Togo : Le projet FAME se dévoile aux OSC féministes et lance officiellement son premier appel à projet

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(Société Civile Médias) – Mis en œuvre dans 10 pays en Afrique de l’Ouest, Afrique du Nord, Asie du Sud et Amérique latine, le projet Féminisme, Actions et Mobilisation pour une Économie inclusive (FAME) entre dans sa phase concrète au Togo, un de ses pays d’intervention. Financée par l’Agence Française de Développement AFD) et portée par l’ONG GERES, l’initiative a été présentée aux organisations de la société civile togolaises féministes ou portées par des femmes, au cours d’une rencontre d’échanges organisée à Lomé, la capitale togolaise. Une rencontre qui a été pour l’équipe de pilotage du projet FAME l’occasion de lancer le premier appel à projet de cette initiative.

Table d’honneur avec les officiels lors de l’ouverture de l’atelier.

Une vingtaine d’ONG et associations, aussi bien de Lomé que de l’intérieur du pays, ont été conviées à cet atelier organisé le mercredi 16 octobre et qui a été pour l’équipe de pilotage du projet l’occasion d’échanger avec elles sur les tenants et les aboutissants de l’initiative.

Dans les détails, il s’agissait de présenter le projet dans sa globalité aux Organisations de la société civile invitées ; d’éclairer leur lanterne sur les avantages et la méthodologie d’approche du projet FAME, et de favoriser un cadre de communication pour sa meilleure compréhension.

Que savoir du projet FAME ?

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D’une durée de 4 ans (janvier 2024 – Décembre 2027), le projet FAME est un projet mené au sein d’un Consortium piloté par le GERES et constitué de CARE, WACSI en Afrique de l’Ouest (L’Institut de la Société Civile d’Afrique de l’Ouest), CONLACTRAHO en Amérique latine (Confederación Latinoamericana y del Caribe de Trabajadoras del Hogar) et SAWDF en Asie du Sud (South Asian Women Development Forum). Il intervient sur 4 continents et dans 10 pays à savoir le Bénin, la Guinée, le Togo, le Maroc, le Bangladesh, le Sri Lanka, le Pakistan, l’Equateur, la Bolivie et la République Dominicaine.

Financé à hauteur de 10 millions d’euros (environ 6 527 360 700 Fcfa) par l’Agence Française de Développement (AFD) dans le cadre du Fonds de Soutien aux Organisations Féministes (FSOF), le projet FAME a pour objectif principal de renforcer l’autonomisation économique et le pouvoir d’agir des femmes et OSC féministes des pays ciblés.

En effet, en raison de leur petite taille, la majorité des organisations de la société civile locale féministes ou portées par des femmes ne peuvent pas répondre aux exigences de conformité fixées par les bailleurs de fonds. Cet obstacle est d’autant plus important lorsque ces organisations sont gérées par des jeunes femmes ou des couches vulnérables.

Maë COAT, Cheffe de projet FAME.

« On entend énormément parler du genre, de l’égalité homme – femme et on a l’impression que maintenant, toutes les politiques et tous les projets prennent en compte cette thématique. Mais en regardant de plus près, seulement 1% des financements dédiés au genre et à l’égalité homme-femme vont aux associations féministes, ce qui est vraiment très faible. La conséquence est que ces associations bénéficient de ressources insuffisantes et ceci reflète également une autre inégalité liée au fait que quand vous êtes une association de femmes, vous avez moins de chance d’avoir des financements qu’une association généraliste ou une association masculine. On a donc décidé, à travers le projet FAME, de se focaliser sur les femmes et de leur donner des chances d’obtenir des financements pour mener leurs activités », explique Maë COAT, Cheffe de projet FAME.

Via cette initiative, il s’agit donc de renforcer durablement la capacité d’agir des OSC féministes togolaises pour assurer leur pérennité et l’efficacité de leurs actions. Le projet prévoit notamment un renforcement organisationnel et technique des OSC sur la base de leurs besoins, un accès facilité à des financements, et le développement d’un réseau féministe international pour encourager le partage de bonnes pratiques et un renforcement mutuel des OSC au-delà des frontières.

Lire aussi : Féminisme / Aurélie Gal-Régniez (Equipop) : « La mise en place du FSOF a constitué un tournant dans notre relation avec l’AFD »

Maë COAT présentant le projet aux ONG et associations présentes à l’atelier.

« Nous allons donner aux OSC féministes la chance d’avoir des financements et d’avoir un appui technique pour pouvoir mener leurs projets. Nous sommes conscients qu’avoir une société civile forte avec du renforcement de capacités et avec du leadership et la possibilité de se dédier entièrement aux activités est très important pour renforcer le pouvoir d’agir des femmes », indique Maë COAT.

Pour l’atteinte de ses objectifs, le projet a réalisé une cartographie de 150 ONG et associations féministes sur toute l’étendue du territoire togolais. Parmi elles, 20 ont été identifiées et invitées au lancement officiel du premier appel à projet de FAME.

