Togo : Kotegnacre, le forage qui redonne le sourire !

Komi TOMEGAH
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(Société Civile Médias) – Avant 2017, les femmes de Kotegnacre, un quartier du village d’Assoulota (canton d’Ataloté, 570 km au nord de Lomé), étaient contraintes de consacrer une grande partie de leur journée à la quête de l’eau, parcourant des kilomètres pour satisfaire les besoins de leurs foyers. Cette corvée, source de fatigue et de stress, limitait considérablement leur capacité à s’adonner à d’autres tâches essentielles. Mais grâce à l’installation d’un forage par le gouvernement togolais avec l’appui de l’UNICEF, leur quotidien a connu une métamorphose.

A Kotegnacre, s’approvisionner en eau était un véritable parcours du combattant. Pour les femmes, à qui incombait généralement cette tâche, chaque journée débutait par de longues heures de marche sous le soleil brûlant en direction du fleuve Akpanda, un cours d’eau situé à la limite de la préfecture de Doufelgou.

Le forage de Kotegnacre

« Nous étions contraints de parcourir environ 10 kilomètres pour nous procurer de l’eau. J’accompagnais fréquemment les femmes afin de garantir leur sécurité. C’était une tâche extrêmement éprouvante », témoigne Michel AWOURKPEM, notable à Kotegnacre.

Cette corvée, qui semblait infinie, ne laissait guère à la communauté, principalement les femmes, du temps pour se consacrer à leurs propres activités, qu’il s’agisse de cultiver leurs champs, de vendre leurs produits ou de s’occuper de leur famille.

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Michel AWOURKPEM, notable à Kotegnacre

« Si le forage qui nous a été installé n’existait pas, qui se trouverait ici à cette heure ? Il est certain que les femmes seraient déjà parties pour chercher de l’eau, pour la troisième fois de la journée », ajoute M. AWOURKPEM, visiblement soulagé. « Le forage nous permet désormais de dégager du temps pour nous consacrer au commerce et à d’autres activités. Ce qui n’était pas possible auparavant », indique-t-il.

Par ailleurs, au-delà de l’allégement de la corvée d’eau pour les femmes, le forage a eu un impact favorable sur l’éducation des enfants de la localité. En effet, selon les témoignages de Yawa AWARKPEM, ménagère, de nombreuses filles n’ont pas pu fréquenter l’école ou ont abandonné leurs études en raison des corvées d’eau. La construction de cette infrastructure a ainsi permis à plusieurs d’entre elles de reprendre le chemin de l’école.

Yawa AWARKPEM, ménagère à Kotegnacre

Fruit de la collaboration entre le gouvernement togolais et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), le forage de Koutegnacre a été installé dans le cadre du projet « Construction de quatre forages hybrides dans le canton d’Atalotè ». Selon Mahiréséwa Azoti, directeur régional de l’eau et de l’assainissement, il se distingue par sa technologie innovante et hybride qui associe un système manuel à un système de pompe solaire, alimenté par des panneaux photovoltaïques. Durant la journée, l’énergie solaire permet de pomper l’eau dans un réservoir de 5 000 litres, assurant ainsi un approvisionnement constant. En cas de défaillance du système solaire, le mécanisme manuel entre en action, garantissant la continuité de l’approvisionnement en eau.

Au Togo, le taux d’accès à l’eau potable a connu une hausse significative, atteignant 69 % en 2023, contre 47,66 % en 2014, selon les dernières données publiées par le ministère de l’Eau et de l’Hydraulique villageoise le 2 juillet 2024.

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Mahiréséwa Azoti, directeur régional de l’eau et de l’assainissement

Selon ces données, en milieu rural, ce taux a progressé de 47,7 % en 2014 à 74,4 % en 2023, tandis qu’en milieu semi-urbain, il est passé de 42,6 % à 55,9 % sur la même période. En zone urbaine, le taux d’accès a également connu une augmentation, passant de 47,7 % à 69 %.

A noter qu’afin d’assurer une gestion optimale du forage de Kotegnacre, un comité de gestion, composé de cinq membres, a été mis en place. Par ailleurs, des artisans locaux ont bénéficié d’une formation spécifique, leur permettant d’intervenir efficacement en cas de panne, qu’elle soit d’ordre solaire ou mécanique.

De plus, trois autres villages ont également bénéficié de cette même infrastructure, grâce au soutien de l’UNICEF, dans le cadre du projet « Construction de quatre forages hybrides dans le canton d’Atalotè ».