(Société Civile Médias) – Le projet Féminisme, Actions et Mobilisation pour une Économie inclusive (FAME) amorce sa mise en œuvre au Togo et entre dans sa phase opérationnelle. À la suite de l’appel à projets lancé en octobre 2024, 16 associations féministes ont été sélectionnées pour bénéficier d’un accompagnement financier et déployer leurs initiatives sur le terrain au cours des douze prochains mois. C’est dans cette dynamique qu’un atelier de lancement s’est tenu les 15 et 16 avril 2025 à Lomé, avec pour objectifs de mobiliser les parties prenantes, de partager les orientations du projet et de définir un cadre de collaboration structuré et efficace.
Porté par l’ONG GERES et financé à hauteur de 10 millions d’euros (soit environ 6 527 360 700 FCFA) par l’Agence Française de Développement (AFD), dans le cadre du Fonds de Soutien aux Organisations Féministes (FSOF), le projet FAME répond à un enjeu structurel majeur. Il est en effet né du constat que la majorité des organisations féministes ou dirigées par des femmes au sein de la société civile locale peinent à accéder aux financements internationaux, faute de pouvoir satisfaire aux exigences imposées par les bailleurs, en raison notamment de leur taille modeste et de capacités institutionnelles limitées.

À travers cette initiative, l’ambition est de renforcer durablement les capacités d’action des organisations de la société civile (OSC) féministes togolaises, afin de consolider leur pérennité et d’accroître l’impact de leurs interventions. Le projet prévoit donc, entre autres, un accompagnement organisationnel et technique adapté aux besoins spécifiques de chaque structure, un accès facilité aux financements, ainsi que la mise en place d’un réseau féministe international. Ce dernier vise à encourager le partage de bonnes pratiques, la solidarité transnationale et le renforcement mutuel entre OSC au-delà des frontières.
16 projets retenus à la suite de l’appel à projet
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Le 16 octobre 2024, le projet FAME a été officiellement présenté à la communauté associative togolaise à l’occasion du lancement de son tout premier appel à manifestation d’intérêt. À l’issue de cette initiative, 16 projets portés par autant d’organisations féministes et de femmes ont été sélectionnés en vue de bénéficier d’un appui financier.

« Les projets sélectionnés par le GERES se distinguent par leur diversité, couvrant notamment des domaines tels que l’agroalimentaire, le maraîchage, ou encore la fertilisation des sols à partir de biodigesteurs, entre autres. En somme, ils s’inscrivent dans des thématiques particulièrement pertinentes », souligne Edi Afi KPOGAN-AMOUZOU, consultante au Togo pour le projet FAME.
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Implantée à Sokodé, dans la région Centrale du Togo, l’association Yokoumi mettra en œuvre le projet intitulé « K-Biofera Togo » (Karité bio femmes rurales autonomes au Togo), dont l’objectif est de promouvoir l’autonomisation financière des femmes en milieu rural, en particulier dans la filière karité.
Selon Leoncia ADEDJE, responsable financière de l’association et assistante en charge du projet ainsi que de la qualité des produits, le projet prévoit la mise en place de trois pôles de collecte de noix de karité, mobilisant un total de 300 femmes collectrices, réparties en trois coopératives de 100 femmes chacune. Ces dernières seront dotées d’équipements appropriés leur permettant de traiter les noix de karité dans des conditions optimales, en vue de garantir une qualité homogène du produit final.

« Nous procéderons à la transformation des amandes issues des pôles de collecte en beurre de karité biologique. À cet effet, nous prévoyons l’installation d’un digesteur biologique, lequel contribuera à la réduction de notre empreinte carbone. Le biogaz ainsi produit sera utilisé à des fins culinaires ainsi que pour alimenter certains de nos moteurs actuellement fonctionnant au diesel. Cette alternative énergétique nous permettra de nous affranchir de l’usage du bois, participant ainsi activement à la préservation de l’environnement », explique Leoncia ADEDJE.
Pour sa part, L’ONG AIL (Appui aux Initiatives Locales), implantée à Kpalimé, à environ 120 kilomètres de Lomé, va mettre en œuvre le projet intitulé « Biogaz pour l’autonomisation des femmes agricultrices de Kloto ». Ce programme prévoit l’installation de deux biodigesteurs, répartis sur deux sites distincts. Ces dispositifs auront pour vocation de produire des engrais organiques, destinés à fertiliser les exploitations agricoles des femmes de la préfecture de Kloto.

« Nous utiliserons les biodigesteurs pour générer du biogaz, lequel alimentera des moto-pompes destinées à l’irrigation des champs. Le compost issu de ces installations servira à enrichir les sols, contribuant ainsi à une amélioration significative des rendements agricoles », précise Madame Essi Mansan Séna CHAKPLA, Directrice exécutive de l’ONG AIL.
Par ailleurs, le projet prévoit également, entre autres, la construction de réservoirs d’eau, qui permettront d’assurer l’arrosage des cultures en période de pénurie hydrique, notamment lorsque les cours d’eau avoisinants seront à sec.
Formées pour bien piloter leurs projets



Dans le but de faciliter la mise en œuvre des diverses initiatives portées par les organisations sélectionnées, le projet FAME a organisé, à leur intention, un atelier de formation les 15 et 16 avril 2025 à Lomé. Cette rencontre avait pour objectif de mobiliser les parties prenantes, de partager les objectifs du projet, et de poser les bases d’un cadre de collaboration à la fois structuré et efficace. Par ailleurs, l’atelier visait à définir les mécanismes de suivi et d’évaluation nécessaires à l’atteinte des résultats attendus.

Selon la consultante du projet FAME au Togo, cette session de formation a constitué une opportunité pour présenter aux OSC les canevas de rapports techniques et financiers, ainsi que le modèle de liste de présence. Elle a également permis de définir, en concertation avec elles, les indicateurs de suivi-évaluation propres à leurs projets, de leur exposer la charte de communication à respecter dans le cadre de leur mise en œuvre, et d’élaborer conjointement un plan de renforcement des capacités. Par ailleurs, la rencontre visait à encourager la collaboration et la mise en réseau entre les OSC, en vue de favoriser l’échange de bonnes pratiques et de renforcer la synergie d’action.


« À l’issue de cette formation, nous engagerons pleinement la phase de mise en œuvre des projets. Celle-ci fera l’objet d’un accompagnement rapproché assuré par l’équipe du GERES. Nous attendons de chaque organisation une mise en œuvre rigoureuse et efficiente des projets, en s’appuyant sur les outils mis à leur disposition. Notre souhait principal est que ces initiatives soient pérennes au-delà des douze mois d’exécution, afin qu’elles continuent à bénéficier durablement aux communautés », indique Edi Afi KPOGAN-AMOUZOU.
Il convient de souligner que les projets bénéficient de financements compris entre 4 et 20 millions de francs CFA, en fonction de leur envergure.

Les organisations dont les projets ont été sélectionnés sont réparties sur l’ensemble du territoire national, avec une concentration notable dans les régions des Plateaux et Maritime. Le projet FAME envisage, dans les années à venir, de porter une attention particulière aux régions situées dans la partie septentrionale du Togo.