Togo / Orpaillage : structurer le sous-secteur grâce aux fédérations syndicales et coopératives

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(Société Civile Médias) – Le secteur minier au Togo, bien qu’essentiel pour l’économie nationale, demeure l’un des plus vulnérables en termes de conditions de travail, de structuration et de représentativité des travailleurs. Entre exploitation artisanale et exploitation industrielle, les défis sont multiples et systémiques : informalité généralisée, faiblesse des mécanismes de protection sociale, exploitation économique, et obstacles juridiques à l’organisation collective. Ce constat est particulièrement alarmant dans l’orpaillage, un sous-secteur où l’absence de structuration expose des milliers de travailleurs (hommes, femmes et jeunes) à des conditions de vie précaires et dangereuses.

Porté par Sydemine (Syndicat démocratique des mines), le Programme d’appui a l’amélioration des conditions de travail et de vie dans les mines au Togo travaille à réorganiser ce sous-secteur clé. C’est dans ce cadre que s’est tenu le 17 mai dernier un atelier de sensibilisation des responsables syndicaux des mines et des orpailleurs sur l’importance des fédérations syndicales et des coopératives.

Organisé en collaboration avec l’ONG SADD (Solidarité et Action pour le Développement Durable) et avec le soutien technique et financier du réseau We Social Movements (WSM), basé en Belgique, la rencontre, qui a réuni 22 participants issus de plusieurs localités minières du pays, visait à sensibiliser les responsables syndicaux des mines et les orpailleurs sur l’importance des coopératives et des fédérations syndicales comme outils de transformation sociale et économique du secteur.

Coopératives et fédérations syndicales, pourquoi ?

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Au cours de l’atelier, les coopératives, encore méconnues ou mal perçues par de nombreux orpailleurs, ont été présentées comme des entités juridiques viables et inclusives, capables de faciliter l’accès aux financements, de mutualiser les risques et de renforcer le pouvoir de négociation des travailleurs. À travers des études de cas locales et des outils pédagogiques adaptés, les participants ont été guidés sur les étapes concrètes de création d’une coopérative, de la structuration interne jusqu’à l’enregistrement légal.

La dimension collective de ces structures a été largement soulignée : mutualisation des équipements, accès à des formations techniques, achat groupé de matériaux, meilleure gestion des ressources… autant de bénéfices concrets susceptibles d’améliorer les conditions de travail et de faire sortir les orpailleurs de l’informalité.

En parallèle, l’atelier a mis en lumière le rôle essentiel des fédérations syndicales, notamment dans un contexte où les syndicats de base peinent à se faire entendre. Ces structures supra-syndicales permettent de centraliser les revendications, de défendre les intérêts des travailleurs à l’échelle nationale, et de mener des actions de plaidoyer structurées auprès des institutions publiques et partenaires techniques.

Aussi, l’existence des fédérations syndicales offre aussi une légitimité renforcée dans le dialogue social et constitue une réponse concrète à la crise de représentativité que traverse le secteur minier.

Pour Kodjovi Sedonou, Coordonnateur Technique du Projet Mines Togo, cet atelier marque un tournant.

“Nous devons absolument sortir les orpailleurs de l’isolement. La structuration à travers les coopératives et les fédérations n’est pas un luxe, c’est une nécessité pour leur survie économique et sociale. Sans organisation collective, il ne peut y avoir ni progrès ni justice dans les mines.”

Au-delà des apports théoriques, cet atelier a débouché sur des engagements concrets: plusieurs groupes se sont engagés à initier des démarches de structuration dans les semaines à venir, avec l’accompagnement technique de SYDEMINES et de SADD.

Ce processus amorcé ambitionne d’aller plus loin : un réseau national de coopératives minières et de fédérations syndicales est en cours de réflexion, avec pour mission d’amplifier la voix des travailleurs miniers dans l’élaboration des politiques publiques, et de créer un écosystème minier inclusif, équitable et durable.