Togo : des ODDH renforcent leurs capacités d’analyse et de cartographie des violations des droits humains

4 min : Temps de lecture

(Société Civile Médias) – Dans un contexte marqué par une restriction accrue des libertés fondamentales et une dégradation des droits humains dans plusieurs pays en Afrique, il apparaît essentiel pour les organisations œuvrant à la défense des droits humains de consolider leurs compétences en matière de recensement et d’analyse des violations de ces droits. C’est dans cette perspective que le Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT) a entrepris l’organisation, à Lomé, d’un atelier de simulation portant sur l’Intervention Civile de Paix. Décliné en deux sessions, les 23 et 30 mai derniers, cet atelier a permis de former vingt-cinq défenseurs des droits humains à la collecte, à l’analyse et au traitement des données relatives aux atteintes aux droits humains et aux questions de sécurité.

Par le biais de cette formation, le CACIT visait à renforcer les compétences des défenseurs des droits de l’Homme afin de leur permettre une compréhension plus fine et un usage pertinent des données disponibles dans leur environnement.

En effet, à l’ère du numérique et des données, le besoin de comprendre, traiter et analyser les quantités de données disponibles répond à un impératif d’efficience pour les organisations de la société civile. Afin de documenter et d’analyser avec pertinence les violations des droits humains, les membres des organisations de la société civile doivent être en mesure de maîtriser les outils d’analyse, de collecte et de traitement des données.

« Ce travail est essentiel pour quantifier et évaluer l’état des droits humains dans un pays. Pour les organisations évoluant sur le terrain et effectuant des activités de monitoring des situations de violations de droits humains, ce travail est nécessaire », indique Ghislain Koffi NYAKU, Directeur exécutif du CACIT.

- Advertisement -

À travers cette formation, l’organisation ambitionne de doter les acteurs de la protection des droits humains des compétences nécessaires pour documenter les violations constatées, puis pour les compiler de manière méthodique au sein de bases de données structurées, en vue de les analyser et de produire des rapports pertinents sur l’état des droits humains.

Une formation assurée par un expert de haut niveau

La formation a été assurée par Mayeul KAUFFMAN, Président de l’Institut de recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits (IRNC) et formateur au sein du Diplôme Universitaire en Intervention Civile de Paix (ICP) dispensé par l’Institut Catholique de Paris.

Elle s’est déroulée en plusieurs étapes méthodologiques visant à renforcer les compétences techniques des participants en matière de collecte, d’analyse et de visualisation des données relatives aux droits humains.

Dans un premier temps, chaque organisation participante a été invitée à présenter ses pratiques actuelles en matière de collecte et d’analyse des données. Cet échange a permis non seulement de partager les expériences, mais également d’identifier des pistes d’amélioration communes.

Les participants ont ensuite été initiés à l’utilisation de logiciels libres et professionnels, permettant une gestion plus efficiente et durable des données, sans les contraintes de licence associées à certains outils propriétaires. Les modules de formation ont ainsi couvert à la fois l’analyse de données tabulaires, à travers des outils comme LibreOffice Calc, et la gestion de bases de données plus complexes à l’aide de logiciels tels que SQLite, MySQL MariaDB ou PostgreSQL.

La dernière partie de la formation a été consacrée à l’analyse de la dimension spatiale des données, grâce à l’introduction aux systèmes d’information géographique (SIG).

« Les politiques et actions visant à défendre les droits des personnes doivent être différentes selon les lieux. Cela nécessite l’utilisation de systèmes d’information géographique. Grâce à cette approche, les participants ont pu mieux appréhender les enjeux liés à la localisation des violations des droits humains et à la pertinence des réponses à y apporter », précise le formateur.

Photo de famille lors d’une session.

À l’issue de ces deux sessions de formation, les 25 participants disposent désormais des compétences nécessaires pour manipuler efficacement une base de données, traiter l’information recueillie et en analyser les composantes essentielles en vue de dresser un état des lieux rigoureux de la situation des droits humains.

Au-delà de cet apprentissage technique, les participants sont appelés à mettre en œuvre, au sein de leurs organisations respectives, les méthodes acquises, afin de contribuer à la constitution d’une base de données fiable, structurée et évolutive sur les violations des droits humains au Togo.