrices et des membres des groupements AVEC aux ressources financières. Nous avons obtenu de nombreuses promesses à cet égard », a-t-elle ajouté.

Ici, lors des travaux de groupe

La mobilisation des femmes a constitué un élément déterminant du succès de l’initiative au Bénin. Forte de ses 25 années d’expérience, WiLDAF-Bénin a su adopter le discours adéquat pour rassembler des femmes dynamiques ainsi que des leaders locales autour du projet, facilitant ainsi la réalisation de ses activités. Des leaders, avec lesquels l’organisation collaborait depuis un certain temps, ont également été associés à l’initiative et ont apporté leur soutien à WiLDAF-Bénin dans la mise en œuvre du projet.

« Le projet a pris en compte les besoins réels des femmes, et c’est ce qui nous a permis de réussir nos activités. C’est également ce qui a suscité l’engagement et la motivation des femmes, car elles savent que nous sommes là pour les aider à accéder aux ressources nécessaires à leur véritable autonomisation », a-t-elle précisé.

Photo de famille à l’ouverture de l’atelier de Lomé.

Echange d’expérience

Conformément aux activités prévues par le projet, les partenaires de mise en œuvre se sont réunis à Lomé les 24 et 25 février 2025 au cours d’une rencontre d’échanges. Occasion pour eux de partager les bonnes pratiques et les expériences vécues dans la mise en œuvre du projet dans chaque pays et d’aborder les stratégies pouvant permettre d’amorcer la pérennisation des impacts.

Par ailleurs, la synergie des actions pays a été renforcée en vue d’une plus grande efficacité et visibilité des activités. Aussi, les participants ont établi et validé la planification des activités à faire durant les quatre mois restants (mars à juin 2025) pour la mise en œuvre du projet.