Togo / VBG : Témoignages, interventions, engagement… Retour sur les moments forts du débat public WOMAN IMPACT

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(Société Civile Médias) – Le 20 février dernier, plus de 1 500 participants se sont réunis à Kara pour débattre des violences basées sur le genre lors de l’événement WOMAN IMPACT. Axé sur le thème “Masculinité positive et engagement de la jeunesse : unissons-nous pour éradiquer les violences basées sur le genre”, ce rassemblement a été marqué par des témoignages poignants, des interventions d’experts et un appel vibrant à la mobilisation collective. Retour sur les moments clés de cette journée, véritable tremplin pour un changement de mentalité et une action renforcée contre ce fléau social.

Les violences basées sur le genre demeurent un fléau social d’une ampleur inouïe, affectant des millions de femmes et de filles à travers le monde. En dépit des avancées réalisées dans la lutte pour les droits humains, ces violences persistent sous diverses formes et portent des atteintes profondes aux victimes, tant sur les plans physiques, psychologiques, sociaux qu’économiques.

Conscientes de l’urgence d’agir, l’organisation IYAWO et l’Ambassade de France ont uni leurs efforts pour orchestrer l’initiative WOMAN IMPACT KARA – STOP AUX VIOLENCES POUR ELLES AVEC VOUS. Ce programme avait pour vocation de sensibiliser, d’éduquer et de mobiliser l’ensemble de la société, en particulier la jeunesse, dans la lutte contre les violences basées sur le genre, en insistant sur la responsabilité collective. Cette collaboration fructueuse a permis, au fil des mois, de mettre en place une série d’initiatives novatrices telles que des campagnes de sensibilisation digitale, des ateliers de formation à l’attention des journalistes, artistes et créateurs de contenu, ainsi que des rencontres intergénérationnelles entre experts, organisations de la société civile et institutions gouvernementales. Ces actions avaient pour objectif de briser le silence et de déconstruire les normes discriminatoires qui nourrissent ces violences.

L’ouverture de l’événement : un témoignage bouleversant d’une survivante

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L’événement s’est ouvert sur un témoignage poignant de Madame Senouvo, entrepreneure et troisième dauphine de Miss Togo 2023. Son récit bouleversant des violences qu’elle a subies durant son enfance a profondément marqué l’assemblée. Elle a relaté son expérience de jeune fille abusée par son oncle, un traumatisme qui a laissé des séquelles psychologiques durables. Néanmoins, malgré les souffrances endurées, Madame Senouvo a trouvé en elle la force de se reconstruire grâce à un accompagnement psychologique, et elle est aujourd’hui une femme leader et entrepreneure reconnue. Son témoignage a mis en lumière l’importance cruciale de la prise en charge des victimes, ainsi que l’impact fondamental de l’accompagnement dans leur réinsertion sociale.

Des interventions marquantes et un appel à l’action collective

Les interventions suivantes ont renforcé l’idée que la mobilisation collective est essentielle pour combattre les violences basées sur le genre. Madame Awate Alimata Massamasso, Conseillère municipale de Kozah 1, a souligné la nécessité d’une approche inclusive afin de promouvoir l’autonomisation des femmes et des filles, en insistant sur l’importance du dialogue avec les parents, les éducateurs et les autorités locales.

Le représentant du Maire de Kozah 1, Monsieur Tata Padabo, a salué cette initiative et la mobilisation des acteurs locaux, félicitant l’implication de l’Ambassade de France et des ministères partenaires.

Le discours d’ouverture a été prononcé par Madame Elisabeth Apampa, journaliste, militante féministe et présidente d’IYAWO. Dans son intervention, elle a interpellé l’assistance sur la responsabilité collective dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Elle a rappelé que ces violences ne touchent pas seulement les femmes, mais aussi les hommes, souvent contraints de souffrir en silence. Le poids des normes sociales et culturelles entrave bien souvent leur capacité à dénoncer les violences qu’ils subissent. Elle a également mis en avant des chiffres alarmants : une femme sur trois dans le monde est victime de violences physiques ou sexuelles, et près de 40% des femmes togolaises sont exposées aux violences basées sur le genre, bien que seules quelques-unes osent porter plainte. La présidente a appelé à une éducation à l’égalité et au respect dès le plus jeune âge et à une sensibilisation accrue des communautés.