Edi Afi KPOGAN-AMOUZOU, Consultante au Togo pour le projet FAME.

« Une fois que les formulaires d’appel à projet seront ventilés, il sera donné aux OSC un délai de deux mois pour renseigner ces formulaires et proposer leurs activités. Et celles qui  se rapprocheront le plus des critères de sélection seront identifiées pour bénéficier de financements et d’accompagnement afin de mettre en œuvre leurs activités durant un an. Après cette première phase de mise en œuvre, il y aura d’autres opportunités pour ventiler à nouveau d’autres appels à projet », fait savoir Edi Afi KPOGAN-AMOUZOU, Consultante au Togo pour le projet FAME.

Selon Maë COAT, la particularité du projet FAME réside dans le fait qu’il est assez ouvert en termes de thématique et même de dépense. L’initiative permettra aux OSC qui seront retenues de dire exactement ce dont elles ont besoin pour mener à bien leurs activités.

Une initiative saluée par les autorités

Présent à la cérémonie d’ouverture du lancement officiel de l’appel à projet du projet FAME, Bernard Lébéné DJAGBAVI, Secrétaire Général de la préfecture du Golfe, représentant le préfet, n’a pas manqué de féliciter ses initiateurs.

D’après M. DJAGBAVI, le projet FAME vient à point nommé pour renforcer les actions du gouvernement togolais en faveur des couches vulnérables délaissées par les banques classiques.

Le Secrétaire général de la préfecture du Golfe s’adressant aux associations.

« A travers ce projet, les initiateurs aspirent à créer un environnement qui valorise et soutient les femmes dans leur parcours professionnel en mettant en place des actions concrètes pour combattre les inégalités économiques basées sur le genre (…) L’autonomisation économique, sociale, psychologique et politique des femmes constitue un facteur de protection qui diminue le risque de violence à l’égard des femmes. La réalisation du présent projet permettra d’augmenter la confiance en soi des femmes et des filles et de renforcer leur sentiment d’efficacité personnel ainsi que leurs capacités d’affirmation de soi et de négociation. Elle permettra également de consolider les femmes sur le plan financier afin de réduire leur dépendance matérielle à l’égard des hommes ou d’autres membres de leur famille », s’est réjoui l’autorité préfectorale, avant de convier les OSC à travailler en synergie, dans un climat de paix et de confiance, d’entente et de respect mutuel pour l’atteinte des objectifs du projet FAME.

Les OSC féminines saluent le projet

Directrice exécutive de l’Association Vie Précieuse Togo (AVIP TOGO), une ONG féminine qui intervient, entre autres, dans l’autonomisation de la femme et de la jeune fille, Dina AKPOTO AGBEWANOU souligne l’importance du projet FAME pour les OSC féministes togolaises confrontées à de nombreux défis.

« Nous avons longtemps ressenti le besoin de soutien pour surmonter les obstacles financiers et techniques qui freinent notre capacité d’action. Ce projet représente une opportunité inédite pour nous. Avec des mécanismes de financement plus simples et flexibles, nous pouvons enfin mettre en œuvre des initiatives qui répondent réellement aux besoins des femmes et des communautés vulnérables. Nous sommes déterminées à faire entendre notre voix et à participer activement au développement de notre société à travers le projet FAME ».

Même son de cloche chez Essivi ACAKPO-ADDRA TSONYA, Directrice exécutive de WEP-TOGO (Women Environmental Programme – TOGO), une ONG œuvrant pour la mobilisation et l’implication des femmes et jeunes dans la gestion durable des ressources naturelles.

« Participer à cet atelier a été très inspirant. Le projet FAME s’inscrit parfaitement dans notre vision d’une économie féministe et inclusive. Il est impératif que les organisations dirigées par des femmes soient au cœur des décisions qui les concernent. Nous avons des idées et des solutions, mais souvent, nous manquons des ressources nécessaires pour les réaliser. Avec ce soutien, nous pouvons améliorer nos capacités et garantir que toutes les femmes, en particulier celles issues de milieux vulnérables, aient accès aux opportunités qu’elles méritent. Ce projet marque un tournant pour nous ».

Noé COURVALLET présentant l’ONG GERES.

A noter que l’atelier a également connu la présence de Raphael ACCART, Directeur GERES Afrique de l’Ouest et Noé COURVALLET, Représentant GERES Togo-Bénin.

Créé en 1976, le GERES est une ONG de développement qui œuvre en Europe, en Afrique et en Asie à l’amélioration des conditions de vie et qui lutte contre les changements climatiques et leurs impacts. La transition énergétique est un levier majeur de l’action du GERES. Elle vise à permettre l’accès de toutes et tous à des services énergétiques durables en valorisant les ressources locales et en promouvant une consommation énergétique responsable.

Photo de famille.