Nous saluons le soutien des ministères partenaires ainsi que de nombreuses organisations de la société civile, telles que le Ministère de l’Action Sociale, de la Solidarité et de la Promotion de la Femme, le Ministère des Droits de l’Homme et de la Formation à la Citoyenneté, le Conseil de Dialogue et de Partenariat Togo-France, ainsi que les autorités locales, qui ont joué un rôle déterminant dans cette initiative.

La conférence inaugurale : vers un changement de mentalité

Johaness Makouvia, Président international des ONG MJPP et RIJEFPP, a ouvert la conférence inaugurale en appelant à la culture de la paix et en soulignant que la masculinité positive pouvait être un levier puissant dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Il a insisté sur la nécessité d’un changement collectif de mentalité afin que les hommes deviennent des alliés actifs dans la quête d’une société plus égalitaire. L’ONG MJPP a d’ailleurs été l’un des partenaires de IYAWO pour ce débat public à Kara.

Les panels : des échanges d’experts sur les solutions à apporter

Panel 1 – Engagement des Institutions et des Leaders : vers des politiques efficaces et durables

Le premier panel a réuni des personnalités telles que le premier adjoint au maire de Kozah 1, le Juge AMENOUDO Komi Joseph du Ministère de la Justice et de la Législation, ainsi que l’Ambassadeur Johaness Makouvia. Modéré par Monsieur Polonga Pyabalo, ce panel a abordé les défis institutionnels liés aux violences basées sur le genre et les politiques nécessaires pour les combattre efficacement. Il a été question de la mise en œuvre des lois existantes, de la répression des violences, ainsi que du rôle fondamental de l’éducation, tant à l’école qu’au sein de la famille. Les intervenants ont également insisté sur l’importance de la sensibilisation, de l’autonomisation des femmes et de l’amélioration des mécanismes d’accueil des victimes, notamment au niveau local.

Panel 2 – Les violences basées sur le genre : briser le silence et agir ensemble

Ce panel, animé par des figures telles que Mme Vanessa Débi, entrepreneure, Mme Elisabeth Apampa, Présidente d’IYAWO, et Mme Awaté Alimata, Conseillère municipale et Présidente de la Commission des Affaires Sociales et Culturelles de Kozah 1, a mis en lumière les diverses formes de violences : physiques, verbales, économiques, conjugales et sexuelles. La discussion a souligné la nécessité de briser le silence autour de ces violences et d’agir ensemble pour protéger les victimes tout en responsabilisant les citoyens. Les échanges ont également porté sur les actions concrètes que les pouvoirs publics et la société civile peuvent entreprendre pour réduire ces violences.

Panel 3 – Masculinité positive et l’implication des hommes dans la lutte contre les violences basées sur le genre

Dans ce panel, l’accent a été mis sur le rôle crucial des hommes dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Des interventions ont montré comment la promotion d’une masculinité positive peut transformer les mentalités et remettre en cause les normes patriarcales qui perpétuent les violences. Les participants ont échangé sur les stratégies permettant d’impliquer les hommes dans cette lutte, notamment à travers des campagnes de sensibilisation et de formation adaptées.

Panel 4 – L’engagement des jeunes : acteurs de changement pour un avenir sans violence

Le dernier panel a réuni des jeunes leaders et activistes pour discuter du rôle de la jeunesse dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Des initiatives visant à encourager l’engagement des jeunes, notamment dans les zones rurales, ont été mises en avant. Les discussions ont également porté sur les outils de mobilisation, tels que les réseaux sociaux et les plateformes numériques, pour sensibiliser et créer des mouvements d’opinion en faveur de l’égalité des sexes et de la fin des violences.

Un appel à l’action collective

WOMAN IMPACT KARA a constitué un moment fort de sensibilisation, d’échange et d’engagement, surtout pour les jeunes et les leaders. Cette initiative a permis de renforcer la mobilisation contre les violences basées sur le genre et a rappelé à chacun qu’il est impératif de briser le silence, de soutenir les victimes et de travailler ensemble pour une société plus juste et plus sûre pour tous.

Les perspectives pour l’avenir sont claires : il convient de continuer à mobiliser, à éduquer et à œuvrer pour un changement profond des mentalités, afin de garantir des droits égaux et une sécurité pour tous et toutes.